Gong Xiaoyan et sa mère, Sun Dongxia, ont fui les persécutions en Chine pour commencer une nouvelle vie à Otisville, dans l'État de New York, le 31 août 2025.
Le téléphone sonna. Il faisait froid ce matin-là à Binzhou, près de la baie de Bohai, dans le nord-est de la Chine. À deux jours du Nouvel An lunaire, c’était le moment où les familles se réunissaient. Mais Qi Guanmei ne s’attendait pas à ce que sa fille lui rende visite. Pas avant longtemps.
Elle a décroché le téléphone.
« Maman », entendit-elle d’une voix familière. Des larmes coulaient sur son visage tandis qu’elle écoutait les sanglots à l’autre bout du fil. C’était la première fois que Mme Qi entendait sa fille depuis des mois. Elles ne pouvaient pas parler. Elles pleuraient simplement.
Elles ne se dirent plus jamais un mot.
Mme Qi n’a pas supporté la douleur. Elle s’est effondrée sur le sol, victime d’un accident vasculaire cérébral, et a été déclarée morte peu après. Sa fille était en prison, alors qu’elle n’était pas une criminelle. Il n’y avait pas de justice. Seulement de la souffrance.
En 2006, quatre mois plus tôt, la fille de Mme Qi, Sun Dongxia, avait été condamnée à cinq ans de prison pour possession de documents sur le Falun Gong, un groupe religieux brutalement persécuté par le Parti communiste chinois (PCC).
La fille de Mme Sun, Gong Xiaoyan, a raconté à Epoch Times l’histoire de sa famille, une série de tragédies qui ont duré des décennies, infligées par la persécution qui n’a toutefois pas réussi à briser son moral. S’exprimant depuis son domicile dans le nord de l’État de New York, elle a étayé son récit avec des articles et des photographies d’époque.
« Une Belle vie »
Mme Gong a grandi dans le confort d’une classe privilégiée du PCC. Son père était colonel dans l’Armée populaire de libération, l’armée du PCC. Sa mère travaillait au service de propagande d’une entreprise publique. Un emploi bien rémunéré et très peu exigeant, selon Mme Gong.
« Nous n’étions pas riches, mais nous avions assez d’argent pour mener une vie agréable », a-t-elle confié, soulignant qu’elle ignorait tout de la nature du régime sous lequel elle vivait.
« Nous pensions que le gouvernement était bon », a-t-elle poursuivi. « Nous aimions notre pays et nous aimions le PCC, car c’est ainsi que nous avions été éduqués depuis notre plus jeune âge. »
Pour un officier militaire de son rang, on aurait pu s’attendre à ce que le père de Mme Gong accumule une fortune considérable, échangeant son influence contre de l’argent et des faveurs. Ce n’était pas seulement courant, a expliqué Mme Gong, c’était la norme.
Son père était cependant connu pour ne jamais le faire, depuis que lui et Mme Sun avaient commencé à pratiquer le Falun Gong au milieu des années 1990. Cette pratique spirituelle s’est rapidement répandue en Chine après son introduction publique en 1992, combinant des exercices lents avec des enseignements basés sur les principes fondamentaux d’authenticité, de compassion et de tolérance. Les pratiquants ont généralement signalé des améliorations tant sur le plan de la santé que de la moralité.
De jeunes pratiquants de Falun Gong méditent en Chine dans les années 1990. (Centre d’information Minghui/Falun Dafa)
Mme Gong se souvient que sa grand-mère Qi Guanmei lui avait apporté le livre du Falun Gong lors d’une visite à son domicile à Qingdao en 1995.
Ses deux parents ont terminé le livre en une journée.
Alors qu’ils étaient membres du PCC et donc officiellement athées, ils ont trouvé la spiritualité du Falun Gong extrêmement convaincante, a expliqué Mme Gong.
