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Comment la pornographie affecte le cerveau et les émotions

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Photo: Illustration par Epoch Times, Shutterstock

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Durée de lecture: 11 Min.

Ce qui commence comme un choix de regarder de la pornographie peut évoluer en une bataille neurologique et physique. De nouvelles recherches montrent en effet que le visionnage fréquent recâble le cerveau d’une manière qui ressemble à une dépendance aux drogues.
La nouvelle étude, publiée dans Frontiers in Human Neuroscience, donne un aperçu de la façon dont l’utilisation fréquente de la pornographie peut recâbler les circuits de récompense et de contrôle du cerveau. Cela entraîne une excitation neurologique, des changements comportementaux et une dépendance possible, comparable à celle observée chez les personnes dépendantes aux opioïdes.
Recâblage cérébral lié à l’obsession
Menée au Collège médical de Chengdu en Chine, l’étude a impliqué 21 étudiants en bonne santé qui regardaient du contenu pornographique à des degrés divers et n’avaient aucun antécédent de consommation de substances. Les participants ont été répartis en 2 groupes : ceux qui avaient une consommation occasionnelle et à basse fréquence de pornographie, et ceux qui présentaient une obsession chronique.
Une vidéo pornographique de 10 minutes a été sélectionnée pour l’expérience. Avant et après le visionnage de la vidéo, les chercheurs ont mesuré les fonctions cognitives et les temps de réaction des participants. De plus, pendant que les participants regardaient la vidéo, leur activité neurale en temps réel, leurs signes vitaux et leurs expressions faciales ont également été enregistrés. Les résultats ont révélé que la consommation fréquente de pornographie crée 3 changements distincts dans la façon dont notre cerveau et notre corps réagissent.
1. Les circuits de récompense du cerveau sont détournés
Lorsque les utilisateurs fréquents de pornographie ont regardé la vidéo, leurs schémas cérébraux ont montré des caractéristiques similaires à celles des personnes dépendantes à des drogues comme la cocaïne ou les opioïdes, selon les chercheurs.
Les zones du cerveau associées à la prise de décision, à la maîtrise de soi et à l’anticipation de la récompense (respectivement le cortex préfrontal ventrolatéral, le cortex préfrontal dorsolatéral et la zone frontopolaire) ont connu une connectivité accrue.
De tels changements peuvent inciter le spectateur à continuer de regarder de la pornographie, entraînant un comportement compulsif, allant même jusqu’à prioriser la pornographie au détriment du travail, de la socialisation ou d’autres activités qu’il appréciait auparavant.
De plus, l’exposition régulière à la pornographie entraîne une libération de dopamine intense et soutenue, ce qui à son tour développe une tolérance et une désensibilisation. Ce qui excitait auparavant une personne peut ne plus être suffisant, poussant celle-ci à rechercher un contenu plus extrême pour ressentir le même niveau de sensation.
2. Les réponses émotionnelles reflètent la consommation de drogues
Au-delà des changements neurologiques, l’étude a également révélé que les réactions émotionnelles chez les consommateurs de pornographie ressemblaient à celles observées dans la toxicomanie. Par exemple, les consommateurs d’opioïdes ressentent un calme intense, de l’euphorie, un soulagement de la douleur et une sensation de perception floue, ce qui entraîne une diminution du rythme cardiaque. De même, les chercheurs ont remarqué que les participants regardant de la pornographie avaient un rythme cardiaque diminué, les utilisateurs fréquents de pornographie présentant une baisse plus prononcée.
Les expressions faciales émotionnelles pendant le visionnage de la vidéo de 10 minutes ont révélé des schémas encore plus révélateurs. Les observateurs fréquents de pornographie ont montré des expressions faciales de plaisir et de bonheur accrues, similaires à l’euphorie rapportée par les toxicomanes. Cependant, ils ont également affiché significativement plus de colère et de tristesse que les observateurs occasionnels, suggérant des fluctuations émotionnelles plus importantes au sein du groupe des utilisateurs fréquents. Selon les chercheurs, ces hauts et ces bas émotionnels peuvent découler de sentiments contradictoires d’excitation, de détresse de type sevrage et d’un contrôle émotionnel altéré dans le cerveau.

