Vers une nouvelle baisse du taux du Livret A début 2026 ?
Le taux du Livret A pourrait encore reculer au début de l’année 2026, sous l’effet du net ralentissement de l’inflation, mais l’issue dépendra in fine de l’arbitrage du gouvernement à l’approche des élections municipales.

Photo: MAEVA DESTOMBES/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Les livrets réglementés, dont le Livret A demeure le produit d’épargne le plus emblématique, voient leurs taux révisés deux fois par an, à la mi-janvier et à la mi-juillet, selon une mécanique encadrée mais régulièrement infléchie par le pouvoir exécutif.
La formule de calcul fixe le taux en fonction de la hausse des prix des six derniers mois et d’un taux d’intérêt interbancaire, lui-même lié à la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Mi-janvier, dès que les chiffres définitifs de l’inflation pour décembre seront connus, le gouverneur de la Banque de France proposera au ministère de l’Économie un nouveau taux, soit en s’alignant sur le résultat de la formule, soit en s’en écartant. Le nouveau taux entrerait en vigueur au 1er février.
Un rendement en nette érosion
Le taux de rémunération du Livret A, comme celui du Livret de développement durable et solidaire (LDDS), s’élevait encore à 3% début 2025, avant d’être abaissé à 2,4% au 1er février, puis à 1,7% au 1er août. À la suite de ces reculs successifs, les Français, pourtant réputés pour leur forte propension à épargner, ont davantage retiré d’argent de leurs Livrets A qu’ils n’en ont déposé. Ce mouvement de décollecte a culminé en octobre, à 3,81 milliards d’euros.
« La formule légale impliquerait que le taux du livret A soit de 1,4% à partir de février », a indiqué dans une note le directeur des études économiques de l’IESEG School of Management, Eric Dor, qui évoque une fourchette comprise entre 1,3% et 1,5%. « Compte tenu des hypothèses d’inflation et de taux d’intérêt », le taux du Livret A « pourrait être ramené à 1,4/1,5% », a indiqué Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, à une journaliste de l’AFP. Ces prévisions s’appuient sur le reflux de l’inflation des derniers mois, mesurée à 0,9% sur un an en novembre, selon le dernier pointage de l’Insee.
Une formule souvent malmenée
La formule de calcul est loin d’être appliquée mécaniquement et a fait l’objet de fréquentes dérogations ces dernières années. Le gel du taux du Livret A à 3% pendant dix-huit mois, du 1er août 2023 au 31 janvier 2025, devait par exemple, selon son instigateur, le ministre de l’Économie d’alors Bruno Le Maire, profiter aux épargnants. Or, si la formule avait été strictement suivie, le taux aurait été systématiquement supérieur, dépassant même 4% au deuxième semestre 2023.
Cependant, aujourd’hui, « le gouvernement souhaite relancer la consommation », a poursuivi M. Crevel. « Tout porte à une nouvelle baisse, même si elle sera impopulaire, du taux du livret A », indique-t-il. « Après, il y a des dérogations possibles. La proximité des élections municipales pourrait inciter le gouvernement à différer l’application », ajoute M. Crevel, soulignant la dimension éminemment politique de ce dossier.
Un produit au cœur des débats fiscaux
Dans un rapport présenté lundi, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a avancé de nombreuses pistes pour réformer la fiscalité du patrimoine, dont celle visant à modifier les plafonds des livrets d’épargne réglementée (Livret A, livret d’épargne populaire – LEP…), en soumettant à l’impôt la part excédant ces plafonds. Une telle évolution inciterait, selon le CPO, à réorienter l’épargne populaire vers des placements jugés plus favorables à l’activité économique.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Roland Lescure, a réagi en affirmant que le gouvernement « n’envisageait absolument pas de toucher au fonctionnement du Livret A : ni à travers une réduction de son plafond, ni par une fiscalisation, y compris partielle », dans un message posté sur le réseau social Bluesky. Ces recommandations « n’engagent que la Cour des comptes et ne constituent en aucun cas la position du gouvernement », a assuré M. Lescure. Pour lui, le Livret A demeure « un produit d’épargne populaire essentiel, qui joue un rôle déterminant dans le financement du logement social et du renouvellement urbain », et « il constitue un outil central pour soutenir les ménages qui en ont le plus besoin ».

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