Logo Epoch Times

Recommandation

PCC

La foi plutôt que la peur : un survivant de la torture témoigne du traitement « brutal et cruel » infligé par le PCC

Céder à la persécution du régime ne fait qu'empirer les choses, estime un homme qui a été torturé jusqu'à frôler la mort pour ses convictions.

top-article-image

David Xie, survivant de la persécution du Falun Gong en Chine, à Port Jervis (État de New York), le 2 novembre 2025.

Photo: Petr Svab/Epoch Times

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 22 Min.

David Xie fixait le plafond. Une lumière blanche restait allumée jour et nuit, impossible à détourner du regard. Mais ce n’était là que le moindre de ses problèmes.
Il était allongé sur un lit, les mains écartées au‑dessus de sa tête et menottées au cadre métallique, les pieds attachés par des bandes de tissu. Il était détenu pour une durée indéterminée. Il n’y avait aucune peine à purger, aucun avenir sur lequel fonder ses espoirs.
Ils appelaient cela le « lit de la mort », raconte Xie. Il avait subi des coups et d’autres formes de torture ignobles, mais ce supplice était pire encore : rester attaché au lit, sans fin, incapable de bouger. Rapidement, son corps s’est mis à souffrir. Et la douleur n’a jamais cessé, même quand le prisonnier suppliait qu’on le laisse mourir. Mais cela ne serait pas permis. On l’alimentait en perfusion pour le maintenir en vie, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois.
« Cela vous laisse absolument sans espoir », confie Xie à Epoch Times. « C’est terrifiant. Cette torture psychologique est peut‑être encore plus brutale et cruelle que la torture physique. »
Il ne savait même pas où il était. Seulement que les gardiens portaient l’uniforme de la police armée de Pékin. Mais il savait pourquoi il se trouvait là.
« Quand tu accepteras la transformation, alors tu pourras quitter ce lit », lui déclare le responsable Hu Zihui. « Sinon, tu resteras là pour le restant de ta vie. »
« Transformation » est le jargon utilisé par l’appareil sécuritaire du Parti communiste chinois (PCC) pour désigner le fait de faire renoncer quelqu’un à ses convictions — dans ce cas, la foi de Xie en Falun Gong, une pratique spirituelle reposant sur des exercices physiques lents et les principes de vérité, de compassion et de tolérance.
La pratique a connu une popularité croissante dans la Chine des années 1990, au départ encensée par la presse d’État pour ses bénéfices pour la santé. Mais lorsqu’une enquête gouvernementale a révélé que plus de 70 millions de personnes étaient adeptes, l’attitude du PCC a changé du tout au tout. Le 20 juillet 1999, les médias du Parti ont annoncé l’interdiction du Falun Gong et lancé une propagande incessante contre la pratique.
Xie s’est tourné vers le Falun Gong en 1998, à la suite des conseils d’un parent et d’un professeur d’université. Il dit avoir été aussitôt captivé par son enseignement moral.
« Je n’avais encore jamais trouvé le moindre livre, ni lu de théorie académique, ni suivi le moindre cours à l’école qui apprenne vraiment aux gens à être bons, à devenir de meilleures personnes ou à se cultiver véritablement selon la vérité, la bienveillance et la tolérance », explique‑t‑il.

David Xie, pratiquant du Falun Gong et survivant de la torture, en Chine en avril 1998. (Avec l’aimable autorisation de David Xie)

Son problème cardiaque, qui lui donnait l’impression de mourir environ une fois par mois, a presque complètement disparu après s’être consacré à la pratique, tout comme la dépression qui en résultait, a-t-il précisé.
En juillet 1999, il rendait visite à ses grands-parents dans la ville d’Anqing, à environ 500 kilomètres à l’ouest de Shanghai, où il vivait avec ses parents et suivait ses études universitaires. Lorsque l’interdiction du Falun Gong a été promulguée, il n’a pas su la comprendre.
« Nous avions le droit de pratiquer la veille, mais plus le lendemain », témoigne‑t‑il.
À 21 ans, il n’était pas intéressé par la politique et ne nourrissait aucun sentiment particulier envers le PCC ; avec le recul, il ne réalisait pas le genre de régime sous lequel il vivait.
« C’était tout simplement inimaginable. Comment le gouvernement pouvait‑il réprimer cela ? C’est profondément inimaginable. La seule hypothèse que j’envisageais, c’est qu’ils avaient commis une erreur. »
Il décide alors de déposer un recours auprès du gouvernement provincial.
« Puisqu’ils se sont trompés, il nous fallait expliquer au gouvernement que le Falun Gong était une bonne chose, et qu’ils étaient dans l’erreur », résume‑t‑il son raisonnement.
Il n’était pas le seul. Un groupe de personnes attendait déjà tranquillement devant le bâtiment officiel, raconte-t‑il.
« À peine arrivés, la police s’est mise à interpeller les gens », rapporte‑t‑il.
Ils furent emmenés dans un village retiré des montagnes. Sur place, la police a relevé leurs identités, diffusé de la propagande anti‑Falun Gong via des haut-parleurs, puis les a transportés en bus vers une plus grande ville, où ils ont été libérés.

