Le Quatrième plénum du 20e Comité central du Parti communiste chinois (PCC) s’est ouvert à Pékin le 20 octobre, sans le déploiement médiatique habituel que ce type d’événement suscite d’ordinaire dans les médias d’État.
Ce black-out informationnel a suivi la récente
purge de neuf généraux de haut rang, dont des figures influentes de la Commission militaire centrale (CMC), accentuant la perception d’instabilité au sommet du PCC.
Le ton mesuré des médias durant le plénum s’est accompagné d’une propagande d’État destinée à réaffirmer la confiance dans l’autorité du dirigeant chinois, Xi Jinping.
Quelques jours plus tôt, le 17 octobre, le PCC a écarté neuf hauts responsables militaires, un geste rare. Initialement prévu pour 2024, le Quatrième plénum a été repoussé d’un an sans explication officielle, nourrissant les spéculations sur des dissensions internes, sur fond de ralentissement économique post-pandémie de Covid-19.
Bien que les médias d’État aient affirmé que le plénum portait sur l’élaboration du prochain plan-cadre économique et social quinquennal, dit « 15e Plan quinquennal », la couverture de l’événement est restée feutrée.
Couverture médiatique atone
La réunion de quatre jours, du 20 au 23 octobre, aurait normalement été martelée en une des médias d’État, avec des gros titres et des images des principaux dirigeants du PCC.
Au lieu de cela, les organes de propagande — dont l’agence Xinhua, le Quotidien du Peuple et la Télévision centrale de Chine (CCTV) — se sont contentés, le jour d’ouverture, d’un traitement minimal et routinier.
Leurs dépêches, toutes quasi identiques, ont recyclé les slogans du Parti tels que « sous la direction du Comité central du PCC avec le camarade Xi Jinping en son cœur » et ont mis l’accent sur l’objectif de « développement de haute qualité » et « d’autosuffisance technologique ».
À la veille du 20 octobre, le récit officiel, diffusé sur divers supports d’État, se bornait à noter que Xi avait présenté un rapport d’activité et introduit un projet de plan de développement économique et social pour les cinq prochaines années.
Aucune photographie, séquence vidéo ou citation n’a été proposée, un contraste frappant avec le style propagandiste habituel du PCC, fait de visuels soignés et d’enthousiasme orchestré.
Le journal télévisé du soir de CCTV n’a pas ouvert sur le plénum, ne le mentionnant brièvement que dans une rubrique consacrée aux informations internationales et aux réactions.
Le récit propagandiste du PCC
Le 20 octobre, les médias d’État ont publié un long éditorial signé par Xinhua, intitulé « Assurer un progrès décisif vers la modernisation socialiste — À l’occasion du Quatrième plénum ».
Le texte a multiplié les références à Xi en tant que « secrétaire général » — le titre formel du chef du PCC, également en usage dans d’anciens régimes communistes comme l’Union soviétique —, le dépeignant comme le guide indispensable de la réussite chinoise et présentant le nouveau plan quinquennal comme la continuité de sa vision.
L’observateur de la Chine Yue Shan a déclaré à Epoch Times que, si l’éditorial semble glorifier l’autorité de Xi, il pourrait aussi refléter une dissidence interne subtile, ce que certains sinologues décrivent comme une « ironie de haut niveau ».
« L’article attribue tous les succès au noyau dirigeant, tout en imputant des problèmes comme le ralentissement économique et l’endettement croissant à une mauvaise mise en œuvre par les gouvernements locaux ou à des conditions internationales défavorables », explique M. Yue.
« Cette pratique qui consiste à faire remonter les réussites et à faire descendre les responsabilités paraît, en surface, rehausser le sommet de l’État, mais, en réalité, elle crée une distance. Ce faisant, elle met involontairement à nu la fragilité de la structure de pouvoir du [PCC]. »
Un podcasteur chinois spécialisé dans la finance, qui se fait appeler « Wei Hu Shuo Fang », a fait écho aux opinions de M. Yue sur sa chaîne, mais a interprété l’éditorial comme une tentative de défendre l’autorité de Xi Jinping.
Selon lui, la propagande du PCC présente souvent le développement économique et la stabilité sociale du pays comme « deux miracles » accomplis sous la « direction centrale » de Xi, en évitant d’admettre le ralentissement conjoncturel actuel. Il souligne que ce récit insiste sur l’idée que, sans l’impulsion personnelle de Xi, ces réussites n’auraient pas été possibles.
Le podcasteur ajoute que ce discours réaffirme le rôle central du Parti dans la conduite de l’économie et de la société, suggérant que seule une direction centralisée permettrait d’éviter tout « déraillement ».
Il anticipe que le plénum ne produira que peu d’informations substantielles avant son dernier jour, lorsque sera publiée une communication vague, dessinant un avenir optimiste sans changement réel pour les citoyens.
À ses yeux, la Chine glisse progressivement vers une économie planifiée et un contrôle social à la nord-coréenne, afin de préserver la nature totalitaire du régime et sa mainmise sur le pouvoir.
Rumeurs d’un départ de Xi du commandement militaire
Sur les réseaux sociaux situés hors des plateformes chinoises très censurées, circule l’idée que Xi pourrait quitter la présidence de la Commission militaire centrale, au profit du général Zhang Youxia.
Le commentateur politique chinois Yuan Cheng a confié à Epoch Times que l’éditorial de Xinhua se concentrait avant tout sur Xi, le qualifiant à répétition de « noyau » du PCC.
M. Yuan oppose ces louanges appuyées à la dégradation de la conjoncture, estimant que le texte s’inscrit dans une manœuvre de Xi et de ses alliés pour gérer une crise politique et donner l’illusion d’une loyauté généralisée au sein du Parti.
À l’issue du Quatrième plénum, certains observateurs de la Chine estiment que l’attention restera focalisée sur la façon dont le PCC cherchera à préserver l’apparence d’unité, malgré l’accumulation de difficultés économiques et politiques.
Fang Xiao a contribué à la rédaction de cet article.