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Centre d’accueil pour mineurs isolés

Dublin : un adolescent ukrainien fuyant la guerre poignardé à mort par un réfugié somalien

L’émotion est vive en Irlande après la mort tragique de Vadym Davydenko, un adolescent ukrainien de 17 ans poignardé dans un centre d’accueil pour mineurs isolés du nord de Dublin. 

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Photo: Shutterstock

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Durée de lecture: 7 Min.

Arrivé depuis seulement trois jours pour fuir la guerre dans son pays, il a trouvé la mort à l’endroit même où il espérait sécurité et reconstruction. D’après les informations du média irlandais RTE, le drame, survenu le 15 octobre, a été confirmé par les autorités irlandaises, tandis que le ministre ukrainien des Affaires étrangères a dénoncé un « meurtre d’une cruauté absurde » et demandé des explications au gouvernement irlandais.
L’affaire, qui met en cause un autre adolescent de 17 ans originaire de Somalie, relance le débat sur la gestion des mineurs isolés dans les structures d’accueil saturées du pays. Le suspect, arrêté sur place, a été inculpé de meurtre avant d’être placé en détention psychiatrique au centre pour jeunes délinquants d’Oberstown, près de Dublin.

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Un drame en plein cœur de Dublin

Les faits se sont déroulés dans un complexe résidentiel du quartier de Donaghmede, géré par Tusla, l’agence publique irlandaise de protection de l’enfance. Selon la Garda, la police nationale irlandaise, une altercation a éclaté entre les deux jeunes hébergés dans le même appartement, aboutissant à une attaque d’une rare violence. La victime a été mortellement touchée avec un couteau à la tête et au torse. Malgré l’intervention rapide des secours, Vadym Davydenko a succombé à ses blessures sur place.
Une aide-soignante a également été blessée en tentant de s’interposer, tandis qu’un autre résident a dû être hospitalisé. La scène de crime a été immédiatement bouclée pour un examen médico-légal approfondi. La Garda a confirmé qu’elle suivait « une piste précise » et qu’aucun autre suspect n’était recherché.

Une arrivée tardive et un destin brisé

Vadym Davydenko avait quitté Kiev avec l’aide de bénévoles, après des mois de bombardements incessants. Son objectif : rejoindre l’Irlande, pays réputé pour son accueil des réfugiés ukrainiens. Il avait été placé dans une structure temporaire gérée par un sous-traitant privé, faute de places suffisantes dans les centres publics.
À Kiev, ses parents avaient espéré « un avenir en paix ». Son père a déclaré à des médias ukrainiens : « Nous voulions le protéger de la guerre, mais il a trouvé la mort dans un pays pacifique. »
Le jeune homme venait de terminer le lycée et projetait d’entreprendre une formation en cybersécurité. Selon l’ambassade d’Ukraine à Dublin, son corps sera rapatrié dans les prochains jours.

Le suspect somalien interné sous contrôle

Le suspect, un adolescent somalien du même âge, a été interpellé peu après le drame. Présenté devant le tribunal pour enfants du district de Dublin, il est resté silencieux à la lecture des charges pesant contre lui.
Son avocat, Andrew Walsh, a plaidé « l’altération du discernement » et réclamé des soins psychiatriques urgents. Le juge a accepté la demande, ordonnant son placement provisoire à Oberstown, un centre de détention sécurisé spécialisé dans la prise en charge des jeunes délinquants souffrant de troubles mentaux.
Le sergent-détective Mark Quill a confirmé que l’enquête se concentrait sur « une dispute violente suivie d’une réaction incontrôlée ». Aucune motivation raciale ou religieuse n’a pour l’heure été établie par les enquêteurs, bien que des rumeurs en ligne évoquent des tensions culturelles autour de la nourriture.

Réactions en Irlande et en Ukraine

L’affaire a provoqué une onde de choc à Dublin. Le Premier ministre Micheál Martin s’est dit « profondément attristé » et a promis « une enquête complète ». La ministre irlandaise de l’Enfance, Norma Foley, a rappelé que « la sécurité des jeunes accueillis dans les foyers Tusla est une priorité absolue ».
Du côté ukrainien, la réaction a été tout aussi vive. Le ministre des Affaires étrangères a fustigé « l’incapacité des autorités à protéger un réfugié mineur fuyant la guerre ». Dans un communiqué, il a exigé « des garanties concrètes » pour les centaines d’enfants ukrainiens actuellement hébergés sur le sol irlandais.

Les failles d’un système sous pression

Ce meurtre met en lumière les limites du système d’accueil irlandais. Selon Tusla, plus de 550 mineurs isolés étrangers sont actuellement pris en charge dans des structures parfois surchargées, dont près de la moitié viennent d’Ukraine. La cohabitation entre jeunes de cultures et religions différentes entraîne souvent des tensions.
Un responsable de Tusla a reconnu une « hausse de 500 % des arrivées depuis 2022 », qui a conduit à un recours massif à des hébergements privés. Plusieurs associations dénoncent un encadrement insuffisant et une absence de formation adaptée au personnel.
Pour Clare Daly, députée indépendante au Parlement européen, « ce drame tragique n’est pas un incident isolé, mais le symptôme d’un système à bout de souffle ». Elle a appelé à une réforme d’urgence de la politique d’accueil.

Une communauté ukrainienne bouleversée

À Dublin, une veillée funèbre en mémoire de Vadym Davydenko a rassemblé plusieurs centaines de personnes devant la petite église orthodoxe du quartier de Stoneybatter. Le prêtre Serhii Danilov, lui aussi réfugié, a confié sa tristesse : « Sa famille pensait lui offrir une vie meilleure ici. Ils apprennent qu’il est mort, poignardé. C’est un drame et une honte. »
Pour la communauté ukrainienne d’Irlande, ce meurtre résonne comme un avertissement. « Nous pensions que nos enfants seraient en sécurité ici », a déclaré une mère de famille lors de la cérémonie.
Le ministre ukrainien a, de son côté, assuré que son pays suivrait « étroitement » l’enquête et attendait « des réponses claires et une justice pleine et entière ».