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Des frappes par impulsions électromagnétiques chinoises pourraient rapidement neutraliser les forces américaines et alliées en cas de conflit

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Des missiles pouvant transporter des ogives nucléaires et conventionnelles lors d'un défilé à Pékin, le 1er octobre 2009.

Photo: Feng Li/Getty Images

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Durée de lecture: 9 Min.

Le régime chinois pourrait déployer des ogives nucléaires pour provoquer des attaques par impulsions électromagnétiques (EMP : Electromagnetic pulse) ciblant des bases militaires américaines ou des alliés dans le Pacifique, assurant potentiellement une victoire dans un conflit en isolant ces pays du soutien américain, selon le capitaine de la marine à la retraite Carl Schuster, qui a servi en tant que directeur des opérations au Centre de renseignement interarmées du Commandement du Pacifique de la marine américaine.
Mais un déploiement limité de telles armes — utilisant l’intense impulsion électromagnétique générée par les explosions nucléaires pour détruire les réseaux électriques et les équipements électroniques sur de vastes territoires — pourrait s’avérer décisif si le Parti communiste chinois (PCC) décidait de poursuivre ses ambitions géopolitiques par des moyens militaires.
En particulier, des attaques électromagnétiques au-dessus du Pacifique central « dévasteraient les systèmes de communication et de détection spatiaux utilisés par les États-Unis pour alerter, contrôler et informer leurs forces », a expliqué M. Schuster au journal Epoch Times.
Ainsi, « la RPC pourrait isoler le Japon et Taïwan », a-t-il ajouté, en utilisant l’acronyme de la République populaire de Chine.
Pékin considère la gouvernance démocratique de Taïwan comme une partie légitime de la Chine communiste, et effectue fréquemment des manœuvres navales et aériennes près du territoire de l’île.
Certains responsables des services de renseignement américains ont averti que l’Armée populaire de libération chinoise (APL) avait pour objectif d’être en mesure d’envahir Taïwan d’ici 2027.
Extinction des feux
Les armes nucléaires utilisées pour créer des impulsions électromagnétiques (EMP), également appelées HEMP (High Altitude Electromagnetic Pulse : Impulsion électromagnétique à haute altitude) en raison de la haute altitude de l’impact, auraient peu ou pas d’impact destructeur direct, mais causeraient des ravages à grande échelle en paralysant les infrastructures électriques et numériques dont dépendent l’industrie moderne, la logistique et les communications pour fonctionner.
Une seule bombe à hydrogène explosant à environ 400 km au-dessus des États-Unis générerait une impulsion électromagnétique couvrant les 48 États continentaux, selon un rapport publié en 2017 par une commission du Congrès américain.
Avec la plupart des équipements électriques et des sources d’énergie hors service, notamment les véhicules à moteur, des millions de personnes dans les zones touchées par une impulsion électromagnétique seraient confrontées à la famine ou exposées aux éléments.
La Chine possède actuellement environ 600 têtes nucléaires, et selon le Pentagone, elle est en bonne voie pour étendre son arsenal à 1000 bombes d’ici 2030.
N’importe laquelle de ces armes pourrait être utilisée pour une frappe électromagnétique, la taille de la zone touchée dépendant de la puissance de l’ogive et de l’altitude à laquelle la détonation se produit.
La Chine est également à la pointe du développement des dispositifs à micro-ondes à haute puissance (HPM : High-Powered Microwave), qui sont des armes à énergie dirigée conçues pour neutraliser ou détruire des équipements électroniques à plus petite échelle. Les dispositifs HPM sont couramment utilisés pour la défense aérienne contre les drones et les missiles, mais ils peuvent également être utilisés à des fins offensives en étant installés sur des missiles ou des avions pour cibler les infrastructures ennemies.

