Flottille pour Gaza : Lisbonne réclame aux quatre militants portugais arrêtés en Israël le remboursement de leur rapatriement

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Photo: Crédit photo PATRICIA DE MELO MOREIRA/AFP via Getty Images
Les quatre Portugais arrêtés en Israël après leur participation à la « Global Sumud Flotilla » devront rembourser l’intégralité des frais de leur retour vers Lisbonne. Une décision qui suscite la colère de la députée de gauche Mariana Mortágua et relance le débat sur la responsabilité de l’État à l’étranger.
Quelques jours après leur retour au Portugal, les quatre militants portugais ayant participé à la flottille internationale en soutien à Gaza ont reçu une facture inattendue. Le ministère des Affaires étrangères leur demande de rembourser les frais de leur rapatriement depuis Israël, pays où ils avaient été détenus, comme le relate Euronews. Selon les autorités, le paiement avait été avancé « pour des raisons logistiques pratiques ». On ignore quel montant exact les quatre rapatriés ont eu à rembourser.
Une députée de gauche indignée
Le ministère des Affaires étrangères a indiqué qu’à l’issue de la procédure de retour des quatre Portugais détenus en Israël, « les services consulaires ont envoyé une lettre avec le coût total du voyage ». Ce courrier contenait un formulaire de remboursement. Conformément au règlement consulaire, cette somme relève de la responsabilité de chaque individu.
Figure médiatique de la gauche portugaise, la députée du Bloc de gauche, Mariana Mortágua, se trouvait parmi les militants concernés, ses trois compatriotes étant Sofia Aparício, Miguel Duarte et Diogo Chaves.
La parlementaire n’a pas tardé à dénoncer publiquement la décision du gouvernement. « Le gouvernement a décidé d’imputer les frais à ceux qui apportaient une aide humanitaire contre le génocide », a-t-elle écrit sur X, martelant que « la destination était Gaza » et non pas « Israël, où nous avons été emmenés illégalement ». Et d’ajouter, dans un ton acerbe : « Un gouvernement décent enverrait la facture au génocidaire. Je paierai le billet, achetant ainsi la preuve qu’il existe des ministres sans colonne vertébrale. »
Une question de droit et de responsabilité individuelle
Le droit portugais encadre strictement l’assistance consulaire fournie aux citoyens en difficulté à l’étranger. Lorsque des ressortissants portugais sont évacués en raison de situations d’urgence ou de catastrophes, les frais afférents sont généralement pris en charge par l’État.
« Si vous ne partez pas en mission, alors l’État portugais n’est pas responsable de ce que nous, citoyens, faisons à l’étranger », a indiqué à Euronews Francisco Pereira Coutinho, spécialiste du droit international public et du droit constitutionnel européen. Il convient donc selon lui de distinguer s’il s’agit « de quelque chose qui est fait avec l’autorisation du gouvernement portugais » ou non. « Si ce n’est pas le cas, cela doit être traité comme n’importe quel autre citoyen portugais », a-t-il ajouté, mentionnant qu’il s’agit là d’une « façon de responsabiliser les gens par rapport aux initiatives qu’ils prennent ».
Francisco Pereira Coutinho a néanmoins souligné qu’en demandant le remboursement des frais de rapatriement aux militants de la flottille pro-palestinienne, l’exécutif envoyait « un signal clair ». « S’il s’agissait d’un autre gouvernement avec une couleur politique différente, peut-être que la réponse serait différente », a-t-il avancé.
En Espagne par exemple, le gouvernement a adopté une approche différente puisqu’il a pris en charge les frais de retour de ses ressortissants ayant participé à la même flottille.

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