« Ils étaient super enthousiastes. »
Une nuit, se souvient-elle, sa mère a demandé à son père : « As-tu lu ce livre ? »
« Il a répondu oui. Elle lui a alors demandé : ‘Crois-tu ce que le livre dit ? Penses-tu que c’est vrai ?’ Et mon père a répondu : ‘Oui, c’est vrai’ », a raconté Mme Gong.
L’un après l’autre, cinq groupes de pratique du Falun Gong ont vu le jour dans le parc près de chez eux, et beaucoup d’autres dans d’autres parcs. Âgée de dix ans, Mme Gong accompagnait sa mère presque tous les matins, jouant pendant que Mme Sun faisait les exercices, jusqu’au jour où Mme Gong a demandé si les enfants pouvaient aussi pratiquer. Depuis, elle pratique le Falun Gong.
Désillusion
Mme Gong n’a rien remarqué d’inhabituel jusqu’en avril 1999. Ce mois-là, plusieurs pratiquants de Falun Gong ont été arrêtés dans la ville de Tianjin pour avoir exprimé leur inquiétude au sujet d’un article négatif publié dans les médias à propos du Falun Gong.
De nombreux Chinois qui avaient vécu la Révolution culturelle savaient que les dénonciations dans les médias étaient le signe avant-coureur d’un changement de vent politique. Le régime était en train de se retourner contre le Falun Gong. Lorsque les arrestations ont suscité encore plus de plaintes, les autorités de Tianjin ont réagi en redirigeant les gens vers le Bureau des recours à Pékin, le seul endroit où les citoyens chinois sont autorisés, en théorie, à exprimer leurs griefs contre le régime.
[pullquote author= » » org= » »]Je ne savais pas qu’un gouvernement pouvait mentir ainsi à son peuple, car rien de ce qu’ils disaient aux informations n’était vrai. Tout était complètement fabriqué.[/pullquote]
Le 25 avril, environ 10.000 pratiquants de Falun Gong se sont rassemblés à Pékin et se sont dirigés vers le bureau. Ils ont toutefois été bloqués par la police et redirigés vers les rues autour de Zhongnanhai, le complexe où se trouve le siège du PCC. Ils sont restés là, silencieux, jusqu’à ce que le Premier ministre de l’époque, Zhu Rongji, sorte et invite plusieurs représentants à entrer pour s’entretenir avec lui. Lorsqu’ils sont ressortis, ils ont déclaré que le problème avait été résolu et tout le monde est parti.
La famille de Mme Gong n’en savait rien. Elle avait seulement entendu dire que certaines personnes avaient été arrêtées et que la situation était en train de changer.
Puis vint le 20 juillet. Comme chaque soir, son père s’installa au salon pour regarder le journal télévisé de 19 heures. C’était un programme classique de 30 minutes diffusé sur CCTV, la principale chaîne de propagande du PCC. Ce soir-là, cependant, il fut prolongé d’une heure. L’émission était entièrement consacrée au Falun Gong.
Premier plan de Xinwen Lianbo, l’émission phare de propagande de la Télévision centrale de Chine. Le 20 juillet 1999, la chaîne a diffusé une émission d’une heure présentant les pratiquants de Falun Gong comme dangereux et instables. (CCTV/Capture d’écran via Epoch Times)
« Il n’y avait pas d’autres sujets, pas d’autres contenus », a souligné Mme Gong.
« J’étais devant la télé et j’ai regardé pendant une heure. J’étais bouche bée. Je n’ai même pas bougé. »
Le programme présentait les pratiquants de Falun Gong comme des fous dangereux déterminés à se suicider et à tuer les autres.
« J’avais 14 ans à l’époque. J’étais sous le choc. Je n’aurais jamais cru qu’un gouvernement puisse mentir ainsi à son peuple, car rien de ce qu’ils disaient aux informations n’était vrai. C’était une pure invention », a-t-elle déclaré.
La famille n’a toutefois pas perdu confiance en cette pratique. Elle a décidé de faire appel auprès du gouvernement de Qingdao.