Des missiles balistiques intercontinentaux chinois DF-41 à capacité nucléaire sont présentés lors d’un défilé militaire sur la place Tiananmen à Pékin, le 1er octobre 2019. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

Entre la guerre conventionnelle et nucléaire
Tin Pak, chercheur invité à l’Université nationale de défense de Taïwan, a souligné dans un article publié par l’Université de Washington en 2024 que les autorités militaires chinoises et américaines n’ont pas clairement indiqué leur position officielle quant à savoir si l’utilisation d’explosions nucléaires pour générer des impulsions électromagnétiques serait considérée comme un acte de guerre nucléaire.
La littérature militaire publiée récemment dans les deux pays suggère que les frappes électromagnétiques par bombe nucléaire se situent en dessous du seuil correspondant à une attaque nucléaire directe, mais selon M. Pak, l’APL accorde une grande importance à l’utilisation des impulsions électromagnétiques dans les opérations offensives.
Il a fait remarquer que les écrits militaires chinois décrivent souvent les frappes électromagnétiques en utilisant le terme « masse d’assassin », qui fait référence à une arme cachée utilisée par un guerrier pour vaincre d’un seul coup un adversaire autrement plus fort.
L’article cite un document d’orientation de la Commission militaire centrale du PCC, qui identifie la guerre de l’information comme la principale forme de guerre utilisée par la Chine. Ce document, publié par l’Université nationale de défense de l’APL, qualifie les cyberattaques visant les communications et les infrastructures de l’ennemi de « carte maîtresse pour un pays faible face à un pays puissant ».
« Alors que les Japonais ont cherché à porter un premier coup dévastateur contre les forces navales américaines déployées à Hawaï pendant la Seconde Guerre mondiale, il semble que la République populaire de Chine ait également envisagé une attaque surprise similaire à l’aide d’armes électromagnétiques à impulsion haute énergie (HEMP) », a écrit M. Pak.

Des soldats de l’Armée populaire de libération chinoise se rassemblent lors d’une formation militaire dans les montagnes du Pamir à Kashgar, dans la région nord-ouest du Xinjiang, en Chine, le 4 janvier 2021. (STR/AFP via Getty Images)

‘Leçon de Pearl Harbor’
Frapper directement les États-Unis « pourrait entraîner une riposte américaine que Pékin ne peut se permettre », a expliqué M. Schuster à Epoch Times.
« [Cependant], si une arme HEMP peut produire l’effet souhaité dans une zone ou une région opérationnelle donnée sans affecter le territoire national américain, le risque de représailles nucléaires est considérablement réduit », a-t-il poursuivi, ajoutant que le PCC avait peut-être tiré les leçons de l’expérience japonaise lors de la Seconde Guerre mondiale, à savoir la « leçon de Pearl Harbor ».
Bien que les relations entre les États-Unis et le Japon étaient déjà mauvaises avant l’attaque surprise japonaise du 7 décembre 1941, l’opinion publique américaine était mitigée quant à la perspective d’une guerre. Mais après les frappes injustifiées contre la base navale hawaïenne, qui ont coûté la vie à près de 2400 militaires et civils américains, l’opinion publique s’est largement ralliée à l’idée de vaincre totalement l’Empire japonais.
La Chine communiste a testé sa première bombe nucléaire en 1964.
« Pour les États-Unis, il serait beaucoup plus difficile de rallier la population contre la Chine » après une frappe qui ne viserait que les alliés ou les ressources militaires et de renseignement américains déployés en dehors des États-Unis, a souligné M. Schuster.
Selon lui, si le dirigeant du PCC Xi Jinping accorde une « grande priorité » à la conquête de Taïwan, il considère toutefois que le Japon voisin est une cible plus probable pour les frappes EMP chinoises.
Aux côtés des États-Unis, le Japon, qui possède ses propres forces militaires et accueille des troupes américaines, serait un autre allié potentiel pour venir en aide à Taïwan si le régime chinois tentait de prendre l’île par la force.
Alors que « la Chine devrait reconstruire Taïwan après les ravages causés par une impulsion électromagnétique » en rétablissant ses « infrastructures électriques et numériques, détruire celles du Japon empêcherait toute intervention américaine en faveur de Taïwan et enverrait un message géopolitique très fort aux dirigeants politiques de Taipei, qui réduirait, voire anéantirait, leur volonté de résister », a poursuivi M. Schuster.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.