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Décrypter le génie de Léonard de Vinci : faire revivre des machines visionnaires

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Tom Rizzo avec le « réservoir » de Léonard de Vinci, construit par le Musée Léonard de Vinci de Florence à partir des instructions et des dessins du grand penseur, créé des siècles avant le premier véritable réservoir.

Photo: Tom Rizzo, Artisans de Florence

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Durée de lecture: 9 Min.

Les machines imaginées par Léonard de Vinci sont si visionnaires qu’on croirait que le maître florentin avait entrevu l’avenir. Aujourd’hui, elles prennent vie sous les mains d’artisans italiens, offrant un pont tangible entre la Renaissance et notre époque.
Imaginez déchiffrer une écriture oubliée, recomposer des instructions venues du XVe siècle, puis transformer des croquis en machines fonctionnelles. Depuis trois générations, des artisans italiens se consacrent à cette tâche. Non seulement ils ont appris à lire l’écriture « en miroir » de Léonard de Vinci, mais ils partagent désormais ses visions avec le monde entier.
Un génie aux multiples talents
Né en 1452, Léonard de Vinci, mondialement célèbre pour la Joconde, fut également inventeur, ingénieur, scientifique et anatomiste. Parmi ses héritages les plus singuliers figurent ses carnets, remplis de concepts mécaniques préfigurant l’hélicoptère, le char d’assaut, le robot ou la bicyclette — des inventions imaginées plusieurs siècles avant de devenir réalité.

Le chariot automoteur de Léonard de Vinci, assemblé par le Musée Léonard de Vinci de Florence à partir des instructions et des dessins du polymathe, des centaines d’années avant la première voiture, est exposé au Musée Redcliffe dans le Queensland, en Australie, le 16 août 2025. (Daniel Y. Teng/The Epoch Time)

Les créations de Léonard de Vinci en Australie
Aujourd’hui, certaines de ces créations sont exposées en Australie, grâce aux Artisans de Florence, une société internationale spécialisée dans les expositions itinérantes, en partenariat avec le Musée Léonard de Vinci en Italie. Les visiteurs peuvent y découvrir, avec un niveau de précision étonnant, les machines de Vinci, aux côtés d’expositions sur la technologie romaine antique et les découvertes de Galilée. Depuis 2004, la tournée a traversé plus de cinquante pays, attirant plus de vingt millions de visiteurs.
L’attrait universel de Léonard de Vinci
Pour Tom Rizzo, directeur de l’exposition basé à Melbourne, l’attrait de Vinci est universel. « J’ai été stupéfait par l’ampleur de la réponse dans des pays où je n’imaginais pas un tel engouement, comme la Chine, le Japon, la Corée, et même l’Inde », confie-t-il à Epoch Times. Selon lui, ce succès tient à la capacité de Léonard de Vinci à innover dans des domaines apparemment disparates : « Il a été anatomiste, architecte, botaniste, ingénieur militaire, pionnier de l’aéronautique, peintre… et la liste pourrait s’allonger encore. »

Les machines sont construites à Florence depuis les années 1960. (Tom Rizzo, les Artisans de Florence)

Au Japon, certaines expositions connaissent un véritable engouement, au point d’être qualifiées de « Da Vinci mania » par Tom Rizzo. L’homme raconte sa propre découverte de cet univers : après avoir aidé bénévolement à installer l’exposition à Melbourne, il s’est trouvé « absolument fasciné » par l’étendue et la diversité des croquis, qu’il pensait provenir de nombreux artistes de la Renaissance. « Je me suis rendu compte qu’ils appartenaient tous à un seul homme : Léonard de Vinci », explique-t-il.
Des inventions qui préfigurent le monde moderne
Nombre de ses inventions anticipent des technologies modernes. Sa première bicyclette, par exemple, se rapproche beaucoup du vélo contemporain, bien plus que du penny-farthing. Léonard de Vinci a également imaginé l’ancêtre de l’hélicoptère, du scaphandre et du deltaplane, des machines qui ont été réinventées indépendamment plusieurs siècles plus tard.

Le vélo de Léonard de Vinci, assemblé par le Musée Léonard de Vinci de Florence à partir des instructions et des dessins du grand penseur, réalisés des centaines d’années avant le premier vélo, est exposé au Musée Redcliffe, dans le Queensland, en Australie, le 16 août 2025. (Daniel Y. Teng/The Epoch Times)

Il savait revisiter d’anciennes technologies, comme la vis d’Archimède, et concevoir des machines originales, telles qu’une voiture à ressort ou encore une bicyclette. « J’ai été sidéré par l’ampleur et la diversité de son œuvre », poursuit Tom Rizzo. Il était en avance sur son temps, littéralement.
Reconstituer un puzzle historique
À sa mort en 1519, Léonard de Vinci a laissé plus de 2000 dessins techniques. Ces derniers ont été découpés, réarrangés et classés par thèmes par un marchand d’art de l’époque, créant un véritable puzzle pour les historiens : un croquis d’une partie d’une machine peut se trouver dans un recueil, tandis qu’un autre dessin essentiel est dans un volume différent.

Un robot, conçu par Léonard de Vinci. (Tom Rizzo, des Artisans de Florence)

« Nous devons avoir une connaissance globale de tous ses croquis afin de les reconstituer et recréer fidèlement certaines machines », souligne M. Rizzo.
L’écriture en miroir et le dialecte florentin
L’un des principaux obstacles à la reconstruction de ces inventions est l’écriture « en miroir » de Léonard de Vinci, tracée de droite à gauche. « Au début, il fallait un miroir pour lire facilement ses œuvres. Aujourd’hui, nos artisans, après des années de pratique, peuvent les déchiffrer sans aide », explique-t-il.

L’exposition est passionnante pour petits et grands. (Tom Rizzo, des Artisans de Florence)

La majorité de ces artisans sont natifs de Florence, un atout indispensable tant l’italien archaïque de Léonard de Vinci correspond à un dialecte local. De nombreux termes employés dans son Codex Atlanticus demeurent incompréhensibles pour qui n’est pas florentin.
Une initiative née dans un atelier italien. L’aventure a commencé dans les années 1960 avec Carlo Niccolai, qui a transformé avec soin son atelier et, avec son fils, s’est mis à reconstituer les machines de Léonard de Vinci en bois.
Rendre l’art accessible à tous
Mais comment une exposition européenne de cette envergure se retrouve-t-elle dans de petits musées australiens ? Tom Rizzo répond : « Nous avons conclu un accord spécial avec le musée de Florence pour consacrer une partie de la collection à une tournée dans les régions reculées d’Australie. Nous avons obtenu des conditions économiques favorables afin de la proposer au plus grand nombre. »

Le deltaplane de Léonard de Vinci, assemblé par le Musée Léonard de Vinci de Florence à partir des instructions et des dessins du polymathe, créés des centaines d’années avant le premier véritable engin de deltaplane, est exposé au Musée Redcliffe, dans le Queensland, en Australie, le 16 août 2025. (Daniel Y. Teng/The Epoch Times)

La tournée actuelle en Australie
L’objectif est de permettre à des communautés isolées ou défavorisées, qui n’auraient jamais eu la possibilité de se rendre à Florence, de découvrir une exposition itinérante de classe mondiale.
La dernière étape se déroule dans la région de Moreton Bay, au nord de Brisbane, jusqu’au 9 novembre, répartie sur quatre sites. Pour les visiteurs ayant peu de temps, les collections les plus importantes se trouvent au Redcliffe Museum et au Pine Rivers Heritage Museum.