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Familles nombreuses : les joies inattendues d’un bonheur multiplié

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L’héritage d’une grande famille s’étend à travers les générations, formant un témoignage vivant d’amour et de persévérance.

Photo: adamkaz/Getty Images

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Durée de lecture: 11 Min.

Aujourd’hui, avoir une grande famille est un acte à contre-courant. En l’espace de seulement quelques générations, les familles nombreuses, autrefois la norme, sont devenues l’exception – une exception qui attire les regards intrigués des inconnus au supermarché. Ce qui paraissait banal il y a peu vaut aujourd’hui à certains parents d’être perçus comme des curiosités.

Phénomène déroutant : alors même que l’aisance matérielle et le niveau de vie ont considérablement augmenté, le désir d’avoir des enfants a, lui, diminué à un rythme tout aussi rapide. On pourrait penser qu’en tant que société parmi les plus riches de l’histoire, l’Occident moderne accueillerait volontiers une multitude d’enfants, avec la confiance en des ressources abondantes et le désir de partager notre confort matériel avec les générations futures. Mais ce n’est pas la voie que nous avons choisie. Comme l’écrit Ross Douthat dans The Decadent Society, « Au milieu de toute l’opulence de notre société, une ressource est étrangement rare. Cette ressource, ce sont les bébés. » M. Douthat décrit ensuite ce qu’il appelle « l’amincissement de l’arbre généalogique », c’est-à-dire la façon dont des structures familiales autrefois vastes se sont rapidement réduites, chaque génération choisissant d’avoir moins d’enfants que la précédente.

« Partout dans le monde développé, la baisse des taux de natalité signifie que les familles sont devenues plus clairsemées : moins de mariages, conclus plus tard, moins de frères, de sœurs et de cousins, davantage de personnes vivant seules pendant de longues périodes. » M. Douthat nomme ce phénomène – pratiquement inédit dans l’histoire humaine – le « postfamilialisme ».

Les causes exactes de ce postfamilialisme sont complexes et demeurent partiellement mystérieuses, même pour les experts. Il résulte d’un mélange de facteurs économiques, technologiques, culturels et religieux, parmi lesquels on trouve une valorisation de l’épanouissement individuel, de la liberté sexuelle et de la réussite professionnelle. Mais quelles qu’en soient les causes précises, je souhaite montrer ici pourquoi cette réticence à avoir des enfants est, selon moi, mal fondée

L’abondance

Bien que je sois né dans une petite famille, j’ai épousé une femme issue d’une grande fratrie (sept enfants). La maison où elle a grandi débordait de vie : pleine de jouets, de chaussures, de rires et de larmes, emplie de cris, de bavardages, de chamailleries, de bottes, de livres, de musique et de films, pleine, évidemment, d’enfants – en un mot, pleine de vie. Cette maison dégageait une chaleur et une vitalité que je n’ai jamais retrouvées ailleurs, non pas parce que tout y fonctionnait parfaitement – les grandes familles sont toujours un peu chaotiques – mais parce que la bonté fondamentale de la vie de famille y était multipliée et amplifiée. Il y avait plus de personnes à aimer, et donc plus d’amour à partager.

Au milieu du tumulte et de l’agitation d’un grand foyer, la tendresse se révèle dans chaque petit moment de connexion.
(Oliver Rossi/Getty Images)

La première défense que j’avancerais en faveur des familles nombreuses tient donc à cette plénitude, cette profusion. Bien sûr, plus d’enfants signifie davantage de travail et d’épreuves, mais cela signifie aussi plus de rires et plus de joie, des réalités souvent négligées par la société lorsqu’elle évoque les grandes familles. Les difficultés et les joies figurent au bilan de toute vie et de toute famille, petite ou grande. L’avantage des grandes familles, j’ai pu le constater, est qu’elles tendent, d’une manière mystérieuse, à multiplier la part de « joie » et, avec le temps, à atténuer celle des « difficultés ». Élever beaucoup d’enfants implique certes des sacrifices, parfois douloureux, mais le but de ces sacrifices est clair, et chaque nouvelle vie donne aux parents un élan de motivation et de sens renouvelé. Les récompenses sont à la hauteur des efforts. La récompense, c’est un miracle : un nouvel être humain – avec tout l’univers d’expériences, d’émotions et de traits de personnalité qui le rendent unique – que les parents peuvent aimer et dont ils peuvent être aimés en retour.

