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Comment l’administration Trump brise l’emprise du PCC sur les terres rares

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Ramaco Resources prévoit d’extraire plus de 450 tonnes de terres rares de sa mine de Brook, qui s’étend sur 1 800 hectares près de Ranchester, Wyoming, le 11 juillet 2025.

Photo: John Haughey/Epoch Times

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Durée de lecture: 19 Min.

Les États-Unis ont reconnu il y a des décennies que le Parti communiste chinois subventionnait une vaste expansion des capacités chinoises d’extraction et de traitement afin de manipuler les marchés des minerais et des métaux et de dominer les chaînes mondiales d’approvisionnement industriel.
Dès 1980, avec l’adoption de la Loi nationale sur la politique, la recherche et le développement en matière de matériaux et de minéraux (National Materials and Minerals Policy, Research, and Development Act), le Congrès a déclaré une priorité urgente « de renforcer la recherche, le développement, les capacités de production et la performance des États-Unis dans la filière des matériaux ».
Pourtant, au cours du dernier demi-siècle, les industriels américains — y compris le secteur de la défense — sont devenus toujours plus dépendants des minerais et métaux importés, demeurant soumis à la manipulation du marché par le PCC, comme l’a documenté en janvier le Service géologique des États-Unis (U.S. Geological Survey).
Cette vulnérabilité est ancienne. Elle a été rendue criante lors de la « crise des terres rares  » de 2010, quand la Chine a restreint les exportations mondiales de terres rares ; en 2023, lorsqu’elle a limité le gallium, le germanium et le graphite vers les États-Unis ; et en avril, quand elle a étendu ces restrictions au gadolinium, dysprosium, lutécium, samarium, scandium, terbium et yttrium.
Les États-Unis dépendent à 100 % des importations pour toutes ces terres rares, une situation similaire pour 30 minerais clés dont la Chine contrôle au moins 75 % de la capacité de raffinage mondiale, selon Exiger, une société new-yorkaise ayant développé une plateforme d’intelligence artificielle propriétaire pour identifier les risques d’approvisionnement.
Lorsque le PCC a ajouté sept terres rares à ses restrictions d’exportation en avril, cette urgence non résolue est devenue une menace existentielle, selon Derek Lemke, vice-président chez Exiger.
« La réalité, c’est qu’il ne s’agit plus d’un risque hypothétique. C’est un véritable point d’étranglement quantifiable de la chaîne d’approvisionnement », confie-t-il à Epoch Times. « On assiste à la militarisation du tableau périodique. »
Lors de son second mandat, le président Donald Trump s’attaque à ce déclin institutionnalisé à la manière américaine traditionnelle : rendre à nouveau rentable l’extraction et le raffinage miniers.
« Depuis quelques années, la construction est progressive, mais ces sept, huit derniers mois, le président Trump a fait des minerais stratégiques une priorité », affirme Steve Christensen, directeur de la Responsible Battery Coalition.
Cette coalition basée à Washington, composée notamment de Honda, FedEx, fabricants de batteries comme Clarios et Entek, et distributeurs de pièces automobiles, alerte sur la dépendance américaine à la Chine pour les minerais depuis sa création en 2017.
« Le président comprend ce sujet, je pense, mieux que n’importe quel président récent », assure M. Christensen à Epoch Times.
Toutefois, il faudra des années, voire des décennies, pour relancer l’industrie minière nationale et rapatrier la capacité de transformation des métaux afin de garantir aux industries américaines des ressources résilientes à la pression du marché chinois.
En attendant, il faudra coordonner avec les nations alliées, selon Rahman Butts, propriétaire de Bullion Hub, courtier de métaux précieux basé à Melbourne, en Australie.
« La direction est claire. Washington conclut des accords avec le Canada, l’Australie et certains pays sud-américains pour répartir les risques d’approvisionnement », explique-t-il à Epoch Times. « Le problème, c’est la rapidité. Il faut des années pour planifier, financer et construire de nouvelles raffineries, donc l’avance de la Chine en matière de transformation des métaux ne va pas disparaître à court terme. »