« De nombreux pratiquants s’y sont rendus. Ils voulaient faire savoir aux gens que le Falun Gong est une bonne chose. Ce n’est pas ce que la télévision laisse entendre », a poursuivi Mme Gong.
« Personne ne nous voyait ni ne nous parlait. »
Quelques mois plus tard, elle accompagna sa mère déposer un recours au bureau de Pékin. Ignorant l’adresse, elles se rendirent place Tiananmen et demandèrent leur chemin à un passant. Ce n’est que plus tard qu’elles apprirent que la place était grouillante de policiers en civil. L’homme fit semblant de les aider. Il les conduisit jusqu’à une camionnette ordinaire et leur dit qu’elle les conduirait au bureau. Elles y montèrent. Quelques personnes attendaient déjà, d’autres montèrent ensuite. La camionnette les conduisit ensuite à un endroit qu’elle ne reconnut pas. Une sorte de bureau. Elles durent y attendre quelques heures, jusqu’à ce que des fonctionnaires de Qingdao viennent les chercher et les ramènent chez elles en train.
Mme Gong ne savait pas qui étaient ces gens. Ils ne se présentèrent pas. Ils les regardèrent à peine.
« Ils nous ont traités comme si nous étions des psychotiques », a-t-elle déclaré.
La police chinoise fait monter de force des pratiquants de Falungong, dans un fourgon de police sur la place Tiananmen à Pékin, le 1er octobre 2000. (STR/AFP via Getty Images)
Lavage de cerveau
À partir de ce jour, la famille de Mme Gong a subi une pression constante. Sa mère a été rétrogradée au poste de réceptionniste et convoquée régulièrement par son supérieur pour se « former ». Le but était de la convaincre d’arrêter de pratiquer le Falun Gong.
Avant tout, « ils doivent s’assurer que vous n’allez pas à Pékin », a déclaré Mme Gong.
« C’est le plus important, car si ma mère allait à Pékin, ils perdraient tous de l’argent. Ainsi, cela n’affecte pas seulement ma mère ou le superviseur, mais toute l’entreprise. Ils perdraient tous leurs primes. »
Le simple fait qu’un pratiquant de Falun Gong soit parmi les employés mettait en péril la carrière du superviseur. Il serait écarté de toute promotion et pourrait même perdre son emploi, a-t-elle expliqué.
« Le superviseur et beaucoup de ses collègues étaient très gentils et ont fait beaucoup pour l’aider. Ils essayaient de la protéger », a-t-elle expliqué.
« C’est le Bureau 610 qui a fait pression sur eux pour qu’ils vous parlent, vous donnent une ‘éducation’ et s’assurent que vous restiez chez vous. »
[pullquote author= » » org= » »]Ils m’ont dit : « Si tu ne renonces pas à ta croyance, aucune école ne voudra de toi lorsque tu postuleras au lycée. »[/pullquote]
Le Bureau 610 a été créé au début de la persécution en tant que force de police extralégale, semblable à la Gestapo, chargée d’éliminer le Falun Gong. Il a mis en place des antennes à tous les niveaux du gouvernement, imprégnant ainsi la société. Les pratiquants de Falun Gong emprisonnés sont régulièrement victimes de tortures, comme l’ont documenté des groupes de défense des droits de l’homme et de nombreux rapports de l’ONU. Plusieurs enquêtes indépendantes ont révélé qu’un nombre important, mais difficile à déterminer, de pratiquants de Falun Gong ont été tués pour alimenter l’industrie chinoise de la transplantation d’organes, qui a connu une explosion soudaine vers l’an 2000.
