Santé et bien-être : réduire le temps d’écran pour protéger votre corps
Comment le temps passé devant les écrans impacte nos organes - et comment en limiter les effets sur la santé
Les preuves scientifiques qui montrent pourquoi il serait bon de passer moins de temps sur son téléphone. Accros à nos smartphones, nous perdons la notion du temps tandis que nos pouces défilent sur des fils de contenus sans fin, faciles et divertissants. Pendant ce temps, l’écran de quelques centimètres émet discrètement de la lumière bleue et des ondes électromagnétiques. Nous ne percevons peut-être pas ces influences constantes, mais notre esprit et notre corps, eux, les ressentent.
L’Américain moyen saisit son téléphone 144 fois par jour. De plus en plus de données scientifiques montrent qu’un excès de temps d’écran affecte presque toutes les parties du corps, à commencer par les yeux, le cœur et la colonne vertébrale.
Les Français consultent leur smartphone en moyenne 10 fois par jour. Le temps moyen d’usage quotidien varie entre 3h30 et 4h30.Cette fréquence d’utilisation est en augmentation avec l’importance des applications mobiles.
(Illustration par Epoch Times, Shutterstock)
Écrans lumineux, yeux fatigués
Les écrans intelligents émettent une combinaison de lumière rouge, verte et bleue. Dans ce spectre, ils produisent un pic notable de lumière bleue, situé entre 400 et 490 nanomètres, également appelée lumière visible à haute énergie (HEV). Nos yeux ne peuvent pas filtrer complètement cette lumière HEV, qui traverse donc l’œil et atteint la rétine, la couche sensible à la lumière située à l’arrière de l’œil.
Des études en laboratoire montrent qu’une exposition intense ou prolongée à la lumière bleue provoque des lésions temporaires ou permanentes de la cornée, du cristallin et de la rétine. Les dommages oculaires induits par la lumière bleue peuvent aussi rendre le cristallin opaque et endommager la cornée, entraînant divers troubles visuels.
La Dre Savleen Kaur, ophtalmologue pédiatrique qui a étudié les effets du temps d’écran sur les troubles visuels, a déclaré à Epoch Times que la lumière bleue des smartphones est associée au développement de la fatigue oculaire numérique, et que les enfants collés aux écrans risquent davantage de développer une myopie.
Une revue systématique portant sur plus de 335.000 participants a révélé qu’une heure supplémentaire de temps d’écran par jour augmentait de 21 % la probabilité de développer une myopie.
(The Epoch Times)
Et il n’y a pas que la myopie. Une étude publiée dans Ophthalmic Epidemiology a montré qu’une utilisation quotidienne du smartphone de plus de deux heures était associée à une probabilité accrue de présenter simultanément divers symptômes : vision floue, rougeur, troubles visuels, inflammation et sécheresse oculaire.
Pourtant, les yeux ne sont que les premières victimes de l’exposition aux appareils numériques.
Surcharge électromagnétique et fatigue auditive
Les personnes qui utilisent fréquemment leur téléphone portable dès le plus jeune âge peuvent développer une perte auditive comparable à celle habituellement observée chez des septuagénaires, a déclaré à Epoch Times le Dr Naresh Kumar Panda, spécialiste ORL ayant étudié les effets de l’usage du téléphone sur l’audition.
De nombreuses études ont évalué l’impact du rayonnement électromagnétique radiofréquence (EMR) des téléphones portables sur les oreilles. Lorsqu’on parle au téléphone, l’oreille, le nerf auditif et une partie du lobe temporal absorbent ce rayonnement.
Les EMR radiofréquences sont les ondes qui relient le téléphone à l’antenne-relais. Ces ondes peuvent pénétrer les tissus corporels, produire des effets thermiques et stimuler le système auditif, même en l’absence de son.
Plusieurs études ont montré que les personnes utilisant intensivement leur smartphone rapportent plus souvent une baisse de l’audition et un seuil auditif plus élevé, c’est-à-dire qu’elles ont besoin de sons plus forts pour entendre ce qui était auparavant normal. L’exposition prolongée aux EMR des téléphones portables, combinée à l’usage d’écouteurs ou d’oreillettes Bluetooth, peut également endommager les cellules ciliées internes de l’oreille, récepteurs sensoriels qui convertissent le son en signaux nerveux interprétés par le cerveau, provoquant ainsi une perte auditive légère à modérée.
L’usage prolongé du téléphone – même une heure d’appels par jour – pourrait altérer l’audition et désensibiliser les oreilles, a indiqué le Dr Panda. Les dispositifs Bluetooth sont « tout aussi nocifs ».