(Illustration par Epoch Times)

Plus inquiétant encore, les observateurs fréquents de pornographie étaient moins surpris et avaient des expressions plus insensibles, similaires au calme intense provoqué par les drogues opiacées. En outre, ce groupe a montré une anxiété et une dépression plus élevées.
En revanche, les observateurs occasionnels de pornographie ont montré davantage d’expressions de dégoût et de peur, ce que les chercheurs suggèrent comme un signe qu’ils étaient moins immergés et moins émoussés émotionnellement. Ce schéma implique qu’ils ont conservé une réaction défensive plus typique face au contenu explicite.
3. Pensée altérée
La fonction cognitive est également significativement affectée par l’utilisation de la pornographie. L’étude a mesuré la précision et les temps de réaction des participants lors de l’exécution d’un test de couleurs et de mots avant et après la session de visionnage et a constaté que les utilisateurs chroniques de pornographie présentaient une plus grande diminution des deux.
Les résultats soulignent comment le visionnage fréquent de pornographie peut détourner la capacité d’une personne à réguler l’attention et à porter des jugements sains.
La question de la dépendance
Les conclusions de l’étude soulèvent d’importantes questions sur la manière d’interpréter les changements cérébraux observés. Nicholas Borgogna, professeur adjoint à l’université d’Alabama, spécialisé dans la dépendance et la santé sexuelle, met en garde contre les conclusions hâtives concernant la « dépendance à la pornographie ».
Le Pr Borgogna, qui n’était pas associé à l’étude, a déclaré à Epoch Times qu’il existe un débat pour savoir si les personnes qui développent des problèmes liés à la pornographie en raison d’un échec du contrôle des impulsions devraient être considérées comme « dépendantes ». Il a ajouté que, parce que le sexe est intrinsèquement l’une des activités les plus renforçantes pour les humains, la pornographie peut exploiter cette nouveauté et entraîner des problèmes de contrôle des impulsions.
Les chercheurs de Chengdu ont noté qu’une suractivation prolongée du système de récompense pourrait entraîner des « réactions de sevrage » comme l’anxiété, l’irritabilité, la dépression et la colère si l’on cessait de regarder de la pornographie pendant une période prolongée.
Cependant, il y a peu de preuves de véritables réactions de sevrage, a déclaré le Pr Borgogna. Quelqu’un qui a regardé de la pornographie tous les jours pendant un an ne va probablement pas commencer à vomir et à trembler par manque de pornographie s’il s’en prive pendant quelques jours. Le cerveau est dynamique et en constante évolution, suggérant que tout effet pourrait être réversible, a-t-il affirmé.
D’un autre côté, John Foubert, doyen du Collège d’éducation de l’université Union et ancien expert hautement qualifié pour la prévention des agressions sexuelles auprès de l’armée américaine, soutient le cadre de la dépendance pour reconnaître et traiter l’utilisation problématique de la pornographie.
« La dépendance à la pornographie est exactement comme une dépendance comportementale à l’abus de substances ou au jeu », a déclaré à Epoch Times John Foubert. « Il existe des preuves très claires que la pornographie modifie le cerveau. »
Bien que l’utilisation de la pornographie soit une affaire privée, elle a un impact sur notre entourage, a-t-il affirmé. Par exemple, ses recherches ont révélé que plus les gens utilisent la pornographie, moins ils sont susceptibles d’intervenir pour aider à prévenir une agression sexuelle.
L’idée que l’on devrait faire tout ce qui nous plaît peut facilement nous mener sur une voie indésirable, a-t-il ajouté.
Désapprendre la pornographie
Grâce à la neuroplasticité du cerveau, il est possible de recâbler naturellement ses voies neuronales.
La psychothérapie est le principal traitement de l’utilisation problématique de la pornographie. La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), par exemple, montre des résultats particulièrement prometteurs. Cette forme de psychothérapie basée sur des preuves se concentre sur l’observation et l’acceptation des pensées et des pulsions négatives, la pleine conscience du moment présent et le fait de vivre de manière intentionnelle.
Pour traiter le visionnage problématique de pornographie, l’ACT utilise une technique appelée défusion cognitive, qui aide les participants à se détacher de leurs pensées obsessionnelles liées à la pornographie en les aidant à identifier des priorités au-delà des envies de pornographie. Les participants sont guidés pour accepter les pulsions sans y céder et rester engagés envers les objectifs plus larges de la vie.
Un essai clinique randomisé de 2016 sur l’efficacité de l’ACT a montré des résultats remarquables. Les participants ont signalé une réduction d’environ 92 % du visionnage de pornographie après 12 séances de thérapie, et 54 % ont complètement arrêté de regarder de la pornographie après le traitement.
De plus, l’intégration d’approches holistiques, comme les pratiques de méditation, peut aider à réduire les émotions pénibles et à favoriser une plus grande conscience de soi.
En fin de compte, surmonter les envies de pornographie ne se résumerait peut-être pas à restreindre son visionnage. La clé réside dans le fait de « regarder au-delà de soi et de poursuivre quelque chose de plus grand », a déclaré John Foubert.