À maintes reprises, la mère de Mme Gong a été envoyée dans un « centre de lavage de cerveau », une forme de détention extrajudiciaire courante au début de la persécution. Il n’y avait aucune accusation pénale, aucun document et aucune date de libération fixée. Elle était emmenée dans un lieu inconnu, généralement déguisé en bureau gouvernemental anodin. Là, elle était soumise à une pression psychologique intense. Elle était détenue dans une « classe » avec d’autres pratiquants, contrainte de regarder toute la journée des programmes de propagande anti-Falun Gong. La détention pouvait durer de quelques jours à plusieurs mois, sans aucune visite ni même aucun appel téléphonique autorisé.
Les pratiquants de Falun Gong sont contraints d’assister à la propagande du Parti communiste chinois dans un centre de lavage de cerveau géré par le Bureau 610, la force de police extrajudiciaire créée pour mener la campagne de persécution contre le Falun Gong. La mère de Gong Xiaoyan a été envoyée à plusieurs reprises en séances de lavage de cerveau, qui ont duré de quelques jours à plusieurs mois. (Centre d’information du Falun Dafa)
« Ils peuvent vous garder là aussi longtemps qu’ils le souhaitent », a indiqué Mme Gong.
Comme son père était souvent absent pour son travail pendant une semaine ou un mois entier, Mme Gong rentrait parfois de l’école et trouvait la maison vide, sa mère avait disparu, emmenée par le régime.
« J’ai grandi dans la peur », a-t-elle déclaré.
Même à l’école, Mme Gong ne pouvait pas y échapper. Elle a raconté qu’au moins une fois par semaine, elle sortait de sa classe du collège et les enseignants lui donnaient une « éducation », en essayant de la convaincre de « se transformer », ce qui signifiait arrêter de pratiquer le Falun Gong. Parfois, la séance durait 20 minutes, parfois tout l’après-midi. Certains enseignants essayaient d’être gentils, d’autres la réprimandaient.
« Ils m’ont dit : ‘Si tu ne renonces pas à tes convictions, aucune école ne voudra de toi quand tu postuleras au lycée. Aucune école ne pourra t’accepter.’ J’ai répondu : ‘Je sais, mais je ne renoncerai pas à mes convictions’, a-t-elle raconté.
Finalement, elle a été acceptée dans le lycée de son choix, sous certaines conditions.
« Ils m’ont dit : ‘Nous voulons te regarder, nous pensons que tu es une fille gentille et nous pensons que tu vas changer. C’est pourquoi nous t’avons acceptée’. »
L’« éducation » s’est poursuivie au lycée avec une férocité accrue. Elle était obligée de quitter la classe plusieurs fois par semaine.
En cours de politique, il y avait des questions d’examen sur le Falun Gong, qui exigeaient des élèves qu’ils régurgitent la propagande qu’on leur avait fait avaler. Elle n’y a pas répondu.
Un jour, l’école a organisé un événement au cours duquel les élèves devaient signer une grande banderole dénonçant le Falun Gong pendant la cérémonie du lever du drapeau le matin. Les enseignants voulaient s’épargner l’embarras de voir quelqu’un refuser de signer. Ils ont essayé de s’assurer à l’avance qu’elle se plierait à leur volonté, mais elle a refusé. Finalement, ils l’ont fait attendre dans la salle de classe.
Malgré les bouleversements survenus dans sa vie, Mme Gong est devenue l’une des meilleures élèves de son école. Elle a pu constater que certains enseignants participaient à la campagne de pression à contrecœur.
« Je savais qu’il y avait beaucoup de gens sympathiques là-bas. Ils devaient faire leur travail. C’était leur travail. Ils ne voulaient pas faire ça, mais ils devaient le faire », a-t-elle expliqué.
« Le système les entraîne en enfer, pour leur faire faire de mauvaises choses contre leur gré. »
Alors qu’elle était sur le point d’obtenir son diplôme, la pression s’est intensifiée. On lui a fait comprendre qu’aucune université ne l’accepterait à moins qu’elle ne renonce à sa foi.
