Logo Epoch Times

Alerte info

plus-iconUne autoroute en plein forêt amazonienne

Des dizaines de milliers d’hectares de forêt tropicale rasés pour une autoroute, juste avant la COP30

Le sommet climatique mondial a débuté dans la ville brésilienne de Belém. Pendant deux semaines, quelque 50.000 participants doivent débattre de la protection du climat et lancer de nouvelles mesures.

top-article-image

Vue Aérienne de la déforestation d'une route en cours de construction dans la forêt amazonienne, pour la Cop 30 de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Belém, Pará, au Brésil. Photo disponible depuis le 21 août 2025 (Shutterstock)

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 12 Min.

Dans la ville amazonienne brésilienne de Belém se tient du 10 au 21 novembre la 30e conférence des Nations unies sur le climat (COP30). Des délégations de plus de 190 États participent aux négociations de deux semaines. Environ 50.000 participants sont attendus. Beaucoup considèrent la COP30 comme un test pour le multilatéralisme à une époque marquée par des initiatives nationales de plus en plus nombreuses.
Dans ce contexte,  une autoroute de 13 km construite en pleine forêt amazonienne avant la COP30 fait polémique, selon Courrier International.

Le Brésil fait de la protection des forêts une de ses priorités

Les thèmes centraux sont, aux yeux de nombreux participants, les engagements nationaux de lutte contre le réchauffement climatique jugés jusqu’ici insuffisants pour en limiter l’ampleur. Il est aussi question des aides financières des pays riches envers les pays plus pauvres.
Le pays hôte, le Brésil, fait de la protection des forêts une de ses priorités et a lancé, à la veille de la COP30 jeudi, le fonds mondial de protection des forêts tropicales TFFF.
La Norvège envisage d’investir des milliards dans le nouveau fonds mondial de protection des forêts Tropical Forest Forever Facility (TFFF). Le pays scandinave consacrerait jusqu’à 30 milliards de couronnes norvégiennes (2,56 milliards d’euros) à ce nouvel instrument climatique, a déclaré la semaine dernière le gouvernement norvégien à Belém.
Cela suppose que d’autres États participent financièrement. Au moins 8,52 milliards d’euros devraient être apportés par d’autres pays donateurs.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé vendredi, lors de son discours au sommet, une contribution allemande « conséquente » au TFFF, tout en soulignant que protection du climat et croissance économique devaient aller « main dans la main ».

Favoriser les partenariats internationaux

Au sommet, la coopération entre gouvernements, entreprises, organisations de la société civile et institutions internationales est un aspect central. Plus de 30 thèmes sont au programme des deux prochaines semaines.
Sont notamment prévus : le financement climatique, les mesures d’adaptation au changement climatique, la protection des forêts et de la biodiversité, les droits des peuples autochtones, la participation des jeunes, les innovations technologiques ainsi que le développement de villes et d’infrastructures durables.
Le « Programme d’Action » vise à promouvoir des solutions concrètes et des partenariats internationaux, comme l’indique la COP30 dans sa présentation. Le gouvernement brésilien souligne l’importance particulière de Belém, située en zone amazonienne.

Sommet sur le climat à Belem, au Brésil, le 6 novembre 2025. (Shutterstock)

Le choix de ce site mettrait en lumière le rôle central des forêts tropicales dans le système climatique mondial et la nécessité d’associer activement les communautés indigènes à la politique climatique.

La taxe carbone sur les importations suscite des tensions

La conférence a débuté le lundi 10 novembre par un bilan des progrès réalisés au regard de l’accord de Paris sur le climat. Dans les jours suivants, les débats porteront sur le financement climatique, les stratégies d’adaptation et la réduction des émissions.
Sont également au programme : la protection des ressources naturelles, le rôle des communautés locales, la mobilité durable, les systèmes alimentaires, la santé, l’éducation, l’égalité des sexes et l’intégration du secteur privé. La clôture sera consacrée à la coopération multilatérale et à la mise en œuvre directe des mesures convenues.

Compétitivité de l’industrie européenne : mécanisme d’ajustement carbone aux frontières

Un élément important de la stratégie climatique de l’UE, une sorte de taxe carbone sur les importations, a provoqué des remous au début de la COP30, rapportent les agences. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM, Carbon Border Adjustment Mechanism) vise à protéger la compétitivité de l’industrie européenne, soumise à des règles strictes en matière d’émissions.
Mais ses détracteurs craignent que la taxe carbone aux frontières n’engendre des tensions indésirables avec des pays partenaires du monde entier — tensions susceptibles d’exploser à Belém.
Le mécanisme prévoit que les importateurs de produits à forte intensité carbone — comme l’acier, l’électricité, le ciment ou les engrais — en provenance de pays dépourvus de systèmes d’échange de quotas d’émission doivent acheter des certificats de pollution correspondant à la nocivité climatique de leurs importations. L’objectif est d’éviter que les entreprises européennes pâtissent d’un désavantage concurrentiel ou délocalisent leur production vers des pays aux normes climatiques moins exigeantes. Il vise aussi à inciter des pays tiers à verdir leurs industries.

