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Xi Jinping cherche à séduire les investisseurs étrangers

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Une vue du hall avant le début du Forum sur le développement de la Chine à Pékin le 24 mars 2024.

Photo: Pedro Pardo/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Xi Jinping déploie beaucoup d’efforts pour séduire les chefs d’entreprise du monde entier.
En novembre dernier, lors de sa visite à San Francisco pour le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), il a pris le temps de s’entretenir avec des cadres américains lors d’un dîner, et les a invités à venir faire des affaires en Chine, promettant que son pays resterait un lieu d’investissement sûr, fiable et rentable.
Plus récemment, il a de nouveau accueilli une réunion de cadres internationaux à Pékin pour les encourager à investir en Chine.
Xi a de bonnes raisons de courtiser les investissements étrangers, car l’économie chinoise avance au ralenti et les consommateurs chinois comme les entreprises privées chinoises ont perdu confiance dans l’avenir économique du pays. Les gens épargnent davantage et dépensent moins, évitent les risques et, en raison de la baisse des valeurs immobilières et des prix des actions, investissent moins qu’auparavant. Quant aux entreprises privées en Chine, elles préfèrent réduire leurs investissements.
Les dépenses publiques en matière d’infrastructures – qui constituent généralement le moyen par lequel la Chine stimule son économie – sont plus difficiles à réaliser qu’auparavant. Le gouvernement central de Pékin enregistre des déficits budgétaires plus importants qu’il ne le souhaiterait et les gouvernements locaux sont confrontés à un énorme surendettement.
Xi et la Chine ont besoin de dollars, de yens et d’euros en provenance de l’étranger pour atteindre ses objectifs de croissance. Toutefois, face à ce besoin urgent, les étrangers sont soit plutôt réservés, soit refusent carrément de répondre à l’appel.
Certes, les cadres étrangers ont fait preuve d’enthousiasme en réponse aux appels de Xi Jinping. Ils l’ont applaudi vigoureusement à San Francisco et l’ont même ovationné. L’invitation à Pékin de cette année a reçu une réponse plus importante encore que celle de l’année dernière. En 2023, 23 dirigeants d’entreprises américaines de premier plan étaient présents. Cette année, ils étaient 34, dont un plus grand nombre de cadres supérieurs d’entreprises aussi connues qu’Apple, Blackstone, AMD, Qualcomm, McKinsey, Micron Technology, Exxon Mobil, Cargill, Bristol-Meyers Squibb, Pfizer et Hewlett-Packard.
Mais malgré tous les sourires, les applaudissements et les RSVP positifs, l’argent n’a pas suivi et il est peu probable que cela arrive.
Le ministère du commerce de Pékin rapporte qu’au cours des deux premiers mois de l’année, les investissements directs étrangers en Chine ont poursuivi le déclin entamé depuis plusieurs mois. En janvier et février, la Chine a attiré l’équivalent de quelque 215 milliards de yuans (30 milliards d’euros) d’investissements, soit une baisse d’environ 20 % par rapport à l’année précédente, qui ne fait que s’ajouter à la baisse globale de 8 % en 2023.
Quel que retentissant qu’aient été les applaudissements de San Francisco, la diminution des flux d’argent étranger est un dur rappel à la réalité.
Les raisons pour lesquelles l’argent ne vient plus sont importantes pour comprendre ce qui va se passer dans l’avenir. Une partie du problème réside dans le ralentissement du rythme de croissance de la Chine, l’héritage de la pandémie et les blocages qui ont persisté pendant des années après l’urgence sanitaire, dans le cadre de la politique du « zéro Covid » de Xi Jinping. Les défaillances de livraison qui en ont résulté ont affaibli la réputation de fiabilité de la Chine, qui attirait les investissements des États-Unis, de l’Europe et du Japon depuis des années. Rien de ce que Pékin peut faire aujourd’hui ne changera cela, même si les souvenirs s’estompent avec le temps.
Pékin ne peut pas non plus modifier la situation des salaires relatifs. Dans le passé, les bas salaires en Chine étaient un atout pour les investissements étrangers. Mais au cours des dix dernières années, les salaires chinois ont augmenté de plus de 100 %, soit environ 7,5 % par an. Au cours des cinq dernières années, le rythme s’est certes ralenti, mais seulement de façon marginale. Au cours de cette période plus récente, la croissance des salaires s’est élevée en moyenne à près de 5,5 % par an.
Plus important encore pour les flux d’investissement, cette augmentation des salaires est plus rapide que la croissance des salaires nationaux en Amérique, en Europe ou au Japon et plus rapide que dans les pays qui rivalisent avec la Chine pour attirer les fonds d’investissement étrangers, le Viêt Nam, l’Indonésie, les Philippines et le Mexique. Il est peu probable que la Chine parvienne à inverser cette situation, d’autant plus que le mécontentement de la population chinoise est déjà considérable.
Il y a un obstacle majeur aux flux d’investissement que Pékin pourrait lever, mais il est peu probable qu’il le fasse. Les dirigeants américains, européens et japonais se plaignent tous des intrusions croissantes du PCC dans leurs affaires et de l’obsession grandissante de Pékin pour tout ce qui a trait à la sécurité et à l’espionnage.
Ils ont du mal à voir comment ils pourraient mener leurs affaires à bien dans un tel environnement, notamment quand le PCC cherche à contrôler les données et les communications que les entreprises échangent avec les sièges sociaux de leurs pays respectifs. Ils savent par exemple que deux consultants américains, Bain & Co. et le groupe Mintz, ont fait l’objet de perquisitions en vertu des dernières lois de Pékin sur l’espionnage. Dans le cas de Mintz, plusieurs employés ont été arrêtés et la société a été condamnée à payer une amende.
Bien que de telles perturbations soient loin d’être généralisées – du moins pas encore – elles donnent à réfléchir à quiconque souhaite investir en Chine, tout comme les nouvelles lois de ce type récemment imposées à Hong Kong. Si Pékin devait inverser sa politique sur ce front, cela pourrait faire une grande différence, mais les déclarations du gouvernement montrent clairement qu’un tel changement est particulièrement peu probable.
Xi Jinping est tout à fait conscient des besoins économiques de son pays en matière d’investissements étrangers et connaît la nature des obstacles actuels. Il a usé de son charme et, si l’on en croit l’ovation qu’il a reçue à San Francisco, il n’en manque pas. Toutefois, comme le montrent les faits, les investisseurs étrangers préfèrent la substance au charme.
Milton Ezrati, auteur, est collaborateur de la rédaction de The National Interest, une filiale du Centre d'études sur le capital humain de l'université de Buffalo (SUNY), et économiste en chef de Vested, une société de communication basée à New York. Avant de rejoindre Vested, il a été chef de la stratégie de marché et économiste pour Lord, Abbett & Co. Il écrit également fréquemment pour le City Journal et blogue régulièrement pour Forbes.

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