Le germanium (Ge) et le gallium (Ga), essentiels à la production de semi-conducteurs et à la défense, sont présentés sur le tableau périodique à côté d’un processeur CPU. En 2023, la Chine a restreint leurs exportations vers les États-Unis, ainsi que celle du graphite. En avril, elle a étendu ces restrictions au gadolinium, dysprosium, lutécium, samarium, scandium, terbium et yttrium. (Pla2na via Getty Images)

Clés pour la relance
Les bases de l’accélération ont été posées, selon Avadh Nagaralawala, consultant en automatisation minière basé en Arizona.
« La transition vers l’électromobilité, la modernisation du réseau et les priorités de sécurité nationale créent une urgence inédite », détaille-t-il à Epoch Times.
M. Nagaralawala cite la loi bipartite sur les infrastructures de 2021, la Loi sur la science et les puces électroniques (CHIPS & Science Act) et la Loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) de 2022, ainsi que la création sous Obama d’un fonds du Département de la Défense pour subventionner la réouverture de la mine Mountain Pass en Californie par MP Materials — jusqu’à cet été, l’unique mine de terres rares américaine — comme des étapes précurseures majeures.
« Ceci dit, les obstacles restent considérables », précise-t-il. « Les États-Unis ne manquent pas de ressources ; ce qui manque, c’est la vitesse de raffinage, de recyclage et d’attribution des permis. C’est là que se jouera la course. »
Ce n’est qu’au premier mandat de Trump qu’une priorité fédérale claire a émergé pour définir, produire et développer une chaîne d’approvisionnement en minerais critiques imperméable à la manipulation du PCC.
En décembre 2017, Trump a publié un décret ordonnant à toutes les agences de se concentrer sur la sécurisation des minerais et des métaux nécessaires au développement économique et à la défense nationale.
[pullquote author= »Avadh Nagaralawala, consultant en automatisation minière » org= » »]Les États-Unis ne manquent pas de ressources ; ils manquent de raffinage, de recyclage et de rapidité dans l’octroi des permis.[/pullquote]
Ce décret faisait suite au rapport de l’USGS (United States Geological Survey : Service géologique des États-Unis) de 2017, montrant que les États-Unis dépendaient à 100 % des importations pour 20 minerais, soit une hausse de 250 % depuis 1954.
L’administration Trump a chargé l’USGS de définir les « minéraux critiques », d’identifier les besoins nationaux, et de localiser où ils peuvent être extraits ou traités.
En 2018, l’USGS a publié sa première liste des minéraux critiques, en désignant 35 minéraux « considérés essentiels à la sécurité économique et nationale du pays ».
Trump, dans un décret de septembre 2020, a déclaré « l’état d’urgence national en raison de la dépendance aux minerais critiques provenant d’adversaires étrangers, principalement la Chine », invitant les agences à sécuriser les chaînes d’approvisionnement nationales.
En décembre 2020, le Congrès a adopté la Loi sur l’énergie (Energy Act), qui définit comme critique tout minerai essentiel à l’économie ou à la sécurité nationale des États-Unis, dont la chaîne d’approvisionnement est vulnérable à la perturbation, et dont l’absence aurait des conséquences majeures.
La loi impose à l’USGS de rafraîchir la liste tous les trois ans à compter de 2022, et ordonne au Département de l’Intérieur de suivre la dépendance américaine vis‑à‑vis des fournisseurs étrangers, une fois les premiers constats publiés conformément au décret de 2020.

