Opinion
Comment l’État-parti a détruit la santé démographique de la Chine
La crise démographique de la Chine – marquée par un vieillissement rapide de la population, une faible fécondité et une diminution de la main-d'œuvre – est le résultat de décennies de planification familiale stricte menée par le Parti communiste chinois

Des personnes âgées dans une rue de Pékin, le 11 mai 2021.
Photo: Wang Zhao / AFP via Getty Images
Un obstacle majeur au développement économique à long terme de la Chine est le vieillissement rapide de sa population. Cependant, il ne s’agit pas d’une évolution démographique naturelle : c’est le résultat de la politique de l’enfant unique imposée par le Parti communiste chinois (PCC). Cette politique coercitive, dirigée par l’État, a infligé des dommages profonds et durables à la société chinoise.
À la fin de l’année 2024, la population chinoise âgée de 65 ans et plus atteignait 220 millions de personnes — soit 15,6 % de la population totale — dépassant largement la moyenne mondiale de 10,2 %. La Chine abrite ainsi la plus grande population de personnes âgées au monde.
Ce processus de vieillissement anormal en Chine se manifeste de deux façons.
Premièrement, la vitesse du vieillissement est extrêmement rapide — plus de deux fois supérieure à la moyenne mondiale.
En 2000, la Chine est entrée dans la catégorie des sociétés « vieillissantes », définies comme ayant entre 7 % et 14 % de la population âgée de 65 ans ou plus. En 2021, elle appartenait déjà à la catégorie des sociétés considérées comme « âgées », dans lesquelles entre 14 % et 20 % de la population a 65 ans ou plus. Selon les démographes chinois, le pays devrait devenir une société « très âgée » — définie par une proportion de plus de 20 % de la population âgée de 65 ans et plus — aux alentours de 2033.
À partir de là, la part des personnes âgées continuera d’augmenter — atteignant 37 % d’ici 2060, puis se stabilisant brièvement avant de remonter à environ 46 % après 2080. À ce moment-là, près de la moitié des 800 millions de personnes que comptera la Chine seront âgées.
Alors que la plupart des pays à vieillissement précoce, comme la France, la Suède ou les États-Unis, ont mis environ 80 ans pour passer d’un vieillissement modéré à un vieillissement important, la Chine effectuera cette même transition en seulement 30 ans. Cette trajectoire reflète une grave distorsion dans la structure de la population chinoise.
Une autre caractéristique clé de la démographie chinoise est qu’elle vieillit avant d’être devenue riche.
La plupart des pays développés sont devenus des sociétés vieillissantes à un niveau de prospérité bien plus élevé. Par exemple, en 1950, environ 8 % des Américains avaient plus de 65 ans, et le PIB par habitant des États-Unis s’élevait à environ 1 974 dollars, soit plus de 25 000 dollars actuels.
En revanche, lorsque la Chine est entrée dans sa phase de vieillissement en 2000, son PIB par habitant était inférieur à 1 000 dollars. Sa population a commencé à vieillir avant d’avoir atteint un niveau de prospérité généralisé. Lorsqu’elle est devenue une société âgée en 2021, son PIB par habitant s’était amélioré pour atteindre 12 618 dollars, mais restait encore très inférieur à celui des pays développés.
Les données des Nations unies montrent que le vieillissement de la Chine a largement dépassé son développement économique. Ironiquement, l’État-parti avait justifié la politique de l’enfant unique comme un moyen de stimuler la croissance économique — alors qu’elle l’a en réalité freinée.
Le contraste entre la Chine et l’Inde rend cette anomalie encore plus évidente.
La Chine et l’Inde sont les deux pays les plus peuplés du monde. Le régime du PCC est arrivé au pouvoir en Chine en 1949, tandis que l’Inde est devenue une république en 1950. En 1951, l’Inde comptait environ 361 millions d’habitants, contre un peu plus de 550 millions pour la Chine. Les deux pays avaient alors des populations très jeunes. À l’époque, l’âge médian en Chine était de seulement 22,7 ans, avec seulement 4,4 % de la population âgée de 65 ans ou plus.
Mais des décennies plus tard, la Chine est devenue une société vieillie, tandis que l’Inde est restée remarquablement jeune.
Selon les indicateurs de développement de la Banque mondiale, en 2024, la part de la population âgée en Inde était de 7,1 %. En revanche, les données officielles montraient que la proportion de personnes âgées en Chine atteignait 15,6 % cette même année.
De plus, selon le Pew Research Center, citant des données de l’ONU, la proportion de personnes âgées en Inde restera inférieure à 20 % jusqu’en 2063, et n’atteindra pas 30 % avant 2100. Ces tendances annoncent un avenir démographique favorable pour l’Inde, à l’opposé de la crise qui menace la Chine.
La population chinoise est confrontée à des taux de natalité faibles et à un vieillissement rapide. Son âge médian est d’environ 40 ans ; près de 15 % de la population est âgée, et moins de 16 % a moins de 15 ans.
À titre de comparaison, l’Inde actuelle se vante souvent de sa main-d’œuvre jeune et abondante. Avec un âge médian d’environ 29 ans, l’Inde possède l’une des populations les plus jeunes au monde. Près d’un quart de la population a moins de 14 ans, et la part des personnes âgées y est deux fois moins élevée qu’en Chine.
La crise du vieillissement en Chine diffère significativement de celle de certains pays développés depuis longtemps considérés comme des sociétés vieillissantes. Le défi de la Chine est principalement lié à une chute dramatique des naissances — un phénomène que les démographes appellent le « vieillissement par le bas ». Cela se produit lorsque la base de la pyramide des âges rétrécit en raison d’une baisse des naissances. En revanche, le « vieillissement par le haut » se produit lorsque l’espérance de vie augmente et élargit le sommet de la pyramide. Dans le cas de la Chine, la baisse des naissances est le facteur clé.
Entre 1953 et 1982, la proportion de personnes âgées en Chine n’a augmenté que légèrement, passant de 4,4 % à 4,9 %. Mais après que le PCC a commencé à appliquer strictement la politique de l’enfant unique à partir de 1979, la proportion de personnes âgées a rapidement augmenté. En 2000, elle atteignait 7,0 %, marquant l’entrée de la Chine dans le « vieillissement modéré ». En seulement 18 ans, de 2000 à 2018, cette part a encore augmenté de 3,1 points de pourcentage.
Selon les propres déclarations du régime chinois en 2013, la politique de l’enfant unique a permis d’éviter plus de 400 millions de naissances. Derrière ce chiffre se cache une immense souffrance. Les slogans brutaux de l’époque donnent un aperçu de la rigueur de son application : « Mieux vaut construire dix tombes supplémentaires que laisser naître un enfant de plus », « Avortez-le s’il peut l’être ; provoquez-le s’il peut être provoqué ; en aucun cas il ne doit naître », et « Si une seule personne enfreint la règle, tout le village est stérilisé ».
Le PCC a imposé un contrôle draconien à l’ensemble de la population, privant les citoyens de leurs droits reproductifs et laissant derrière lui une structure démographique profondément déformée.
Les dommages causés en Chine, y compris le vieillissement rapide que nous observons aujourd’hui, ne sont pas des problèmes qu’une seule génération pourra réparer.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Wang He est titulaire de maîtrises en droit et en histoire, et a étudié le mouvement communiste international. Il a été professeur d'université et cadre d'une grande entreprise privée en Chine. Wang vit désormais en Amérique du Nord et publie des commentaires sur l'actualité et la politique de la Chine depuis 2017.
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