Opinion
Démographie: la catastrophe économique de la Chine

Une affiche avec l'ancien dirigeant chinois Deng Xiaoping à Shenzhen, dans la province du Guangdong (sud de la Chine), le 8 novembre 2018. Shenzhen est le symbole des réformes lancées par la Chine il y a 40 ans : des anciens villages de pêcheurs se sont transformés en un centre manufacturier d’importance mondiale.
Photo: Wang Zhao/AFP via Getty Images
Depuis que Pékin a annoncé, il y a quelques mois, que la population chinoise diminuait, les commentaires vont bon train sur la façon dont cette tendance va compromettre les perspectives économiques de la Chine. Cette inquiétude est justifiée. La démographie chinoise va paralyser une économie autrefois florissante.
Ce qui manque toutefois à la plupart de ces commentaires, c’est une explication de la manière dont les tendances démographiques causeront des dommages à l’économie. Voici, en quelques mots, où on en est.
Le problème démographique de la Chine trouve son origine dans une décision prise à la fin des années 1970 par Deng Xiaoping, le dirigeant chinois de l’époque. Au moment où l’économie chinoise s’ouvrait au monde, il a décidé de rendre la population le plus disponible possible pour effectuer le travail – et ce, en promulguant une politique n’autorisant qu’un seul enfant par famille.
Comme résultat de cette « politique de l’enfant unique », le taux de fécondité en Chine est passé dans les années 1980 d’une moyenne élevée de six à sept naissances au cours de la vie d’une femme à moins de trois. Vers les années 1990, cette moyenne est tombée à moins de deux, en dessous du nombre nécessaire pour empêcher le déclin de la population. Elle est restée à ce niveau depuis lors.
Dans un premier temps, cette situation a permis à un plus grand nombre de personnes de travailler en dehors du foyer. Ces gens ont travaillé dans les usines chinoises et ont produit un excédent économique suffisant pour faire exploser les exportations et soutenir les projets d’infrastructure monumentaux qui ont rapidement fait la renommée de la Chine. L’économie réelle a connu un véritable boom, avec une croissance de plus de 10% par an pendant des décennies.
Toutefois, si la « politique de l’enfant unique » a fonctionné à la fin du 20e et au début du 21e siècle, elle a causé des problèmes en Chine aujourd’hui et continuera à le faire. Les faibles taux de natalité enregistrés depuis environ 35 ans ont radicalement ralenti l’afflux de jeunes travailleurs susceptibles de prendre la place de ceux qui partent actuellement à la retraite. La pénurie de main-d’œuvre a freiné les taux de croissance économique et continuera de le faire. Selon les calculs de Pékin, la Chine ne dispose actuellement que de la moitié du nombre d’ouvriers d’usine dont elle a besoin.
D’un point de vue économique, le fait que la main-d’œuvre limitée doive de plus en plus subvenir aux besoins d’un nombre croissant de retraités est encore plus imposant. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Chine comptait 6,5 personnes en âge de travailler pour chaque personne en âge de prendre sa retraite en 2000. En 2010, ce chiffre était tombé à 5,4, et en 2020 à 3,6. D’ici 2040, le ratio devrait tomber à 1,7.
Ce nombre limité de travailleurs devra subvenir à ses propres besoins, à ceux de ses proches et à une bonne partie des besoins de chaque retraité. Peu importe que les retraités disposent de ressources de retraite suffisantes ou qu’ils dépendent de l’aide d’État, le calcul sera le même. Les travailleurs, en plus de leurs autres besoins, devront répondre aux demandes des retraités en matière d’alimentation, d’habillement, de logement, de services médicaux, etc. Sous une telle pression, il est difficile de voir la Chine produire un excédent économique pour soutenir son énorme machine d’exportation ou les projets d’investissement nécessaires pour assurer une croissance économique rapide.

Des ouvriers chinois travaillent dans une usine de vêtements à Shenzhen, dans la province chinoise du Guangdong, le 4 mai 2005. (China Photos/Getty Images)
Il existe bien sûr des facteurs atténuants. L’augmentation de la productivité – peut-être à partir des applications de l’intelligence artificielle – se substituera aux tâches actuellement effectuées par les humains. Elle permettra également aux travailleurs de demain de produire plus que les travailleurs du passé. Toutefois, cette source ne peut offrir qu’un soulagement limité. De son côté, l’énorme problème actuel du chômage parmi les jeunes n’aide pas beaucoup à résoudre le problème.
La plupart des chômeurs d’aujourd’hui ont fait des études universitaires et sont peu enclins à travailler comme ouvriers, alors que c’est là que se trouve le besoin. Plutôt qu’une source de soulagement, ces gens représentent un gaspillage de ressources qui réduit en fait la main-d’œuvre disponible. L’immigration pourrait aider, du moins en théorie, mais rares sont ceux qui aimeraient immigrer en Chine. En effet, le pays connaît une émigration nette.
Pékin a reconnu son erreur passée et encourage désormais les familles à avoir plus d’enfants. Même si les gens profitaient de la nouvelle libéralité de Pékin, il faudrait 15 à 20 ans pour que les nouvelles naissances affectent la main-d’œuvre dont a besoin l’économie. Le taux de fécondité semble même avoir baissé depuis l’entrée en vigueur de la « politique des deux enfants » en 2015 et être peu affecté par l’introduction de la « politique des trois enfants » en 2021.
La démographie n’est qu’un des défis économiques de la Chine. Il s’agit toutefois d’un défi vraiment fondamental dans tous les sens du terme. En outre, la Chine ne peut espérer résoudre ce problème rapidement. Pas assez rapidement pour atteindre ses objectifs de croissance à long terme ni pour permettre de réaliser bientôt l’ambition d’hégémonie économique et politique mondiale du chef du Parti communiste chinois Xi Jinping.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Milton Ezrati, auteur, est collaborateur de la rédaction de The National Interest, une filiale du Centre d'études sur le capital humain de l'université de Buffalo (SUNY), et économiste en chef de Vested, une société de communication basée à New York. Avant de rejoindre Vested, il a été chef de la stratégie de marché et économiste pour Lord, Abbett & Co. Il écrit également fréquemment pour le City Journal et blogue régulièrement pour Forbes.
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