Alerte aux drones : le Danemark cible de survols inconnus, menace russe évoquée

(De g. à dr.) Le ministre danois de la Défense Troels Lund Poulsen, le ministre de la Justice Peter Hummelgaard, le chef de la police nationale Thorkild Fogde et le chef d’état-major Michael Hyldgaard lors d’une conférence de presse à Copenhague, le 25 septembre 2025.
Photo: EMIL HELMS/Ritzau Scanpix/AFP via Getty Images
Un nouvel aéroport danois a dû fermer dans la nuit de jeudi à vendredi à la suite d’une deuxième alerte aux drones en deux jours, Copenhague estimant faire l’objet d’une « attaque hybride » d’origine inconnue depuis le début de la semaine.
L’espace aérien au-dessus de l’aéroport d’Aalborg, dans le nord du pays, a été fermé jeudi soir à la suite d’une alerte, avant de rouvrir vers 0h35 vendredi (22h35 GMT), a indiqué la police danoise.
Des aéroports paralysés et des vols annulés
Cette fermeture a contraint un vol KLM en provenance d’Amsterdam à faire demi-tour et a entraîné l’annulation d’un vol Scandinavian Airlines au départ de Copenhague, selon les sites de suivi et les compagnies aériennes. À ce stade, les autorités n’ont toutefois pas formellement confirmé la présence de drones.
La multiplication des incidents depuis lundi maintient le pays en alerte maximale. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des aéronefs non identifiés avaient déjà survolé les aéroports d’Aalborg, d’Esbjerg et de Sonderborg, ainsi que la base aérienne militaire de Skrydstrup. Lundi soir, l’aéroport de Copenhague et celui d’Oslo avaient également été ciblés, perturbant le trafic pendant plusieurs heures.
« Ces survols sont l’œuvre d’un acteur professionnel et constituent une menace systématique », a estimé le ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen. La Norvège a par ailleurs annoncé jeudi l’arrestation d’un homme d’origine étrangère qui opérait un drone près de l’aéroport d’Oslo, son appareil ayant été saisi.
Copenhague dénonce des « attaques hybrides »
Face à ces incidents, la Première ministre Mette Frederiksen a évoqué « des attaques hybrides » et prévenu que ce type d’opérations « pourrait se multiplier ». Elle a désigné implicitement Moscou comme principal suspect, estimant qu’ »il existe principalement un pays qui représente une menace pour la sécurité de l’Europe, à savoir la Russie ».
Après un entretien avec la cheffe du gouvernement danois, Emmanuel Macron a assuré que la France était prête à « contribuer à la sécurité de l’espace aérien danois ». Les Vingt-Sept doivent discuter jeudi, lors d’une visioconférence, la proposition de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, d’ériger un « mur » de défense anti-drones.
La Russie a, de son côté, « fermement » démenti toute implication. Son ambassade à Copenhague a dénoncé une « provocation orchestrée ».
L’ombre russe et la réponse militaire
Ces survols interviennent dans un climat de tensions croissantes : mi-septembre, des drones russes avaient franchi l’espace aérien polonais et roumain, tandis que des avions de combat avaient violé celui de l’Estonie. Si aucun lien formel n’a été établi par Copenhague, l’inquiétude grandit, d’autant que le Danemark fait partie des principaux soutiens de l’Ukraine depuis février 2022.
Le gouvernement a annoncé l’acquisition de nouveaux moyens de détection et de neutralisation de drones. L’armée avait toutefois renoncé jusqu’ici à abattre ces engins, invoquant la sécurité des civils, selon le chef d’état-major, Michael Hyldgaard.
Pays membre de l’Otan, le Danemark doit accueillir la semaine prochaine les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne à Copenhague, sous haute vigilance. Ces incidents surviennent alors que le royaume, jugeant que la Russie représenterait « une menace pendant des années », s’apprête pour la première fois à doter ses forces armées d’armes de précision à longue portée.

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