Logo Epoch Times

Vote de confiance : le gouvernement espère encore face à des oppositions déjà tournées vers l’après-Bayrou

top-article-image

Le Premier ministre François Bayrou s'exprime lors d'une conférence de presse à Paris, le 25 août 2025. il fait face à une menace de censure de la part de la gauche et du Rassemblement national.

Photo: DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images

Partager un article

Durée de lecture: 8 Min.

Les soutiens de François Bayrou tentent mardi de croire encore dans le pari du Premier ministre d’arracher la confiance de l’Assemblée le 8 septembre, mais la quasi-certitude d’un vote négatif lance déjà les spéculations sur l’après : nouveau Premier ministre, dissolution ou même départ d’Emmanuel Macron comme réclamé par Jean-Luc Mélenchon.
Confronté au rejet de son plan d’économies budgétaires de près de 44 milliards d’euros d’économies, par les opposants comme dans l’opinion, ainsi qu’à des appels à bloquer le pays le 10 septembre, le Premier ministre a brandi un va-tout lundi pour sa rentrée.
Faire valider le plan de réduction du déficit public
A sa demande, Emmanuel Macron va convoquer une session parlementaire extraordinaire le 8 septembre, et M. Bayrou sollicitera le jour même la confiance de l’Assemblée sur une déclaration de politique générale. Son espoir : faire valider la nécessité d’un tel plan de réduction du déficit public, avant d’en négocier les mesures, dans un second temps.
« Oui, on met nos têtes sur le billot, et alors ? La France mérite ça », a reconnu le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola sur Franceinfo.
Quasiment aucune chance pour le gouvernement
Mais les réactions des oppositions ont été immédiates et ne semblent laisser quasiment aucune chance de réussite au gouvernement, privé de majorité depuis sa naissance en décembre.
Du Rassemblement national à La France insoumise en passant par les Écologistes et les communistes, tous ont promis de voter contre la confiance.
Le fol espoir d’un revirement du PS
Matignon espérait peut-être trouver un compromis avec le Parti socialiste. Mais « les socialistes voteront contre la confiance » à François Bayrou, a tranché aussitôt leur patron Olivier Faure.
Les partisans du gouvernement s’accrochent encore mardi à l’espoir d’un revirement du PS d’ici le 8 septembre.
« Nous sommes à la bataille dans un travail de conviction pour avoir cette majorité le 8 septembre », a plaidé le ministre de l’Économie Eric Lombard sur France inter, assurant « qu’il y a évidemment une marge de négociation sur le partage de l’effort » des 44 milliards d’économies qui comprennent une année blanche fiscale, le gel des prestations sociales et la suppression très impopulaire de deux jours fériés.
Une chute du gouvernement contraire « aux intérêts de la France »
Le ministre et président des Républicains Bruno Retailleau a mis de son côté en garde contre une chute du gouvernement qui serait contraire « aux intérêts de la France », pointant notamment le risque d' »une crise financière majeure ».

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, lors d’une visite dans le commissariat du 20e arrondissement de Paris, le 24 juillet 2025. (THIBAUD MORITZ/AFP via Getty Images)

Les titres de dette française à la baisse
Signe de fébrilité : les actions des banques, qui détiennent en masse des titres de dette française, chutaient nettement mardi à la Bourse de Paris. La dette publique française représente près de 114% du PIB, soit la troisième plus importante de la zone euro derrière la Grèce et l’Italie. Le taux d’intérêt français à échéance dix ans atteignait 3,50% et s’approchait de celui imposé à l’Italie (3,57%), longtemps vue comme la lanterne rouge de la zone euro.
La France bientôt et à nouveau sans gouvernement
Mais, sauf coup de théâtre, ces oppositions conjuguées assurent que la France sera virtuellement sans gouvernement dans deux semaines. Un nouveau rebondissement dans l’instabilité politique provoquée par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Alors quels scénarios si le gouvernement tombe ?
Les scénarios « post-chute » gouvernementale
Marine Le Pen a réitéré son souhait d’une dissolution avec l’espoir que le RN parvienne cette fois à obtenir une majorité.

La présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, à Paris, le 6 avril 2025. (JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images)

Une dissolution possible
Emmanuel Macron a plusieurs fois assuré vouloir éviter une nouvelle dissolution « mais il ne faut pas écarter cette hypothèse », a admis le ministre de la Justice Gérald Darmanin.

Le ministre français de la Justice, Gerald Darmanin, en banlieue parisienne, le 29 juillet 2025. (THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images)

Prendre la suite du gouvernement
A gauche, PS et Écologistes se disent « prêts » à prendre la suite du gouvernement Bayrou.

La secrétaire nationale du parti de gauche français LesÉcologistes Marine Tondelier (à g.), la fonctionnaire française et économiste Lucie Castets et le député « Socialistes et Apparentés » Olivier Faure assistent aux « Universités d’été » du parti Les Écologistes à Strasbourg, le 21 août 2025. (SEBASTIEN BOZON/AFP via Getty Images)

Une nouvelle motion de destitution contre le chef de l’État
Jean-Luc Mélenchon va plus loin : Emmanuel Macron « doit partir ». Après Michel Barnier et François Bayrou, « il faut empêcher M. Macron de nommer pour la troisième fois un Premier ministre qui ferait la même politique », a jugé le leader Insoumis qui a annoncé le dépôt à l’Assemblée d’une nouvelle motion de destitution contre le chef de l’État.

Le fondateur de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon s’adresse aux participants lors d’une manifestation place Stalingrad à Paris, le 6 mai 2025. (LEO VIGNAL/AFP via Getty Images)

Signe que les partis se préparent à toutes les hypothèses, le coordinateur Insoumis Manuel Bompard a appelé sur X à aller s’inscrire sur les listes électorales.

Le coordinateur de La France Insoumise (LFI), Manuel Bompard, lors des Universités d’été de son parti. ( JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP via Getty Images)

Vote de confiance deux jours avant l’appel à bloquer le pays
La date retenue pour le vote de confiance, le 8 septembre, précède de deux jours l’appel lancé sur les réseaux sociaux à bloquer la France. Un appel soutenu par la gauche, de LFI au PS.
Si elles demeurent circonspectes face aux appels du 10 septembre, les organisations syndicales réfléchissent aux modes d’actions, avant une intersyndicale prévue vendredi.
L’intervention de François Bayrou très attendue
C’est dans ce contexte que François Bayrou interviendra mardi lors de l’événement de rentrée de la CFDT. Le Premier ministre a fait du dialogue social un mantra de son bail à Matignon. Mais le « conclave » convoqué pour revisiter la réforme des retraites de 2023 s’est achevé sur un échec.