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Ce qui est « sur la table » pour la rencontre Trump-Xi
Des négociateurs chinois ont indiqué que la position américaine avait été « dure ».

Le président américain Donald Trump salue après être descendu d’Air Force One à son arrivée à l’aéroport de Haneda, à Tokyo, le 27 octobre 2025.
Photo: Phlip Fong/AFP via Getty Images
Les marchés progressent à l’approche de la rencontre entre le président américain Donald Trump et le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, au cours de laquelle les deux parties devraient conclure un accord visant à intensifier le commerce et, au minimum, à suspendre une restriction sur les terres rares qui menaçait de perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Des responsables du commerce des deux côtés, réunis la semaine dernière en Malaisie pour le cinquième cycle de discussions en présentiel, ont annoncé le 26 octobre qu’ils avaient arrêté un cadre d’accord commercial.
Les négociateurs chinois ont déclaré que la position américaine avait été « dure ». Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a détaillé une liste laissant entendre que la partie chinoise avait accepté tout ce que M. Trump avait mis sur la table. Dans « Meet the Press » (NBC), le 26 octobre, M. Bessent a affirmé : « Le président Trump m’a donné un formidable levier de négociation avec la menace de droits de douane à 100 %. »
M. Trump a indiqué vouloir un « accord sur tout », esquissant une longue liste de sujets qu’il entend aborder lors de la réunion bilatérale.
Le président se trouve actuellement en tournée en Asie, entamée le 26 octobre par sa participation à la première journée du sommet de l’ASEAN, en Malaisie. Il y a supervisé la signature d’un accord de paix entre la Thaïlande et le Cambodge, et paraphé des accords commerciaux avec le Vietnam, la Malaisie, le Cambodge et la Thaïlande.
Il est désormais à l’étape suivante, au Japon, où le monarque l’a reçu avant sa rencontre avec la nouvelle Première ministre, Sanae Takaichi. M. Trump se rendra en Corée du Sud le 29 octobre pour s’entretenir avec le président Lee Jae‑myung, s’adresser aux dirigeants mondiaux et économiques à l’APEC, puis rencontrer M. Xi le 30 octobre.
Voici ce que Donald Trump et Xi Jinping devraient finaliser.
Exportations de terres rares
En haut de la liste américaine figure la fiabilité des exportations chinoises de terres rares.
Le 9 octobre, Pékin a annoncé des contrôles à l’exportation sur sept terres rares, prolongeant une décision d’avril et portant le total à douze.
Point crucial, le régime exigerait des licences pour tout bien contenant 0,1 % ou plus de terres rares extraites ou traitées en Chine, laquelle contrôle environ 90 % du raffinage mondial. Lors des restrictions d’avril, le ralentissement des exportations avait menacé de forcer des constructeurs automobiles à arrêter des lignes de production au bout de quelques semaines.
Ce durcissement a temporairement fait dérailler les discussions Trump–Xi. Le 10 octobre, M. Trump a menacé d’imposer 100 % de droits additionnels et d’autres contrôles, tandis que des responsables américains et internationaux exhortaient Pékin à reculer. Les échanges ont ensuite repris, le représentant au Commerce, Jamieson Greer, indiquant que la partie chinoise avait accepté de différer face à la perspective de droits élevés.
M. Bessent a déclaré attendre « une forme de report » des restrictions à l’issue du dernier cycle de négociations en présentiel.
« Je pense qu’ils vont reporter cela d’un an pour réexaminer la mesure », a‑t‑il déclaré dans une interview à ABC.
Les États‑Unis s’inquiètent de longue date de leur dépendance à la Chine pour les minéraux critiques, omniprésents dans l’électronique. Au cours de son second mandat, M. Trump a accéléré la diversification de ces chaînes d’approvisionnement, les agences fédérales investissant dans l’extraction et le président sécurisant tout récemment des accords sur les minéraux critiques avec la Thaïlande et la Malaisie. « D’ici un an environ, nous aurons tant de minéraux critiques et de terres rares que vous ne saurez plus quoi en faire », a déclaré M. Trump après l’annonce d’un accord avec l’Australie, le 20 octobre.