Le prix de l’acier pourrait doubler

Les prix du carbone en Europe se situant actuellement entre 70 et 80 euros la tonne — et devant vraisemblablement dépasser 100 euros d’ici 2030 —, les conséquences financières seraient considérables. Pierre Leturcq, de l’Institut européen pour la politique de l’environnement, estime :
« Cela pourrait presque doubler le prix d’une tonne d’acier. »
Bruxelles envisage par ailleurs d’étendre le mécanisme à d’autres secteurs — une mesure particulièrement sensible pour les industries automobile et aéronautique. Testé depuis 2023, le CBAM devrait être pleinement opérationnel en 2026.
L’UE présente le CBAM comme un outil incitant à des pratiques commerciales plus vertueuses à l’échelle mondiale. Certains partenaires commerciaux y voient cependant une forme déguisée de protectionnisme. Elisa Giannelli, du think tank environnemental E3, critique surtout la communication de Bruxelles envers ses partenaires commerciaux :
« Personne n’a vraiment fait l’effort de leur expliquer de quoi il s’agit. »
Parmi les plus vifs opposants figure le président américain Donald Trump. Selon Pierre Leturcq, cette hostilité s’inscrit dans son rejet plus large de « la politique environnementale en général ». L’analyste signale aussi de fortes inquiétudes parmi les pays en développement. Il existe « une crainte réelle » que les pays du Nord global « finissent par faire peser le fardeau financier de la réduction des émissions au Sud », dit-il.
Le député libéral européen Pascal Canfin conteste : selon lui, le CBAM concerne principalement les échanges avec des pays industrialisés comme les États‑Unis, le Canada, la Chine, la Russie et, pour les engrais, également l’Ukraine. Pour les pays en développement, ce ne serait « pas un problème ».
Plusieurs pays, dont la Chine, l’Inde et la Bolivie, entendent aborder la taxe carbone aux frontières à Belém en la qualifiant de « mesure commerciale unilatérale ». Le sujet pourrait, selon Pierre Leturcq, détourner l’attention de « discussions plus importantes » sur le financement climatique et la réduction des émissions. Dans ce domaine, des centaines de milliards d’euros d’investissements seront nécessaires.

L’UE prévoit de générer 1,4 milliard de recettes annuelles grâce au CBAM

On estime que l’UE recueillera 1,4 milliard d’euros par an à partir de 2028 grâce au CBAM. Pour apaiser les tensions, des experts ont proposé que l’UE consacre une part des recettes de la taxe carbone aux frontières à des mesures climatiques dans les pays en développement.
Outre l’UE, le Royaume‑Uni planifie lui aussi une taxe carbone aux frontières, à instaurer d’ici 2027. D’autres pays pourraient suivre. Le sénateur démocrate américain Sheldon Whitehouse a qualifié l’approche européenne du CBAM de « dernière bouée de sauvetage » pour donner un prix à la pollution atmosphérique. Si le modèle se répand, « un chemin vers la sécurité climatique pourrait émerger », sinon ce serait « game over », a‑t‑il alerté.

(Shutterstock)

Outre les désaccords en ouverture, l’événement a déjà suscité de vives critiques en amont. Si la protection de la forêt tropicale est bien, comme indiqué en introduction, un thème majeur, des dizaines de milliers d’hectares de « poumon vert » du Brésil avaient été abattus, avant la conférence, afin de construire une autoroute à quatre voies.

Une autoroute de 13 kilomètres construite à travers la forêt tropicale à l’approche de la COP30

Des images de drones montrent la zone défrichée, rapporte le portail d’information autrichien Puls24. Les arbres abattus s’amoncellent au bord de la route, tandis que des engins de chantier ont labouré la forêt protégée pour niveler la zone humide.
Le gouvernement aurait voulu réaliser l’« Avenida Liberdade » (Avenue de la Liberté) dès 2012. En raison de craintes liées aux dommages environnementaux, le projet avait été reporté à plusieurs reprises, puis finalement mis en œuvre dans le cadre des préparatifs du sommet climatique.
Des ONG environnementales et de défense des droits humains craignent désormais que cette ouverture facilite de nouveaux défrichements, la zone devenant plus accessible. Les scientifiques redoutent également des effets néfastes pour la faune, comme le rapporte le quotidien Die Presse.
Selon 20minutes, la construction de cette route en plein milieu de l’Amazonie n’a pas été lancée spécialement pour la COP 30. Ce projet existe depuis 2020, sous le nom « rodovia liberdade », avant que la candidature de Belém n’ait été retenue par l’ONU – en mai 2023 – pour accueillir l’événement.

Sommet sur le climat à Belem, au Brésil, le 6 novembre 2025. (Shutterstock)

Mais cette autoroute construite en pleine forêt amazonienne a contrasté avec les déclarations du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva qui a souligné que la conférence offrait une occasion de mettre en lumière l’importance de la forêt tropicale.
Selon le portail Verbraucherschutzforum.berlin, la COP30 serait destinée à promouvoir la protection de l’Amazonie, tandis qu’on la détruirait simultanément. On reproche aussi au Brésil de se présenter en leader de l’écologie tout en poursuivant la déforestation et l’exploitation pétrolière.
La participation d’une représentante du groupe agrochimique Syngenta en tant que membre de la délégation suisse est également contestée. Des ONG accusent la Confédération alpine de placer des intérêts économiques au‑dessus des objectifs climatiques.