Avoir beaucoup d’enfants est peut-être le geste le plus optimiste qui soit. C’est un acte de profonde affirmation du monde et de la vie, de leur bonté intrinsèque, et du désir de partager cette existence avec le plus grand nombre possible.

Développement et autres bienfaits

Du point de vue des enfants aussi, grandir au sein d’une grande famille apporte de nombreux avantages. On entend souvent dire que les enfants de familles nombreuses réussissent moins bien à l’école ou bénéficient de moins d’opportunités économiques, faute de moyens suffisants. Si cela peut être vrai dans certains cas, ces inconvénients peuvent être atténués, et ils doivent être mis en regard des nombreux avantages qu’offre une grande fratrie.

Sanjana Gupta, journaliste pour Verywell Mind, dresse la liste des multiples compétences que les enfants issus de grandes familles développent souvent : communication, sociabilité, collaboration, résolution des conflits, autonomie, adaptabilité, sens des responsabilités, patience, ingéniosité, résilience, esprit ludique et compétitivité. Oui, un enfant d’une famille nombreuse portera davantage de vêtements d’occasion et recevra moins de jouets neufs – mais est-ce réellement un mal ? Apprendre à se passer parfois du superflu forge le caractère et libère des tendances consuméristes et du sentiment d’avoir tous les droits propres à notre culture.

Surtout, comme leurs parents, les enfants de grandes familles ont tout simplement plus de personnes à aimer et avec qui tisser des liens que ceux issus de familles réduites. Un adulte que je connais, élevé dans une grande fratrie, résumait ainsi son expérience : « J’ai eu, dès mon plus jeune âge, une bande d’amis intégrés. » Quel enfant ne rêverait pas d’une telle richesse ?

La liberté de choisir

Nous aspirons tous à une vie épanouie. On nous répète souvent que nous pouvons atteindre cette plénitude en préservant une large autonomie, la liberté de poursuivre nos aspirations et de ne pas être limités par quoi que ce soit. Pour cette raison, les enfants – qui réduisent nécessairement notre autonomie – sont souvent perçus comme des obstacles plutôt que comme des chemins vers l’épanouissement. Pourtant, la sagesse des âges nous met en garde contre la confusion entre « avoir le choix » et « être comblé ». On ne peut pas garder ouvertes toutes les options indéfiniment. Il faut choisir, ou bien la vie choisira pour nous. Avoir beaucoup d’enfants est une voie généreuse parmi d’autres, une voie qui, tout en limitant la liberté dans un sens, l’élargit dans un autre, à mesure que notre liberté intérieure s’accroît par le sacrifice et l’amour.

Chaque enfant ravive le sens et la joie, car l’amour se multiplie – il ne se divise pas. (PeopleImages/Shutterstock)

L’expérience de la vie nous enseigne souvent que nous ne nous découvrons vraiment qu’en nous donnant aux autres – et l’une des manières de se donner, bien sûr, est d’avoir des enfants. Un foyer débordant de vie offre une meilleure chance d’avoir une vie pleine – au sens le plus profond du terme – qu’un portefeuille plein. Les relations et les responsabilités apportent davantage de sens que la recherche de la satisfaction personnelle, du moins à long terme.

Dans Découvrir un sens à sa vie, le psychologue Viktor Frankl écrivait : « En fin de compte, l’homme ne doit pas se demander quel est le sens de sa vie, mais plutôt reconnaître que c’est la vie qui l’interroge. En un mot, chaque homme est questionné par la vie, et il ne peut répondre à la vie qu’en répondant de sa propre vie ; à la vie, il ne peut répondre qu’en étant responsable. » À travers son étude approfondie de la condition humaine – y compris son expérience dans un camp de concentration nazi – M. Frankl a conclu que l’élément le plus essentiel à l’âme humaine, son oxygène, sa vie, n’était ni le plaisir, ni le pouvoir, ni la richesse, mais le sens. Le sens nous donne la force d’endurer et ouvre la voie à une joie plus profonde que celle du simple plaisir. Les études montrent que les personnes ayant des enfants ressentent un sens de la vie plus profond et plus durable – un sens qui se multiplie avec chaque nouveau bébé accueilli.

Walker Larson enseigne la littérature et l'histoire dans une académie privée du Wisconsin, où il réside avec sa femme. Il est titulaire d'une maîtrise en littérature et langue anglaises, et ses écrits sont parus dans The Hemingway Review, Intellectual Takeout, et dans son Substack, "TheHazelnut".

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