Soja
Au cœur de la guerre commerciale actuelle, la Chine a ressorti une manœuvre utilisée en 2018 : boycotter le soja américain — en pleine récolte record. M. Trump a annoncé que le soja serait un sujet « majeur », le boycott de Pékin constituant selon lui un « acte d’hostilité économique ».
La Chine est le premier acheteur de soja américain, représentant environ 60 % des volumes, selon l’American Soybean Association, qui a publié en août un rapport et appelé M. Trump à soutenir la filière.
Aucun autre marché ne peut combler le vide laissé par la Chine, qui s’est tournée cette année vers le Brésil et l’Argentine pour couvrir ses besoins, principalement destinés à l’alimentation animale. M. Trump a indiqué qu’il soutiendrait à court terme les agriculteurs américains via les recettes tarifaires et s’attend à ce que Pékin s’abstienne d’utiliser les fermiers américains comme levier.
M. Trump a déjà déclaré espérer que la Chine « quadruple » ses achats de soja américain.
Lors de l’interview de M. Bessent lundi sur ABC, celui‑ci a assuré que les producteurs américains « se sentiront très bien par rapport à la situation, tant pour cette saison que pour les prochaines années », au vu des termes du cadre d’accord.
Fentanyl
En février, M. Trump a imposé des droits à la Chine en raison de son incapacité à contribuer à l’endiguement de la crise du fentanyl. Dans un décret, il a affirmé que Pékin subventionnait des chimistes produisant des précurseurs, soutenait le réseau de trafic via des circuits de blanchiment, et pourrait mettre fin à ces opérations s’il le souhaitait.
Sur les 55 % de droits en vigueur contre la Chine, 20 % sont liés à son rôle dans la crise du fentanyl. M. Trump a récemment déclaré que la Chine faisait passer du fentanyl vers les États‑Unis via le Venezuela. Le navire de guerre USS Gravely participe jusqu’au 30 octobre à des exercices conjoints à Trinité‑et‑Tobago, au large du Venezuela.
M. Trump a dit attendre des gestes de Pékin sur le fentanyl s’il souhaite voir baisser cette composante tarifaire de 20 %.
Le directeur du FBI, Kash Patel, a indiqué devant des parlementaires plus tôt cette année avoir sollicité des autorités chinoises la mise à l’index de nouvelles substances, de façon à interdire la fabrication et la vente de précurseurs supplémentaires. Trois produits ont été ajoutés en août, avec des restrictions entrées en vigueur le 1er septembre.
Énergie russe
Washington a à plusieurs reprises appelé Pékin à mettre la pression sur Moscou pour mettre fin à la guerre en Ukraine, évoquant la possibilité de juguler les achats d’énergie russe.
« Nous avons mis de très grosses sanctions sur la Russie. … Elles sont mordantes, elles sont très fortes — mais j’aimerais que la Chine nous aide », a déclaré M. Trump à bord d’Air Force One le 24 octobre.
« Nous parlerons notamment de la [guerre] Russie–Ukraine. Ils tuent 7000 personnes par semaine — des soldats, pour l’essentiel — et nous en parlerons certainement. Il [Xi] souhaite aussi que cela cesse. »
Les États‑Unis ont sanctionné des compagnies pétrolières russes pour tarir le financement de la guerre, tout en tentant d’amener les parties à un cessez‑le‑feu.
La Chine est un acheteur majeur de pétrole russe et refuse jusqu’ici de condamner la guerre ou de s’engager à mettre fin à tout appui militaire ou financier à l’effort de guerre de Moscou.
Pas de changement sur Taïwan
Des informations selon lesquelles Pékin souhaitait que Washington s’en remette au régime chinois sur la question de Taïwan ont conduit, plus tôt ce mois‑ci, des responsables américains à réaffirmer l’absence de changement de la position des États‑Unis. Celle‑ci s’appuie sur la politique d’« une seule Chine », qui reconnaît Pékin comme gouvernement de la Chine, et considère Taïwan comme une entité distincte sans pacte de défense formel. Le Taiwan Relations Act de 1979 et les « Six Assurances » permettent des ventes d’armes à Taïwan, sans aval de la Chine, et sans prise de position sur la souveraineté de l’île.
