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Alvéoles des ruches contaminées

Surmortalité des abeilles : des produits toxiques détectés dans les ruches françaises

L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) tire la sonnette d'alarme ce mercredi : les cires utilisées par les apiculteurs pour construire les alvéoles des ruches sont massivement contaminées par des substances chimiques dangereuses.

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Des abeilles nourrices se tiennent sur les rayons d'un cadre dans une ruche à l'école d'apiculture du jardin du Luxembourg, le 15 avril 2015 à Paris.

Photo: ERIC FEFERBERG/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

Cette pollution insidieuse constitue un facteur aggravant dans la surmortalité des abeilles constatée depuis plusieurs années en France.

Un cocktail préoccupant de contaminants

Premier du genre réalisé en France, cet état des lieux révèle la présence inquiétante de multiples polluants dans les cires commercialisées sur le territoire national. Pesticides résiduels, traces métalliques et résidus de traitements vétérinaires composent un mélange préoccupant qui s’accumule au cœur même des colonies.
Le constat le plus alarmant concerne les insecticides pyréthrinoïdes : plus de 40 % des échantillons analysés en contenaient des traces. Ces substances représentent la menace la plus sérieuse pour la santé des abeilles, perturbant leur système nerveux et leur capacité de navigation.

Le logo de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) à l’entrée du siège à Maison-Alfort, près de Paris. (MATTHIEU ALEXANDRE/AFP via Getty Images)

Des molécules interdites toujours présentes

L’analyse de l’Anses révèle également la persistance de molécules pourtant bannies en France depuis plusieurs années, notamment certains acaricides. Cette contamination s’explique par l’origine internationale des cires commercialisées : provenant des quatre coins du monde, elles échappent aux normes françaises les plus strictes et véhiculent des substances interdites sur notre territoire.

Le piège du recyclage

L’origine de cette contamination généralisée réside dans le processus de fabrication des feuilles de cire gaufrée. Les apiculteurs renouvellent régulièrement ces cadres sur lesquels les abeilles bâtissent leurs alvéoles pour maintenir l’hygiène de la ruche. Problème : ces cires sont majoritairement produites à partir de matériaux recyclés, créant un effet d’accumulation progressive des polluants au fil des cycles de réutilisation.
L’expertise de l’Anses établit une hiérarchie claire des risques selon la provenance des cires. Les plus sûres sont celles produites directement par les abeilles et réemployées par l’apiculteur lui-même, une pratique d’autorenouvellement malheureusement difficile à mettre en œuvre pour les petits producteurs qui manquent d’équipement.
Les cires vendues par les ciriers spécialisés présentent un niveau de contamination inférieur à celles des commerces généralistes. De même, les cires d’origine française se révèlent moins risquées que celles importées d’autres pays européens ou extra-européens.

Quatre recommandations urgentes

Face à cette situation préoccupante, l’Anses formule quatre préconisations majeures pour protéger les colonies d’abeilles. L’agence réclame d’abord une définition réglementaire stricte de la cire à usage apicole, permettant d’encadrer précisément ses utilisations.
Elle demande ensuite l’établissement d’un seuil toxicologique au-delà duquel une cire deviendrait impropre à l’usage, l’instauration d’un agrément obligatoire pour les professionnels ciriers, ainsi que l’exigence d’une traçabilité complète des cires commercialisées.
En attendant ces évolutions réglementaires, l’Anses conseille vivement aux apiculteurs de privilégier le recyclage de leur propre cire, en s’associant si nécessaire avec d’autres producteurs pour mutualiser les équipements. Une solution qui permettrait de contourner les circuits commerciaux contaminés et de préserver durablement la santé des précieuses pollinisatrices.
Avec AFP