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Des délégués ukrainiens se rendent aux États Unis pour reprendre les pourparlers de paix
L’Ukraine a remplacé son principal négociateur après sa démission, sur fond de vaste scandale de corruption.

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio (4ᵉ à partir de la g.) et l’envoyé spécial Steve Witkoff (3ᵉ à partir de la g.) font face à la délégation ukrainienne lors de discussions sur un plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, à la mission américaine à Genève, le 23 novembre 2025.
Photo: Fabrice COFFRINI / AFP via Getty Images
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme que les États‑Unis adoptent « une approche constructive » dans les négociations de paix, alors que des délégués de Kiev se rendent en Amérique pour reprendre les discussions.
La délégation ukrainienne est conduite par le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, Rustem Oumerov, et par le chef du renseignement militaire, Kyrylo Boudanov. Ils sont partis pour les États‑Unis le 29 novembre afin de poursuivre les discussions autour de la dernière proposition de paix soutenue par Washington pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Ces entretiens doivent prolonger la récente séquence de négociations à Genève, en Suisse, où des représentants américains, ukrainiens et européens ont travaillé à la révision d’un plan de paix en 28 points. La version initiale prévoyait que l’Ukraine consente à des concessions territoriales, réduise la taille de ses forces armées et renonce à son projet d’adhésion à l’OTAN. En contrepartie, la Russie bénéficierait d’une levée progressive des sanctions et une partie de ses avoirs gelés serait réorientée vers la reconstruction de l’Ukraine.
La délégation américaine à Genève comprenait le secrétaire d’État Marco Rubio, le secrétaire à l’Armée Daniel P. Driscoll, l’envoyé spécial du président Donald Trump, Steve Witkoff, l’ambassadrice des États‑Unis en Ukraine, Julie Davis, ainsi que Jared Kushner, le gendre de M. Trump.
On ignore encore si tous participeront également au prochain cycle de pourparlers aux États‑Unis. Selon Reuters, qui cite un haut responsable de l’administration Trump, Marco Rubio, Steve Witkoff et Jared Kushner doivent rencontrer l’équipe ukrainienne en Floride. Epoch Times a sollicité la Maison‑Blanche pour obtenir une confirmation.
Washington comme Kiev décrivent pour l’instant ces négociations comme productives. La porte‑parole de la Maison‑Blanche, Karoline Leavitt, a indiqué qu’il restait « quelques points délicats, mais pas insurmontables, à régler », tandis que Volodymyr Zelensky s’est montré optimiste, affirmant que « l’équipe du président Trump nous écoute ».
Dans son allocution du soir, le 29 novembre, le président ukrainien a de nouveau exprimé son espoir de voir la diplomatie mettre un terme à un conflit qui entre désormais dans sa quatrième année.
« La diplomatie reste active. La partie américaine adopte une approche constructive et, dans les prochains jours, il sera possible de préciser les étapes qui permettront de mettre fin à la guerre de manière digne », a‑t‑il déclaré, selon l’agence de presse d’État Ukrinform.
« La délégation ukrainienne dispose de mandats clairs et j’attends des gars qu’ils travaillent dans le respect des priorités bien définies de l’Ukraine », a‑t‑il ajouté.
Ces pourparlers interviennent alors que le gouvernement de M. Zelensky est ébranlé par un scandale de corruption. Les agences anticorruption ukrainiennes accusent récemment plusieurs proches collaborateurs du président d’avoir participé à un montage visant à détourner des fonds provenant d’entreprises publiques du secteur énergétique, alors même que de vastes régions du pays subissent encore de longues coupures de courant en raison des frappes russes.
Rustem Oumerov dirige à présent la délégation de paix après la démission d’Andriy Iermak, chef de cabinet de Volodymyr Zelensky et précédent négociateur en chef. Ce dernier a quitté ses fonctions le 28 novembre, peu après une perquisition menée à son domicile par les enquêteurs anticorruption.
Deux autres hauts responsables impliqués dans ce scandale, le ministre de la Justice Herman Halouchtchenko et la ministre de l’Énergie Svitlana Hrynchouk, ont été limogés le 19 novembre, après avoir présenté leur démission.
La Russie, de son côté, manifeste peu d’intérêt pour la signature d’un accord de paix avec M. Zelensky, que le président russe Vladimir Poutine considère comme ayant outrepassé son mandat depuis que l’Ukraine a suspendu l’élection présidentielle de 2024.
« Signer des documents avec les autorités ukrainiennes n’a aucun sens », a déclaré M. Poutine le 27 novembre, cité par l’agence d’État Tass. « Les autorités ukrainiennes ont commis, à mon sens, une erreur fondamentale et stratégique en cédant à la peur de participer à l’élection présidentielle. Le président y a perdu sa légitimité. »

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