Les modifications du seuil auditif peuvent être temporaires si l’exposition n’est pas trop importante, mais les dommages au système auditif pourraient devenir permanents en cas d’exposition prolongée, a-t-il ajouté. Toutefois, il souligne que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour approfondir cette question.
Une étude brésilienne a trouvé des indices d’association entre les rayonnements électromagnétiques (EMR) radiofréquences et les acouphènes, notamment chez les personnes plus sensibles aux champs électromagnétiques. Le Dr Panda, qui n’a pas participé à cette étude, a précisé que les acouphènes constituent l’un des premiers signes avant-coureurs de perte auditive, et que les utilisateurs de téléphones portables pendant de longues périodes devraient y voir un signal d’alerte.
Métabolites distincts et cœur sollicité
Nos appareils portables ne nuisent pas seulement aux organes situés au-dessus des épaules : leurs effets descendent jusqu’aux autres systèmes de l’organisme.
Une étude publiée dans le Journal of the American Heart Association a montré qu’une augmentation du temps d’écran est associée à des changements anormaux des métabolites sanguins, liés à l’hypertension, à un excès de cholestérol et à la résistance à l’insuline.
Le Dr David Horner, auteur principal de l’étude, a qualifié ce schéma distinct de métabolites sanguins d’« empreinte biologique » du temps d’écran. Il a indiqué à Epoch Times que nombre de ces mêmes métabolites ont été identifiés dans des études précédentes sur l’obésité et les maladies cardiométaboliques, suggérant que cette « empreinte » pourrait représenter un stade précoce de voies de risque similaires.
L’analyse a révélé que chaque heure supplémentaire d’usage récréatif des écrans par jour était liée à une hausse mesurable du score de risque cardiovasculaire. Si les chiffres peuvent sembler faibles pour une seule heure, les effets s’accumulent : un enfant utilisant les écrans trois heures de plus par jour présenterait un score de risque environ un quart à une moitié plus élevé que ses pairs moins exposés, a-t-il précisé.
À l’échelle d’une population entière, cela représenterait un « changement significatif du risque cardiométabolique précoce pouvant persister à l’âge adulte ».
Par ailleurs, des études ont montré que les REM émis par les téléphones portables peuvent affecter la variabilité de la fréquence cardiaque, c’est-à-dire les intervalles de temps entre deux battements successifs. Cette variabilité reflète l’efficacité avec laquelle le système nerveux autonome – à la fois la branche du stress et celle de la détente – contrôle le cœur. Une faible variabilité de la fréquence cardiaque indique un stress cardiaque et constitue un facteur prédictif reconnu de troubles cardiovasculaires.
L’usage prolongé du téléphone portable est associé à une faible variabilité cardiaque chez les adultes en bonne santé.
Tenir le téléphone près de la poitrine modifie aussi les tracés ECG, et une exposition prolongée peut entraîner des palpitations et des douleurs thoraciques. Plusieurs études ont également montré que les smartphones et leurs accessoires, comme les écouteurs sans fil ou les montres connectées, peuvent interférer avec les dispositifs cardiaques implantables, notamment les pacemakers et les défibrillateurs.
Au-delà de ces effets physiques directs sur le cœur, les écrans augmentent aussi le risque cardiovasculaire de manière indirecte, en perturbant le sommeil. Le Dr Horner a observé cette corrélation dans son étude : la durée du sommeil expliquait environ 12 % de l’association globale entre le temps d’écran et le risque cardiométabolique, suggérant qu’une partie du risque provient du manque d’heures de sommeil réparateur causé par les écrans.
Posture défaillante et colonne vertébrale sollicitée
Être absorbé par son téléphone, affalé sur son canapé, peut aussi faire souffrir jusque dans les os.
Une sédentarité accrue est généralement liée à une utilisation problématique des écrans et favorise une mauvaise posture, entraînant douleurs au cou, aux épaules et au dos. Le temps prolongé passé assis et devant les écrans est corrélé négativement à la densité minérale osseuse globale.
Il existe une variété de « maladies du texto ».
En se concentrant sur de petits écrans, les gens ont tendance à fléchir davantage le cou, ce qui provoque une posture en avant de la tête, appelée « text neck ». C’est l’une des anomalies cervicales les plus courantes, rendant les personnes plus vulnérables à d’autres affections comme les maux de tête, la mauvaise position des omoplates ou les troubles temporo-mandibulaires – un ensemble de plus de 30 troubles des articulations et des muscles de la mâchoire.
Un rapport de cas publié dans Radiology Case Reports décrit l’histoire d’un « YouTuber » de 24 ans utilisant son smartphone au moins 16 heures par jour, le consultant toutes les dix minutes. Il souffrait depuis près d’un an de douleurs persistantes à la tête, au cou et au haut du dos, ainsi que d’un engourdissement du bras droit – des symptômes typiques du « text neck syndrome ».
