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Donald Trump met fin aux négociations commerciales avec le Canada après une publicité ontarienne anti tarifs mettant en scène Reagan
Donald Trump a suggéré que cette campagne visait à interférer avec une prochaine audience de la Cour suprême des États Unis sur les tarifs de son administration.

Le président américain Donald Trump accueille le premier ministre canadien Mark Carney à la Maison-Blanche, le 7 octobre 2025.
Photo: Anna Moneymaker/Getty Images
Le président américain Donald Trump affirme qu’il met fin à toutes les négociations commerciales avec le Canada en raison d’une publicité télévisée, commanditée par le gouvernement provincial de l’Ontario, s’opposant aux tarifs américains. La vidéo utilise la voix et des images du défunt président républicain Ronald Reagan pour dénoncer les mesures protectionnistes.
Trump a laissé entendre que cette campagne publicitaire était destinée à perturber une audience imminente de la Cour suprême des États‑Unis au sujet des tarifs décidés par son administration.
« La Fondation Ronald Reagan vient d’annoncer que le Canada a utilisé frauduleusement une publicité, qui est FAUSSE, montrant Ronald Reagan parlant négativement des tarifs douaniers. La publicité a coûté 75.000.000 $. Ils n’ont fait cela que pour interférer avec la décision de la Cour suprême des États‑Unis, et d’autres tribunaux », a écrit Trump sur Truth Social tard le 23 octobre.
« Les tarifs douaniers sont très importants pour la sécurité nationale et l’économie des États‑Unis. Compte tenu de leur comportement scandaleux, toutes les négociations commerciales avec le Canada sont par la présente rompues. Merci de votre attention ! »
La campagne publicitaire de 75 millions de dollars a été lancée ce mois‑ci par le gouvernement de l’Ontario pour s’opposer aux tarifs américains visant le Canada. Le spot d’une minute montre des images du cœur industriel américain et de la frontière canado‑américaine, et reprend des extraits d’un discours prononcé par Reagan en 1987 en faveur des principes du libre‑échange.
« Vous voyez, au départ, quand quelqu’un dit ‘Imposons des tarifs sur les importations étrangères’, cela semble patriotique, comme s’il protégeait les produits et les emplois américains. Et parfois, pendant un court moment, cela fonctionne — mais seulement pour un court moment », déclare Reagan dans la publicité.
« Des tarifs élevés conduisent inévitablement à des représailles de la part de pays étrangers et au déclenchement de féroces guerres commerciales. Puis le pire arrive : les marchés se contractent et s’effondrent, les entreprises et les industries ferment, et des millions de personnes perdent leur emploi. »
Dans sa publication du 23 octobre, Trump a relayé un communiqué de la Fondation et institut présidentiels Ronald Reagan, affirmant que la vidéo utilisait de manière sélective des éléments audio et vidéo de Reagan et déformait les propos de l’ancien président. L’organisation a ajouté qu’elle se réservait la possibilité d’engager des poursuites contre le gouvernement de l’Ontario.
« La Fondation et institut présidentiels Ronald Reagan a appris que le gouvernement de l’Ontario, au Canada, avait créé une campagne publicitaire utilisant des extraits audio et vidéo choisis du président Ronald Reagan prononçant son ‘allocution radiodiffusée à la nation sur le commerce libre et équitable’, datée du 25 avril 1987 », indique la fondation.
« Cette publicité dénature l’allocution radiophonique présidentielle, et le gouvernement de l’Ontario n’a ni sollicité ni obtenu l’autorisation d’utiliser et de monter ces propos. »
Epoch Times a contacté le gouvernement de l’Ontario et le cabinet du premier ministre pour commentaire, sans réponse immédiate.
Le premier ministre ontarien, Doug Ford, a précédemment affirmé que la publicité n’était pas « méchante », qu’elle était « simplement très factuelle et portée par une figure comme Ronald Reagan », ajoutant qu’« à [son] avis, il a été le meilleur président que ce pays ait jamais eu ».
Les tarifs de Trump, pièce maîtresse de sa politique commerciale, ont été contestés en justice, et la Cour suprême des États‑Unis a accepté d’examiner en procédure accélérée l’appel de son administration contre des décisions de juridictions inférieures ayant annulé la plupart de ces prélèvements.