David Xie, survivant de la persécution du Falun Gong, en Chine en février 1999. (Avec l’aimable autorisation de David Xie)

Le voyage vers Pékin

Xie explique qu’il lui a fallu plusieurs mois pour mettre de l’ordre dans ses idées. En octobre 1999, il a décidé de faire appel auprès du gouvernement central à Pékin — théoriquement une voie légale pour que les Chinois fassent entendre leurs doléances contre le régime.
Il était pour le moins mal préparé. Il est descendu du train sans savoir où aller ni quoi faire. Il ne connaissait personne à Pékin. Tout ce qu’il a réussi à faire, c’est trouver un endroit où passer la nuit dans un bâtiment universitaire en construction.
« J’ai étalé un journal par terre et j’ai dormi là », raconte‑t‑il. Habitué à la douceur du climat de Shanghai, il a été réveillé en pleine nuit par le froid d’octobre pékinois.
« Je me suis levé pour marcher et tenter de me réchauffer », poursuit‑il.
Sans le savoir, Xie était déjà sous surveillance. Le gouvernement central punissait à l’époque les responsables locaux dont des administrés venaient manifester pour le Falun Gong à Pékin. Plusieurs personnes de son université, apprendra‑t‑il plus tard, guettaient aux abords de la place Tiananmen pour l’interpeller s’il s’y présentait.
« J’ai entendu dire qu’ils restaient assis là toute la journée avec des tabourets », a-t-il assuré.
Le lendemain, il s’est retrouvé face à un dilemme. Rentrer chez lui, au risque d’être arrêté ou interdit de séjour à Pékin ; ou rester plus longtemps et se retrouver rapidement sans le sou.
« Je ressentais que je n’avais pas encore accompli ce que je m’étais promis de faire », explique‑t‑il.
Il a donc choisi de rester et de chercher du travail. La nuit, il se glissait dans les salles de cours universitaires pour dormir.
Assez vite, il a trouvé un emploi de vendeur d’électronique en porte‑à‑porte. On lui promettait une commission de 100 yuans pour chaque appareil vendu, soit environ 14 dollars. Mais après plus d’un mois, il n’avait encore rien vendu. Avec ses cinq derniers yuans, il a acheté des pains nature et s’est rationné à un par jour. Heureusement, son patron lui avait permis de dormir dans un dortoir, qu’il partageait avec six autres ouvriers.
Tout le monde dans le dortoir savait qu’il pratiquait le Falun Gong, mais apparemment, personne ne l’a dénoncé à la police. Son attitude lui semblait avoir plus d’impact que la propagande médiatique. Il travaillait dur, aidait les autres, et on appréciait tout particulièrement qu’il se porte volontaire pour faire la cuisine.
Peu à peu, il a commencé à gagner de quoi subvenir à ses besoins et est même devenu chef d’équipe.
Un jour, en allant acheter des marchandises au marché de gros, il mentionna qu’il pratiquait le Falun Gong. Un commerçant lui a alors parlé d’un autre pratiquant qui travaillait sur place. Il lui a fallu un certain temps pour le retrouver, mais cela a compté énormément pour Xie : pour la première fois, il entrait en contact avec la communauté Falun Gong de Pékin.
En 2001, l’entreprise pour laquelle il travaillait a fait faillite. Il a pensé que la persécution était peut‑être en train de se relâcher et a décidé d’appeler sa famille.
Évidemment, sa mère était inquiète. Il lui avait laissé une lettre pour expliquer son choix de partir à Pékin, mais elle était restée sans nouvelles depuis. Elle lui a demandé de revenir immédiatement à Shanghai. Ce qu’il fit, pour découvrir que l’université l’avait radié parce qu’il s’était rendu à Pékin – même s’il n’avait jamais atteint le Bureau des doléances du gouvernement.
Au lieu de s’adoucir, la persécution a gagné en intensité. Ce constat a troublé Xie. Il savait que la situation empirait dans la capitale et voulait aider. Lorsqu’il a pu rencontrer des membres du Falun Gong de Pékin, il leur a demandé comment se rendre utile. On lui dit qu’on avait besoin de quelqu’un pour contourner la censure d’Internet et récupérer des documents expliquant la persécution, réservés jusque-là à des personnes âgées peu à l’aise avec l’informatique, ce qui n’était pas un problème pour Xie.
Il est donc retourné à Pékin, a loué un petit appartement, acheté un ordinateur et une imprimante. Il imprimait les documents puis les remettait à une autre personne, qui se chargeait de leur diffusion. À l’époque, ce n’était qu’une organisation de fortune, mais selon une estimation ultérieure de Freedom House, des centaines de milliers de structures similaires ont vu le jour à travers toute la Chine.
Bientôt, Xie a participé lui‑même à la distribution. C’était une tâche dangereuse : « Toute la ville avait une atmosphère pesante », se souvient‑il.
« On croisait d’innombrables policiers en uniforme, dans les rues, les stations de métro, partout », raconte‑t‑il.
Il ressentait une pression immense à chaque fois qu’il portait sur lui des documents sur le Falun Gong. Être arrêté en possession de tels écrits signifiait la prison ou le camp de travail forcé.
Un jour d’hiver glacial, en décembre 2001, ses craintes se sont concrétisées. Alors qu’il marchait le long du North 3rd Ring Middle Road, deux hommes lui ont barré la route. Il a tenté de reculer, mais deux autres étaient déjà derrière lui.
« Je n’étais absolument pas préparé », confie‑t‑il.
Ils l’ont jeté à terre, lui ont passé les menottes et lui ont passé un sac sur la tête.