Gong Xiaoyan, pratiquante de Falun Gong, à Otisville, New York, le 31 août 2025. Son père, également pratiquant, est décédé en prison en 2021. (Petr Svab/Epoch Times)
Aller à l’université est en quelque sorte le seul moyen d’avoir un avenir brillant ou normal. Si vous n’y allez pas, c’est presque comme si vous étiez fichu. Vous vivrez une vie misérable.
La secrétaire de la Ligue locale de la jeunesse du PCC a menacé de faire expulser Mme Gong de l’école et de l’envoyer dans un camp de travail.
Finalement, Mme Gong a cédé. Elle a signé un document stipulant qu’elle ne pratiquerait plus le Falun Gong.
« C’est la chose que je regrette le plus dans ma vie », a-t-elle déclaré.
Tragédie
Gong Piqi, le père de Gong Xiaoyan. (Avec l’aimable autorisation de Gong Xiaoyan)
En 2005, Mme Gong était chez elle pour les vacances d’été avant de partir pour une université à Shanghai. Un jour, ses parents ont rendu visite à des amis. Alors qu’ils quittaient leur appartement et s’apprêtaient à rentrer chez eux, ils ont été cernés par la police et arrêtés. La police a trouvé des tracts du Falun Gong dans le sac à main de sa mère. Leur maison a ensuite été saccagée par la police.
Sa mère a été accusée d’« entrave à l’application de la loi », une accusation fallacieuse souvent utilisée contre les pratiquants de Falun Gong. Mme Gong a supposé que son père avait été envoyé dans un centre de lavage de cerveau.
« Personne ne savait où était mon père. »
Sa mère a essayé de reprendre son travail, mais a été renvoyée. Finalement, un autre pratiquant de Falun Gong a suggéré dans quel centre de lavage de cerveau il avait pu être envoyé. Mme Gong s’y rendait presque quotidiennement. Elle n’a pas été autorisée à entrer, mais au début, deux superviseurs sont venus lui parler. Ils n’ont cependant pas voulu lui dire si son père était là. Elle a persévéré. Après quelques visites, le personnel a finalement admis que son père y était détenu. Après quelques visites supplémentaires, ils ont accepté qu’elle le voie.
Lorsque Mme Gong a vu son père, elle s’est immédiatement mise à pleurer.
« Ses cheveux et sa barbe sont devenus tout blancs, il a vieilli de 20 ans en quelques mois seulement », a-t-elle raconté. « J’étais sous le choc. Il pouvait à peine marcher. Ses mains tremblaient. »
[pullquote author= » » org= » »]Une amie de la famille disposant de relations au plus haut niveau a envoyé plusieurs personnes au tribunal afin d’obtenir un traitement plus clément pour la mère de Mme Gong, mais en vain.[/pullquote]
Elle a été expulsée après quelques minutes.
Elle n’a pas été autorisée à le revoir, mais elle a continué à y aller.
« J’y allais tous les jours. Ils ne me laissaient pas entrer. Mais je restais assise à la porte », a-t-elle raconté.
Un jour, son père l’a aperçue par la fenêtre. Ils ont réussi à échanger quelques mots avant qu’il ne soit emmené.
Lorsque le temps s’est rafraîchi, Mme Gong a apporté des vêtements plus chauds à son père. Elle a appris plus tard qu’il ne les avait jamais reçus. Lorsqu’il s’en est plaint, il a été battu si violemment que ses organes internes ont été endommagés. Après sa sortie de l’hôpital, il a été autorisé à rentrer chez lui.
Des pratiquants du Falun Gong brandissent une banderole représentant des reconstitutions des tortures infligées aux pratiquants par le Parti communiste chinois, près du quartier chinois de Sydney, le 20 juillet 2005. (Greg Wood/AFP/Getty Images)
La mère de Mme Gong n’a eu droit à aucun contact avec sa famille. Ils ne l’ont vue que lors de son simulacre de procès. Elle a été condamnée à cinq ans de prison. Une amie de la famille, bien connecté à des personnalités haut placées, a envoyé plusieurs personnes au tribunal pour obtenir un traitement plus clément, mais en vain.
