Logo Epoch Times

Opinion

plus-icon

Anne-Sophie Nogaret : « Dès qu’il s’agit de dénoncer le terrorisme islamiste, nous assistons à une série de contorsions visant à masquer la réalité »

 ENTRETIEN – Ce jeudi 13 novembre, la France a rendu hommage aux 132 morts et aux centaines de blessés des attentats islamistes du 13 novembre 2015. Mais pour Anne-Sophie Nogaret, dix ans après ces attaques terroristes, une idéologie empreinte de naïveté empêche de nommer correctement l’ennemi.

top-article-image

Une femme dépose des fleurs devant une plaque commémorative lors d'une cérémonie au Bataclan à Paris le 13 novembre 2022.

Photo: JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 4 Min.

Anne-Sophie Nogaret est une ancienne professeure de philosophie et auteure de la newsletter « Le Petit Minaret Illustré ». Ces dix dernières années, les attentats islamistes ont continué de frapper notre territoire, et rien n’a changé, déplore-t-elle.
Epoch Times – Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette norme idéologique qui empêche de nommer l’islamisme et que vous dénoncez dans le Journal du Dimanche ?
Anne-Sophie Nogaret – C’est une norme idéologique que l’on retrouve dans tous les discours publics officiels et dans les médias, et qui ne correspond pas forcément à ce que pensent la plupart des Français.
Dès qu’il s’agit de dénoncer le terrorisme islamiste, nous assistons à une série de contorsions visant à masquer la réalité. Les exemples ne manquent pas. Lors de l’hommage à l’officier de gendarmerie Arnaud Beltrame, égorgé par un islamiste en 2018, on disait qu’il avait été « victime de son héroïsme ».
Une mairie écologiste d’une ville de province a installé une plaque en hommage à Samuel Paty, sauf qu’il était écrit sur la plaque : « Samuel Paty, victime du terrorisme ». Mais de quel terrorisme ? Visiblement, certaines vérités dérangent.
 N’est-ce pas surprenant qu’en 2025, le fait de désigner l’islamisme comme un ennemi soit toujours un tabou ?
Non puisque ces dix dernières années, les attentats islamistes, y compris « low cost », ont continué de frapper notre territoire, et rien n’a changé.
L’auteur de l’attaque à la voiture-bélier à l’île d’Oléron le 5 novembre a prononcé plusieurs fois « Allah Akbar » lors de son interpellation, mais le motif terroriste n’a pas été retenu.
Depuis dix ans, et même bien avant, le terrorisme islamiste ne cesse de montrer chaque jour sa dangerosité.
Selon son avocate, Salah Abdeslam, seul membre vivant des commandos terroristes du 13 novembre 2015, souhaiterait s’engager dans une démarche de dialogue avec des victimes des attentats. Quelle est votre analyse ?
C’est grotesque ! Je ne crois pas qu’on puisse déradicaliser les gens comme Salah Abdeslam.
Ces islamistes sont totalement convaincus par leur idéologie et leur cause.
Je ne suis pas dans la tête d’Abdeslam, mais je pense qu’il voit simplement cette démarche de dialogue comme un moyen de faire parler de lui, et peut-être finalement, de se moquer de nous, de notre naïveté.
Il y a une forme de cynisme …
C’est un personnage d’autant plus cynique qu’il n’est pas du tout un djihadiste repenti, bien au contraire. Nous avons d’ailleurs appris il y a quelques jours qu’il détenait illégalement une clé USB dans laquelle se trouvait du contenu djihadiste …
« L’État a multiplié les plans, les dispositifs, les acronymes. Mais rien n’a stoppé la progression lente et méthodique de l’islamisme sur notre sol. Dix ans après les attentats, nous avons appris à vivre avec le danger », déplorait Olivier Fisher, victime des attentats et assistant parlementaire RN dans une tribune publiée dans Le Figaro. Partagez-vous ce constat ? Les Français se sont-ils malheureusement habitués à la menace ?
Cela dépend des générations. Concernant les gens issus de ma génération, je ne dirais pas qu’ils se sont habitués à la menace en soi, mais qu’ils se sont habitués à ne pas en parler.
Beaucoup de personnes, par exemple, me disent sur les réseaux sociaux ou via ma newsletter qu’ils sont d’accord avec mes analyses, mais qu’ils n’osent pas « liker » mes publications ou exprimer leur opinion publiquement par peur de connaître une forme de mort sociale et professionnelle.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.