Pékin emploie la formule de « principe d’une seule Chine » pour imposer l’idée que Taïwan relève du territoire et du pouvoir du PCC, et cherche souvent à pousser d’autres pays à adopter sa définition au détriment de la politique américaine.
Avant son départ pour l’Asie, M. Trump avait indiqué qu’il aborderait la question taïwanaise avec M. Xi.
À bord d’Air Force One, il a répété ne pas penser que le régime attaquerait Taïwan en 2027, comme M. Xi a demandé à l’armée chinoise de s’y préparer.
« J’espère que non, mais nous verrons. Peut‑être que oui, peut‑être que non », a‑t‑il dit. « Ce serait très dangereux pour eux. »
M. Trump a ajouté qu’il pense que la Chine « veut dix grandes années — et elle le peut … ou elle peut connaître de mauvaises années — et elle ne veut pas cela. »
Jimmy Lai
Au moment de s’envoler pour l’Asie, M. Trump a aussi déclaré qu’il demanderait à M. Xi la libération du militant hongkongais pro‑démocratie Jimmy Lai.
« C’est sur ma liste — je vais demander », a‑t‑il dit aux journalistes le 24 octobre. « Cela fait longtemps, et ce sera sur ma liste. »
M. Lai, ancien magnat de la presse et fondateur du journal aujourd’hui disparu Apple Daily, est détenu depuis 2020. Il a été poursuivi et emprisonné en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale de Hong Kong, qui offre au PCC un large arsenal pour réprimer la dissidence.
Droits de douane et déficit commercial
Selon M. Trump et des responsables américains, la clé des récents pourparlers réside dans la capacité du président à imposer des droits en riposte aux pratiques déloyales de Pékin, comme les restrictions sur les terres rares.
En avril, M. Trump a annoncé plusieurs séries de droits, culminant à des niveaux à trois chiffres, suspendus et repoussés à plusieurs reprises tandis que les deux pays tentaient d’aboutir à un accord.
Des droits d’environ 157 % devaient entrer en vigueur le 10 novembre, avant que M. Trump ne menace d’ajouter 100 % supplémentaires à compter du 1er novembre si Pékin maintenait ses restrictions.
Des responsables de l’administration ont répété que le régime cherchait à réduire ce taux et avait poursuivi les discussions avec Washington en ce sens.
M. Trump dit vouloir des concessions en échange d’un abaissement des droits, au premier rang desquelles la résorption du déficit commercial.
La plupart des droits décidés sous sa présidence visent à rééquilibrer les échanges avec d’autres pays. Ils ont, en général, conduit des gouvernements étrangers à « racheter » l’écart via des investissements de plusieurs milliards de dollars dans des secteurs critiques aux États‑Unis. La Corée du Sud s’est ainsi engagée dans l’industrie navale américaine, et le Japon a accepté d’investir 550 milliards de dollars dans des filières choisies par M. Trump.
Le Bureau du représentant au commerce a aussi récemment ouvert une enquête sur le respect, par Pékin, de l’accord de « Phase 1 » conclu à la fin du premier mandat de M. Trump.
La Chine s’y engageait à acheter, au‑delà des niveaux de 2017, pour 200 milliards de dollars supplémentaires de biens et services américains et à réformer ses pratiques afin d’éviter les vols de technologies et de propriété intellectuelle. Cet accord est largement considéré comme tombé en désuétude. Une conclusion officielle d’inexécution pourrait déboucher sur des pénalités tarifaires.
M. Trump soutient que les droits imposés au titre des pouvoirs d’urgence ont été déterminants pour obtenir des accords commerciaux dans le monde entier, mais la Cour suprême tranchera en dernier ressort quant à leur légalité.
La tournée asiatique du président intervient à la veille d’une audience de la haute cour, le 5 novembre, à laquelle M. Trump a dit vouloir assister en personne.

Catherine Yang est journaliste pour Epoch Times, à New York.
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