Opinion
2027 : Jordan Bardella peut-il faire de sa jeunesse un atout ?
ANALYSE – Jordan Bardella pourrait porter les couleurs du RN en 2027 si la Cour d’appel de Paris confirme l’inéligibilité de Marine Le Pen l’année prochaine. Pour l’eurodéputé, il s’agira alors de montrer à ses adversaires et aux Français que, malgré son jeune âge, il est prêt à devenir le prochain chef de l’État.
Jordan Bardella.
Photo: LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images
La candidature du président du RN à la prochaine élection présidentielle est un scénario de plus en plus probable.
La patronne des députés Rassemblement national a d’ailleurs confirmé sur RTL le 12 novembre, qu’elle renoncerait à se présenter à l’élection présidentielle au profit de Jordan Bardella en cas de nouvelle décision de justice qui ne jouerait pas en sa faveur.
Pour l’élue du Pas-de-Calais, ce passage de témoin serait alors une « évidence », une « décision difficile à prendre, mais qui s’impose dans l’intérêt du pays ».
« Jordan a les qualités pour occuper tous les postes qui nécessitent de la volonté, des convictions et un amour immodéré du pays », a-t-elle ajouté.
Mais celui qui a grandi en Seine-Saint-Denis est souvent pointé du doigt par ses opposants pour son manque de maturité et d’expérience. « On ne va pas nous faire croire qu’à 30 ans, on est tout à fait capable de diriger un pays comme le nôtre », taclait Xavier Bertrand sur Radio J le 9 novembre. Pour le président LR des Hauts-de-France, Jordan Bardella n’a pas « travaillé ses dossiers » et « ne connaît rien à la vie ».
« J’ai l’âge que j’ai »
L’ex-conseiller régional francilien devra alors, faire en sorte que son jeune âge, ne soit plus une limite, mais au contraire un atout en cas de candidature à l’élection présidentielle. Une démarche pas nécessairement aisée. En 2027, le pays sortira de dix ans de macronisme, et les Français ne voudront peut-être pas confier les clés du Palais à un autre responsable politique âgé d’une trentaine d’années. En plus, à son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron était âgé de 39 ans et entré seulement quelques mois après son élection dans la quarantaine. Jordan Bardella fêtera, quant à lui, en 2027, son 32e anniversaire.
Et le président du RN sera d’autant plus surveillé que ne l’était l’ex-ministre de François Hollande lors de sa première campagne présidentielle. Beaucoup de ses adversaires et une partie du monde médiatique pourraient voir en lui le candidat d’un « parti pas comme les autres ». Chaque geste, chaque mot sera scruté. Le moindre faux pas risquerait de le renvoyer immédiatement vers son « immaturité » ou son « manque d’expérience ».
Mais le député européen semble avoir déjà trouvé l’une des formules pour répondre à ceux qui entendent l’attaquer sur sa jeunesse : la sincérité. « J’ai bientôt 30 ans, je ne vais pas m’inventer 40 ans de vie politique que je n’ai pas, par définition […] j’ai l’âge que j’ai », confiait-il sur Europe 1 en avril. Une sincérité qui pourrait s’avérer être une arme efficace, en solidifiant une image de transparence qui fera peut-être défaut à certains de ses adversaires.
L’atout de la proximité et du bilan
Et malgré son jeune âge, le trentenaire s’active et entame un parcours qui a des allures de campagne présidentielle. Il vient de publier son deuxième ouvrage, Ce que veulent les Français (Fayard). Il va également depuis quelques semaines à la rencontre des Français, de « cette France du travail, humble et silencieuse », comme il l’appelle.
L’objectif ? Bien sûr faire la promotion de son livre, mais aussi, travailler sa stature d’homme d’État, proche du peuple. Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle de Jacques Chirac, un ex-chef de l’État qu’admire d’ailleurs particulièrement le président du Rassemblement national.
« Jacques Chirac avait, non seulement cette passion pour la France, mais aussi cette proximité avec les Français », disait-il de lui sur LCI au mois de mars. Une proximité avec les gens que le président du Rassemblement national semble avoir bien développée et qui pourrait compenser le manque d’ancienneté que lui reprochent ses opposants.
Selon les résultats du baromètre politique réalisé par ELABE pour Les Échos ce mois de novembre, Jordan Bardella est la personnalité politique préférée des Français avec 39 % d’opinions positives. Une première place dans ce classement qu’il occupe depuis le mois de juillet. Et cette popularité est confirmée par l’ensemble des sondages sur l’élection présidentielle à venir. Peu importe la configuration, le trentenaire caracole en tête des intentions de vote, récoltant en moyenne 35 % des suffrages, très loin devant son principal adversaire, Édouard Philippe, qui oscille entre 15 et 16 %.
Jordan Bardella a aussi, à certains égards, un bilan de président du Rassemblement national à faire valoir. Lors de son élection à la tête du RN en novembre 2022, le parti à flamme comptait environ 40.000 adhérents contre plus de 150.000 aujourd’hui. À cela s’ajoutent la victoire des élections européennes de 2024 et la progression du nombre de députés entre les élections législatives de 2022 et la dissolution de l’année dernière. Des succès qui traduisent déjà, malgré tout, une certaine expérience.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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