Son état s’est aggravé au point qu’il ne pouvait plus maintenir la tête droite plus d’une minute. Une radiographie a révélé une courbure anormale du cou, des vertèbres désalignées et une dégénérescence arthritique des articulations cervicales. Après plus de trois mois de réduction du temps d’écran et d’exercices de correction posturale, ses symptômes se sont nettement améliorés.
Balayer constamment l’écran du téléphone peut également provoquer des douleurs au poignet et au pouce dues à une sollicitation répétée, menant à des affections comme le « pouce du texto ».
Ondes numériques et fertilité perturbée
De nombreuses études ont montré que l’exposition au rayonnement des appareils numériques, y compris les téléphones portables et les ordinateurs portables, est associée à une baisse de la motilité, de la viabilité et de la concentration des spermatozoïdes – trois indicateurs essentiels de la fertilité masculine.
Une étude a examiné les effets des REM sur la motilité des spermatozoïdes en laboratoire. Des échantillons de sperme d’hommes en bonne santé âgés de 20 à 35 ans ont été exposés à différentes sources d’EMF pendant une heure, avant d’être immédiatement évalués.
Les résultats ont montré que la motilité progressive des spermatozoïdes – leur capacité à se déplacer en ligne relativement droite – diminuait de 19,5 points de pourcentage après exposition à des appareils comme les smartphones et les réseaux Wi-Fi, comparativement aux témoins. La proportion de spermatozoïdes immobiles augmentait de 10 points.
(Epoch Times)
Ce ne sont pas seulement les émissions électroniques des REM qui posent problème, mais aussi leurs effets thermiques. Garder des appareils numériques près de l’aine, comme dans les poches de pantalon, peut élever la température scrotale au-dessus des niveaux physiologiques normaux. Ce réchauffement peut altérer la formation et la fonction des spermatozoïdes, entraînant une baisse de la fertilité masculine. Plus l’exposition est longue et rapprochée, plus les effets sont nocifs.
Les effets sont également observés chez les femmes. Une étude californienne menée auprès de plus de 900 femmes enceintes a révélé que celles exposées à des niveaux élevés de rayonnement présentaient près de trois fois plus de risques de fausse couche que celles faiblement exposées. L’étude utilisait un dispositif portable mesurant l’exposition aux champs magnétiques de divers appareils, y compris les téléphones, sur 24 heures. Une méta-analyse a abouti à une conclusion similaire.
Utiliser le téléphone plus de 30 minutes par jour pendant la grossesse pourrait également freiner le développement normal du fœtus, entraînant des bébés plus petits que ceux de mères utilisant moins leur téléphone.
Le risque de cancer
Le risque de cancer lié à l’exposition au rayonnement des téléphones portables reste controversé, les études produisant des résultats contradictoires et sans consensus clair à ce jour. En 2011, l’Agence internationale de recherche sur le cancer (OMS) a classé les champs électromagnétiques radiofréquences comme « peut-être cancérogènes pour l’homme », sur la base de preuves limitées.
Cependant, la dernière revue systématique, partiellement financée par l’OMS, a trouvé des preuves solides issues d’études animales à long terme selon lesquelles l’exposition aux REM radiofréquences augmente le risque de deux types de tumeurs malignes chez les rats. La Commission internationale sur les effets biologiques des champs électromagnétiques a indiqué dans un communiqué que « les mêmes types de tumeurs ont également été observés dans des études humaines » portant sur des utilisateurs de téléphones portables, « renforçant la confiance dans la réalité de ces associations ».
« Les études animales sont essentielles pour prédire le risque de cancer chez l’homme », a déclaré Ron Melnick dans le communiqué.
Le coût mental
Un temps d’écran excessif peut également affecter le fonctionnement du cerveau et réduire le volume de matière grise, notamment dans les zones impliquées dans le contrôle des impulsions, la prise de décision et la régulation des émotions.
Gadi Lissak, psychologue en médecine clinique et comportementale, a déclaré à Epoch Times que ces altérations structurelles, observées dans diverses études d’imagerie cérébrale, rappellent les comportements addictifs observés dans les dépendances aux substances. Ces changements neuronaux rendent plus difficile la gestion des distractions et la concentration sur les objectifs, altérant encore le traitement émotionnel et contribuant à une plus grande névrosisme et impulsivité.
L’usage intensif des écrans est associé à un risque accru de troubles mentaux comme la dépression, l’anxiété, le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et même les tendances suicidaires.
Le suicide est la conséquence la plus grave, mais pas la seule. Une étude de 2024 portant sur 982 adolescents a montré qu’un temps d’écran de quatre à six heures par jour augmentait le stress de 25 %, la dépression de 35 % et l’anxiété de 23 % par rapport à ceux passant moins de deux heures par jour devant les écrans.
