„Flotte fantôme" russe
« Flotte fantôme » russe dans le golfe de Finlande : trente et un pétroliers repérés en une semaine
La mer Baltique fait face à une menace environnementale grandissante. Selon un rapport diffusé lundi par la télévision publique finlandaise Yle, pas moins de 31 pétroliers appartenant à la mystérieuse "flotte fantôme" de la Russie ont été repérés dans le golfe de Finlande durant une seule semaine d'octobre.

Le pétrolier russe Eagle S ancré près du port de Kilpilahti à Porvoo, dans le golfe de Finlande, le 7 janvier 2025.
Photo: ANTTI AIMO-KOIVISTO/Lehtikuva/AFP via Getty Images
Ces bâtiments vieillissants, tous inscrits sur la liste noire des sanctions européennes, représentent un danger écologique majeur pour cette zone maritime particulièrement vulnérable. Cette flotte occulte permet à Moscou de maintenir ses exportations pétrolières malgré l’embargo occidental imposé suite au déclenchement du conflit en Ukraine. Il s’agit de navires dont la propriété réelle reste souvent opaque, spécialement conçus pour échapper aux mesures restrictives internationales.
Un trafic comparable aux niveaux d’avant-guerre
Pour Mikko Hirvi, responsable de la sécurité maritime au sein des garde-frontières finlandais, ces chiffres ne constituent pas une surprise. Dans ses déclarations à l’AFP, il souligne que « les volumes de marchandises russes transitant par le golfe de Finlande ont retrouvé leur intensité d’avant le conflit, ce qui démontre que ces opérations reposent essentiellement sur cette flotte fantôme ».
Face à cette situation préoccupante, l’Union européenne a récemment durci sa position. La semaine passée, Bruxelles a étendu sa liste de sanctions en y ajoutant plus d’une centaine de pétroliers supplémentaires. Ces embarcations se voient désormais interdire l’accès aux infrastructures portuaires européennes et ne peuvent plus bénéficier de services au sein des États membres. Parallèlement, l’UE travaille à renforcer les capacités d’inspection de ses pays côtiers pour mieux contrôler ces navires suspects.
Une bombe écologique à retardement
Ces pétroliers assurent principalement le transport de pétrole brut, mais également de produits raffinés comme l’essence et le diesel, depuis les terminaux russes d’Oust-Louga et de Primorsk, situés sur les côtes baltiques. Selon les spécialistes consultés par Yle, ils constituent une véritable « bombe à retardement environnementale ».
Mikko Hirvi tire la sonnette d’alarme : « Le danger d’incidents écologiques, particulièrement dans la mer Baltique et le golfe de Finlande, atteint clairement des niveaux critiques. » Cette menace découle de la combinaison entre l’état de délabrement avancé de ces vieux navires et les perturbations volontaires des systèmes de navigation par satellite (GNSS), rendant leur suivi encore plus difficile.
L’analyse des 31 bâtiments identifiés révèle une flotte majoritairement obsolète : seulement six d’entre eux ont moins de quinze ans d’âge. En cas de catastrophe maritime, les conséquences financières seraient colossales pour la Finlande, prévient le responsable maritime.
Un écosystème fragile en danger
La mer Baltique présente des caractéristiques qui la rendent exceptionnellement sensible aux pollutions maritimes. Cette mer quasiment fermée est bordée par neuf nations hautement industrialisées et agricoles : l’Allemagne, la Pologne, la Russie, la Finlande, la Suède, le Danemark, ainsi que la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie.
Sa connexion limitée avec l’océan Atlantique, via l’étroit passage danois, contribue à sa vulnérabilité. Ses eaux peu profondes et faiblement salées réagissent de manière amplifiée aux perturbations environnementales. Une marée noire dans ces conditions pourrait engendrer des dégâts écologiques considérables et durables, affectant l’ensemble de l’écosystème baltique et les économies des pays riverains.
Avec AFP

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