« Les gens qu’ils connaissent sont tellement puissants que même si vous tuez quelqu’un, ou même si vous êtes un trafiquant de drogue, ils peuvent vous sortir de là. Ils ont toutes sortes de méthodes pour vous sortir de là. Vous passerez probablement un ou deux ans en prison », a affirmé cette amie à Mme Gong. « Mais selon elle, avec le Falun Gong, ils ne peuvent rien faire. Personne ne peut rien faire. »
Mme Gong n’arrivait pas vraiment à comprendre ce qui se passait. Elle n’a même pas pleuré. Quelque temps plus tard, elle a vu un article dans un journal local disant que sa mère et un autre pratiquant de Falun Gong avaient été condamnés. À ce moment-là, elle a compris.
« J’ai juste pleuré »
« Ma grand-mère pleurait encore plus fort. Elle ne pouvait pas le supporter. C’était trop douloureux pour elle. Elle s’est effondrée sur le lit et a pleuré très fort, elle pleurait à chaudes larmes. Je me suis alors dit : ‘Bon, je dois arrêter de pleurer, car c’est trop dur pour ma grand-mère.’ »
Peu après, il était temps pour Mme Gong de partir pour l’université. Ses grands-parents l’ont accompagnée à la gare routière. Elle essayait de se contenir, mais lorsqu’elle les a vus s’éloigner, son cœur s’est serré. Sa grand-mère avait perdu la moitié de son poids en quelques mois seulement.
Elle éclata à nouveau en sanglots.
« Ses vêtements étaient si amples pour elle. »
« Tout le monde me regardait. Ils pensaient peut-être que j’avais le mal du pays, ou quelque chose comme ça. »
Peu après, sa grand-mère a eu son premier accident vasculaire cérébral. Elle se remettait bien, ce qu’elle attribuait aux exercices du Falun Gong. Mais sa tension artérielle était extrêmement élevée et les médecins lui ont conseillé de ne pas s’énerver, ce qui était un véritable défi dans sa situation.
Pendant les vacances d’hiver, Mme Gong s’est rendue chez ses grands-parents à Binzhou, à quelques heures au nord-ouest de Qingdao. C’est alors, le 27 janvier 2006, que sa grand-mère a reçu le premier appel de Mme Sun depuis la prison, puis qu’elle est décédée.
Nouvelle vie
Pendant ses études universitaires, Mme Gong n’osait dire à personne qu’elle pratiquait toujours le Falun Gong. Elle essayait de parler du Falun Gong à ses amis, mais ne révélait jamais qu’elle le pratiquait elle-même. Chaque mois, elle se rendait en prison pour rendre visite à sa mère. Elle a obtenu en 2007 une licence en graphisme et a trouvé un emploi à Shanghai. Lorsque Mme Sun a été libérée en 2009, après avoir bénéficié d’une réduction d’un an de sa peine pour le travail forcé qu’elle avait effectué en prison, Mme Gong a décidé de partir à l’étranger. Elle a trouvé un emploi dans une entreprise chinoise au Nigeria, puis un autre au Botswana un an plus tard.
« J’ai toujours voulu essayer différentes choses et découvrir de nouvelles expériences. J’étais impatiente de voir à quoi ressemblait l’Afrique. »
Peu après avoir obtenu son diplôme universitaire en Chine, Gong Xiaoyan a commencé à travailler en Afrique, où elle dit avoir trouvé une joie et une liberté absentes en Chine. (Chris Jackson/Getty Images)
Elle est tombée amoureuse du continent. Malgré la pauvreté, il y avait une joie et un sentiment de liberté qui n’existaient pas en Chine, a-t-elle rapporté.
Elle a trouvé un autre emploi dans une entreprise locale en Afrique du Sud. Puis, en 2011, elle a déménagé à San Francisco. Là, elle a rencontré son mari. Ils se sont mariés en 2013. Quelques années plus tard, ils ont accueilli leur petite fille.