La Cour suprême doit entendre les plaidoiries sur les tarifs le 5 novembre. Trump a indiqué qu’il pourrait assister à l’audience en personne.
Trump contre Ford
C’est la deuxième fois que le gouvernement de l’Ontario se retrouve dans la ligne de mire du président américain.
En avril, après que Doug Ford a imposé une surtaxe de 25 % sur les exportations d’électricité vers le Michigan, l’État de New York et le Minnesota, en représailles aux tarifs américains de 25 % sur les importations d’acier et d’aluminium, Trump a déclaré qu’il doublerait les droits sur les métaux canadiens à 50 %. Ford a fini par suspendre la surtaxe, après quoi Trump a renoncé à cette hausse supplémentaire sur l’acier et l’aluminium.
Négociations commerciales
Plus récemment, le 27 juin, l’administration Trump a annoncé qu’elle mettait fin à toutes les négociations commerciales avec le Canada à la suite de l’instauration par Ottawa d’une taxe sur les services numériques, qui devait imposer un nouveau prélèvement sur les revenus générés par les services numériques opérant au Canada, touchant des géants américains tels qu’Amazon et Netflix. Ottawa a annulé cette nouvelle taxe deux jours plus tard, après quoi Washington a déclaré reprendre les discussions commerciales.
Le Canada a également, en août, levé la majorité de ses contre‑tarifs sur les produits américains, Mark Carney estimant que ce geste était nécessaire pour poursuivre les pourparlers avec les États‑Unis.
Ce revirement a toutefois un coût politique pour M. Carney, l’opposition soulignant le décalage avec le cœur de son message de campagne d’avril, largement axé sur la fermeté face aux tarifs de Trump. M. Carney soutient que le Canada bénéficie toujours du meilleur accord commercial avec les États‑Unis grâce à l’Accord Canada – États‑Unis – Mexique (ACEUM/USMCA).
Le 1er août, Washington a relevé de 25 % à 35 % les droits de douane sur les produits canadiens non couverts par l’ACEUM. Le Canada est également visé par des tarifs sectoriels, notamment sur l’acier, l’aluminium, le cuivre, l’automobile et le bois d’œuvre.
Jusqu’ici, Ottawa n’a pas réussi à conclure un accord commercial avec Washington, mais le ministre canadien chargé des relations commerciales avec les États‑Unis, Dominic LeBlanc, a déclaré début octobre qu’il gardait l’espoir de parvenir à un accord sur les tarifs avant la révision de l’ACEUM prévue pour 2026.
Les déclarations de Carney sur les États‑Unis
Dans de récentes déclarations, prononcées lors d’une allocution télévisée consacrée au prochain budget, M. Carney a repris certains de ses constats sur l’évolution de la relation du Canada avec les États‑Unis, thèmes qu’il avait largement évités dans ses discours publics depuis la campagne électorale de cette année.
« Notre relation avec les États‑Unis ne sera plus jamais la même qu’auparavant, même si, dans ce nouveau monde de protectionnisme, nous avons le meilleur accord commercial parmi tous les autres pays, et nous œuvrons à l’améliorer encore », a déclaré M. Carney à Ottawa, le 22 octobre, en référence à l’ACEUM.
« Beaucoup de nos anciennes forces en tant que pays… des atouts fondés sur des liens étroits avec l’Amérique, sont devenues nos vulnérabilités. »
M. Carney a également indiqué que son gouvernement s’était fixé pour objectif de doubler, au cours de la prochaine décennie, les exportations canadiennes à destination de marchés non américains, dans le cadre d’une stratégie visant à diversifier les débouchés du Canada au‑delà des États‑Unis.
Cependant, dans cette allocution, il s’est gardé de toute mention directe de l’administration Trump, rompant avec ses propos tenus durant l’élection fédérale et la course à la direction du Parti libéral plus tôt cette année, lorsqu’il accusait Trump « d’attaquer les familles, les travailleurs et les entreprises canadiennes » avec des « tarifs injustifiés ».
Depuis son entrée en fonctions, M. Carney entretient une relation cordiale avec le dirigeant américain : en août, Trump a déclaré « J’aime beaucoup Carney », tandis que M. Carney qualifiait Trump de « président transformationnel ».

Omid Ghoreishi est un journaliste basé à Toronto, au Canada. Il travaille pour The Epoch Times depuis 2005 et a occupé divers postes au sein de la société.
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