(Epoch Times)
« Dans les plus grandes études, les adolescents gros utilisateurs de réseaux sociaux sont presque deux fois plus susceptibles d’être dépressifs que les non-utilisateurs », a expliqué à Epoch Times Jean M. Twenge, professeure de psychologie à l’Université d’État de San Diego. Ce risque est loin d’être négligeable pour les parents, a-t-elle ajouté.
Chez les enfants d’âge préscolaire et scolaire, une forte exposition aux écrans est également associée à des troubles de l’attention.
Selon son étude de cas publiée dans Environmental Research, un garçon de neuf ans nommé Mark a reçu un diagnostic de TDAH, présentant des symptômes d’impulsivité, d’inattention, d’agressivité et de sautes d’humeur, aggravés par un temps d’écran croissant. Il passait la majeure partie de son temps à jouer à des jeux vidéo sur sa PlayStation, son ordinateur ou son smartphone, dépassant les sept heures en semaine et encore plus le week-end.
Il a été traité au méthylphénidate, mais ce médicament l’a fait maigrir de façon notable. Ses parents ont alors choisi une autre approche et l’ont inscrit à un programme comportemental axé sur la réduction du temps d’écran. Mark a commencé à s’améliorer en deux semaines. À la onzième semaine, son état s’était nettement amélioré, au point qu’il ne remplissait plus les critères du diagnostic de TDAH.
Gadi Lissak, auteur de la revue, a suivi Mark après l’intervention. Il a indiqué à Epoch Times que le garçon n’avait plus présenté de symptômes apparentés au TDAH depuis.
L’usage problématique des écrans est aussi associé à des comportements suicidaires. Une étude de 2023 portant sur plus de 11.000 enfants américains âgés de 9 à 11 ans a révélé que chaque heure supplémentaire d’écran par jour était liée à un risque accru de 9 % d’idées ou de tentatives suicidaires.
Les probabilités d’avoir des pensées ou comportements suicidaires étaient supérieures de 36 % pour les textos, 30 % pour les appels vidéo, 21 % pour le visionnage de vidéos et 18 % pour les jeux vidéo.
Comment limiter les risques
Malgré les nombreuses preuves scientifiques reliant le temps d’écran aux risques pour la santé, la technologie numérique a déjà pénétré toutes les sphères de la société.
« Puisque tout le monde l’utilise, tout le monde en est affecté », a déclaré à Epoch Times Kishore PV Reddy, ingénieur principal en apprentissage automatique travaillant sur la formation de modèles d’intelligence artificielle.
Bien que les appareils modernes soient dotés de filtres de lumière bleue intégrés, les recherches montrent qu’ils ne sont pas très efficaces. La Dre Kaur recommande plutôt des habitudes saines : cligner fréquemment des yeux, réduire l’éblouissement, faire des pauses régulières et suivre la règle du 20-20-20 (regarder un objet à six mètres pendant 20 secondes toutes les 20 minutes) pour réduire la fatigue oculaire.
Le Dr Panda conseille de tenir le téléphone à bout de bras pour lire ou regarder des vidéos, d’utiliser le haut-parleur lors des longs appels afin de réduire l’exposition aux radiations, et de ne pas garder l’appareil près de l’oreiller ou du lit pendant le sommeil.
L’essentiel, fondamentalement, est de s’attaquer à la source : réduire le temps d’écran.
« On ne peut pas dire aux gens d’arrêter d’utiliser leur téléphone, mais de l’utiliser avec discernement – seulement quand c’est vraiment nécessaire », a déclaré le Dr Panda.
Pour les enfants, Jean Twenge recommande de retarder le plus possible l’accès à leur propre appareil. « Aucun parent, enseignant ou spécialiste du développement ne dirait que 13 ans, au début de la puberté et pendant les années de collège, est le bon moment pour introduire les réseaux sociaux », a-t-elle déclaré, car les enfants et les jeunes adolescents sont plus vulnérables.
Une alternative consiste à utiliser un téléphone basique plutôt qu’un smartphone. Cela fonctionne aussi pour les adultes, qui peuvent choisir d’avoir deux téléphones : un pour le travail et un pour la maison, ce dernier limité aux appels et SMS.
Les experts recommandent de remplacer une partie du temps d’écran par des activités stimulantes.
Pour Kishore PV Reddy, trouver un équilibre entre vie numérique et activités réelles est une étape clé vers une vie plus saine à l’ère du numérique.
« Pratiquer la méditation, lire des livres papier, jouer d’un instrument de musique, relever des défis personnels ou simplement aller se promener peut vraiment aider », a-t-il confié.