Sa mère est venue de Chine pour quelques mois afin de l’aider. Mais juste au moment où Mme Sun s’apprêtait à retourner en Chine, la persécution les a de nouveau frappés.
Coup final
En octobre 2017, le père de Mme Gong est allé rendre visite à un ami, également pratiquant de Falun Gong. À son insu, la police venait d’arrêter cet ami. À son arrivée, il a également été arrêté. Son domicile a été saccagé et Mme Sun a également été placée en détention. Lorsque la police l’a interrogée au sujet des documents du Falun Gong qu’ils avaient trouvés, elle a nié toute responsabilité, affirmant qu’elle venait de rentrer chez elle après avoir rendu visite à sa fille à l’étranger. Elle a été libérée et a immédiatement quitté la Chine pour rejoindre Mme Gong aux États-Unis.
« Sinon, elle aurait été emmenée à nouveau. Elle n’aurait certainement pas pu s’en sortir », a déclaré Mme Gong.
Son père a été condamné à sept ans et demi de prison. Mme Gong et Mme Sun ont essayé de rester en contact avec lui par courrier, mais il fallait attendre plusieurs mois avant de recevoir une réponse, a expliqué Mme Gong.
« Toutes ses lettres devaient être contrôlées par la police. Vous ne pouvez pas dire tout ce que vous voulez. Il devait écrire : ‘Je vais bien ici. Ne vous inquiétez pas pour moi’. Mais nous ne savions pas ce qui se passait là-bas. »
En avril 2021, Mme Gong a reçu un appel d’un proche en Chine qui lui a annoncé le décès de son père.
Officiellement, il a développé une hypertension grave et est décédé d’un accident vasculaire cérébral. Sa famille est convaincue qu’il avait développé des problèmes de santé suite à de mauvais traitements.
« Il était en bonne santé. Il n’avait jamais contracté de maladie », a assuré Mme Gong.
Gong Xiaoyan plaide pour la libération de son père en Chine devant le consulat de Chine à San Francisco, sur cette photo d’archives. (Cao Jingzhe/Epoch Times)
« La poussière du temps »
Assise sur un canapé recouvert de coussins moelleux, Mme Gong, dont la maison impeccable se trouve dans la campagne au nord de l’État de New York, affiche une attitude calme et détendue. Femme au foyer à plein temps, elle se consacre entièrement à sa fille. Les atrocités commises par la Chine communiste semblent si lointaines ici.
Mais les souvenirs persistent.
« La poussière du temps, lorsqu’elle vous tombe sur la tête, est comme une montagne », a-t-elle souligné en citant un proverbe chinois. « Je ne regarde pas en arrière, sauf si je n’ai pas le choix, car c’est trop douloureux. »
[pullquote author= » » org= » »]La nation tout entière a été trompée. Les gens ont été contraints de faire des choix qui allaient à l’encontre de leur conscience pour assurer leur sécurité.[/pullquote]
« L’histoire de ma famille ressemble à celle de millions de pratiquants de Falun Gong en Chine. Les pratiquants autour de nous qui se sont accrochés à leur croyance après le début de la persécution ont tous vécu des expériences similaires, voire plus tragiques. Ce n’est pas seulement une tragédie pour les individus concernés, mais aussi pour leur famille et leurs amis. Plus important encore, la persécution a touché tout leur entourage, dans leur communauté, leur lieu de travail, leur école et dans tous les recoins de la société. Chacun dans la société doit exprimer sa position sur le Falun Gong. »
« La nation entière a été trompée. Les gens ont été contraints de faire des choix contraires à leur conscience pour être en sécurité. La persécution du Falun Gong par le PCC a entraîné une forte détérioration des normes morales globales du peuple chinois et a entraîné toute la nation et son peuple en enfer. »
Petr est un journaliste basé à New York et se concentre sur les dernières nouvelles. Originaire de Prague.