Détention et torture

Xie a été conduit dans un lieu inconnu pour y être interrogé. Plusieurs policiers l’ont questionné sur ses contacts avec d’autres pratiquants du Falun Gong, mais il n’a rien révélé. Puis sont venus les sévices.
Un agent l’a étranglé à l’aide d’une matraque pour l’empêcher de crier, pendant qu’un autre lui frappait le dos et les jambes avec une matraque.
« Il était d’une brutalité extrême », confie Xie.
Les matraques étaient constituées de fer recouvert de caoutchouc. Chaque coup était d’une douleur fulgurante, mais les hématomes n’apparaissaient pas instantanément, ce qui masquait les traces des violences. Avant qu’il ne perde conscience du manque d’oxygène, les policiers relâchaient leur étreinte pour le laisser respirer quelques instants. Puis ils recommençaient à l’étrangler et à le rouer de coups.
Ces officiers savaient exactement ce qu’ils faisaient et faisaient preuve d’un « savoir-faire » froidement maîtrisé, observe-t-il.
« S’ils l’avaient fait pour la première fois, ils ne s’y seraient pas pris ainsi », commente-t-il.
C’est à ce moment qu’il a pris pleinement conscience de l’« extrême malveillance » du PCC.
« J’ai soudain compris que le Parti communiste n’avait rien à voir avec l’image que ses livres véhiculent », confie-t-il.
Il précise que ces policiers n’avaient « aucune humanité ». Ils le menaçaient de le tuer s’il n’acceptait pas de « coopérer ».
« On va te suspendre à un arbre toute la nuit, puis creuser un trou pour t’enterrer vivant », lui lançaient-ils.
« Comment un simple policier peut-il dire une telle chose ? C’est impensable », souligne Xie.
Une autre menace était brandie : « On va t’envoyer dans le nord-est de la Chine. »
Il n’en a pas compris la portée sur le moment. Ce n’est que des années plus tard qu’il a appris que, à l’époque, le nord-est était la région où le PCC organisait à grande échelle le massacre des détenus du Falun Gong pour la vente de leurs organes.
Après la correction, on lui remit un sac sur la tête avant de le transférer dans un centre de détention secret. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il était emmené ; et même le savoir n’aurait servi à rien. Le bâtiment, d’apparence banale, arborait l’inscription pompeuse « Centre de formation juridique de Pékin ». Il servait en réalité de centre de lavage de cerveau et de torture.
De nombreux établissements de ce type furent ouverts à travers la Chine pour « transformer » les pratiquants du Falun Gong. Selon les témoignages d’anciens détenus recueillis par Minghui.org, ils pouvaient y enfermer quelqu’un pour des jours ou des mois, sans la moindre procédure légale.
Il fut placé à l’isolement, sous surveillance permanente par caméra. Aucun contact avec l’extérieur n’était possible.
Xie refusa de céder à la situation. Il entama aussitôt une grève de la faim. Mais les gardiens y virent une occasion d’imposer une nouvelle forme de torture : l’alimentation forcée. Plusieurs personnes le maintenaient de force sur une chaise pendant qu’une autre lui introduisait un long tube en caoutchouc dans le nez jusque dans l’estomac.
Il n’y avait rien d’humain là-dedans, note-t-il.
« C’est d’une douleur extrême. »
Il subit de multiples gavages. Une fois, par erreur, le tube est passé dans ses poumons. Un policier, jouant le rôle de pseudo-“personnel médical”, s’en rendit compte à temps et le retira — sinon Xie y serait resté. Minghui a recensé de nombreux cas de ce type.
Une autre méthode de torture consistait à le geler. En hiver, des gardiens faisaient irruption au milieu de la nuit dans sa cellule : ils ouvraient la fenêtre et lui vidaient plusieurs bouteilles d’eau glacée sur la tête, le laissant trempé alors que les températures étaient négatives.
Ils répandaient aussi la rumeur que d’autres pratiquants avaient renoncé à leur foi pour collaborer avec les autorités.
« Ils veulent juste vous faire croire que si tout le monde a renoncé, alors vous feriez mieux de faire la même chose », explique Xie.
Même là, il a refusé de céder.
Alors ils l’ont attaché sur le « lit de la mort ».
Il y est resté attaché pendant plus de sept mois, jusqu’à ce qu’il soit si faible que son pouls ralentisse dangereusement et que sa tension artérielle chute à 40/70. Après avoir réalisé qu’il était proche de la mort, ils l’ont finalement détaché du lit.
« Ils ne voulaient pas porter la responsabilité de ma mort », relate‑t‑il.
Ses muscles étaient atrocement atrophiés.
« Je ne savais plus me tenir debout. Je ne savais plus comment bouger les mains. »
Près de deux mois plus tard, il fut transféré dans un camp de travail : officiellement, le camp de rééducation par le travail de Tuanhe, à Pékin.