Un vaste gisement de minéraux critiques a été redécouvert sur une terre du comté de San Bernardino, en Californie (Sundown Resources)

Alors que le président Joe Biden a annulé 72 des 220 décrets de Trump lors de son mandat à la Maison-Blanche, il a conservé les mesures relatives aux minerais critiques.
En 2022, l’USGS a publié la première mise à jour triennale de sa liste, constatant que le pays était désormais dépendant des importations pour 50 « commodités minérales », contre 35 en 2018.
En 2024, le Département de l’Intérieur a diffusé son premier rapport sur la dépendance aux importations exigé par le décret de Trump de 2020, indiquant notamment que les États-Unis importaient 80 % des terres rares, 100 % du gallium et du graphite, et jusqu’à 76 % du lithium, du nickel et du cobalt.
Après sa réélection en 2024, Trump a déclaré l’état d’urgence énergétique national et publié son décret Libérer l’énergie américaine (Unleashing American Energy) pour « garantir une fourniture plus sûre, prévisible et abordable de minerais et matériaux stratégiques », selon un communiqué du Département de l’Énergie.
[pullquote author= » » org= » »]En 2022, l’USGS a signalé que les États-Unis dépendaient des importations pour 50 matières premières minérales.[/pullquote]
Le président a poursuivi par un décret en mars, exigeant l’accélération des projets par une simplification des autorisations, l’ouverture de nouvelles terres fédérales à la mine, et l’inclusion du développement des minerais critiques dans la Loi sur la production de défense (Defense Production Act). En avril, il a signé un décret pour lancer l’extraction minière en eaux profondes sur le plateau continental extérieur des États-Unis, ordonnant au Département de l’Intérieur de définir les modalités de licence et de permis.
Le 26 août, l’USGS a publié sa deuxième mise à jour triennale de la liste des minerais critiques. Tandis que l’arsenic et le tellure, présents dans la liste de 2022, sont proposés à la suppression, six nouveaux minerais doivent s’y ajouter, portant la liste à 54.
M. Lemke, d’Exiger, précise que cette liste marque le premier bouleversement significatif de ces listes depuis plusieurs années, avec l’ajout du cuivre, de la potasse, de l’argent, du silicium, du radium et du plomb, et marque une liste « transversale » pour le gouvernement, l’USGS prenant la main sur les listes parallèles du Pentagone et du Département de l’Intérieur.

Des bulldozers chargent un minerai contenant diverses terres rares sur un navire dans un port de Lianyungang, province de Jiangsu, Chine, le 5 septembre 2010. (STR/AFP via Getty Images)

M. Nagaralawala observe que « la classification est une bonne entame ».
« Mais c’est la capacité de fusion, de raffinage et de recyclage qui déterminera si ce changement de politique offre une vraie résilience énergétique et sécuritaire », ajoute-t-il.
Pour cela, selon M. Lemke, une mobilisation industrielle générale sera nécessaire, couplée à un engagement étatique pour, sans forcément subventionner, soutenir au moins des marchés capables de résister à la pression chinoise.
M. Christensen confirme : « Nous étudions comment cela pourrait fonctionner. »
« Il faut agir », précise-t-il, en citant le cas de l’antimoine, minerai clé pour les batteries, dont l’extraction a cessé aux États-Unis en 1982 ; les transformateurs chinois contrôlent aujourd’hui la moitié du marché mondial.
« Comment sortir d’un tel niveau de contrôle ? », questionne M. Lemke. « Je sais que certains, au gouvernement comme dans l’industrie, se demandent : ‘Comment créer ce marché ici ?’ Nous soutenons déjà certains de ces efforts. »
Dynamique et marchés
Fondée en 2013, Exiger est le principal fournisseur de technologies de chaîne logistique pour le gouvernement américain et un acteur clé au sein du projet OPEN (Open Price Exploration for National Security : Exploration des prix libres pour la sécurité nationale) de l’Agence des projets de recherche avancée de défense (Defense Advanced Research Projects Agency).
« Nous utilisons l’IA pour examiner les modèles de prix structurels pour ces minerais, les coûts de production en Chine et aux États-Unis, et commençons à fournir des données sur le niveau de manipulation observé », explique M. Lemke.
La question centrale est : « Où l’industrie américaine ou alliée peut-elle réussir à développer des marchés moins vulnérables au contrôle chinois ? »
Le projet OPEN s’oriente via le Forum des minéraux critiques (Critical Minerals Forum), créé en novembre 2024 et financé jusqu’en 2029.
Plus de 30 entreprises minières, manufacturiers et investisseurs y participent.
« Ce n’est plus un contrôle gouvernemental, mais une industrie soutenue par l’État », observe M. Lemke, notant que si le Pentagone subventionne les opérations de MP Materials à Mountain Pass, ailleurs l’investissement privé monte en puissance, comme celui d’Apple qui a consacré 500 millions de dollars à l’approvisionnement en minerais.
[pullquote author= » » org= » »]En juillet, le Département de la Défense a investi 400 millions de dollars dans MP Materials, devenant ainsi le principal actionnaire de la société.[/pullquote]
Depuis juillet, il ne s’agit plus simplement de subventions. Le Département de la Défense a fixé un prix plancher pour les minerais et matériaux stratégiques, investissant 400 millions de dollars dans MP Materials, qui a ouvert une seconde usine de transformation au Texas.
Parmi les missions d’Exiger : identifier les vulnérabilités actuelles et futures des chaînes d’approvisionnement.
« Avons-nous assez de sources diversifiées, capables de raffiner ces produits à la qualité requise pour les applications de haute technologie ? » interroge M. Lemke. « En d’autres termes, il ne suffit pas de raffiner le cuivre, mais de l’amener à des grades adaptés à chaque usage précis. »
C’est un effort global État-industrie pour assurer « la visibilité, du composant jusqu’à la mine », pointe-t-il. Ce manque de visibilité « a longtemps constitué l’un des goulets d’étranglement pour encourager l’investissement. »
Sous Trump, des fonds liés au Consortium de la base industrielle de défense (Defense Industrial Base Consortium), le Conseil américain des permis (U.S. Permitting Council) et l’Accélérateur des minerais du Département de l’Énergie affluent.
En août, le Département a proposé d’allouer 1 milliard de dollars des lois sur les infrastructures et l’inflation à des projets sur les minerais critiques.
Le 13 août, le Département de l’Énergie a attribué jusqu’à 50 millions de dollars à des « partenariats industriels américains » pour prototyper et piloter des technologies innovantes de traitement des matériaux critiques ; 250 millions pour la valorisation de coproduits minéraux ; 135 millions pour des projets destinés à renforcer la chaîne d’approvisionnement nationale en terres rares ; jusqu’à 500 millions pour des projets sur les minerais et matériaux critiques ; 36 millions pour le traitement de minerais critiques issus d’eaux industrielles.

Le bâtiment du Département de l’Énergie à Washington, le 13 novembre 2023. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

Nombreux sont ceux qui se demandent si ces initiatives pourront dépasser la domination chinoise sans subventions directes. M. Christensen est aussi dans le questionnement.
« Ce sont des points qu’il faut explorer, car l’adversaire n’est pas limité par les règles du marché. La Chine manipule le prix de son propre produit juste pour occuper le terrain et empêcher les autres d’y accéder », explique-t-il.
« Si vous respectez les règles du marché, celles que nous avons tous apprises dans le cours d’économie de base, lors de notre tout premier cours de commerce au lycée, si nous respectons ces règles, la Chine ne les suit pas… et nous serons perdants à chaque fois. »
M. Lemke est plus optimiste.
« Le moyen le plus rapide d’accélérer ce secteur est de réunir les grands acteurs : quantifier leurs besoins et investir massivement, par cet effet d’osmose, en espérant que le signal de la demande descende », précise-t-il.
C’est un défi existentiel que peu d’Américains comprennent.
« Ce combat ne se joue pas que sur les routes ou dans les rues, conclut M. Lemke. C’est aussi dans les arrière-cours. »
John Haughey est journaliste depuis 1978 et possède une vaste expérience des collectivités locales, des législatures d'État, de la croissance et du développement. Diplômé de l'université du Wyoming, c'est un vétéran de la marine qui a combattu en mer pendant trois déploiements à bord du USS Constellation. Il a été reporter pour des quotidiens en Californie, à Washington, dans le Wyoming, à New York et en Floride, et rédacteur pour des publications commerciales basées à Manhattan.

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