La fin de la peur

À ce stade, Xie explique qu’il a totalement abandonné sa peur de la douleur et de la mort. Il n’y avait plus rien que les gardiens aient pu utiliser pour le menacer — et eux‑mêmes semblaient le comprendre. Il pratiquait même les exercices du Falun Gong dans sa cellule, ce à quoi il attribue sa lente récupération. Personne ne l’en empêchait.
Une fois rétabli, toutefois, la torture a repris. Cette fois, il s’agissait du « banc du tigre ». On l’obligeait à rester assis sur un minuscule tabouret durant environ 18 heures par jour. Cette méthode de torture toute simple engendre des douleurs atroces.
Même cela n’a pas réussi à le briser. Il a été libéré en janvier 2004, à l’issue de la peine habituelle d’un an de camp de travail forcé.
Il est retourné à Shanghai, puis, après plusieurs années, a réussi à s’évader vers les États‑Unis.

David Xie, survivant de la persécution du Falun Gong en Chine, à Port Jervis, N.Y., le 2 novembre 2025. (Petr Svab/Epoch Times)

« Depuis mon arrivée aux États‑Unis, j’ai vraiment compris ce que signifiait la liberté. Ici, je peux pratiquer librement le Falun Dafa, méditer paisiblement dans les parcs publics sans aucune crainte, et même défiler avec des milliers d’autres pratiquants dans les rues animées de Manhattan. Une telle scène serait inimaginable en Chine continentale », écrit‑il par courriel.
Selon lui, une grande part de la persécution repose sur la peur. Le régime encourage l’auto‑censure et incite chacun à éviter ce qui pourrait lui déplaire. Mais c’est en fait le contraire, a-t‑il réalisé. Ce n’est que lorsqu’il a réellement laissé tomber sa peur que ses persécuteurs ont relâché leur emprise.
« Ils n’osaient plus me persécuter », affirme‑t‑il.
Xie exprime sa profonde gratitude envers les États‑Unis de lui avoir donné la chance de mener une vie digne.
« Sur cette terre de liberté, j’ai enfin découvert le respect et la reconnaissance des droits humains fondamentaux et de la liberté de croire, droits dont chaque personne devrait naturellement jouir », confie‑t‑il.
« J’espère qu’un jour prochain, tous ceux qui vivent en Chine continentale pourront eux aussi connaître ce même sentiment de liberté, de dignité et de bonheur. »