Logo Epoch Times
plus-icon

Une nouvelle étude alerte sur les risques du cannabis pour la fertilité féminine

top-article-image

plants de marijuana.

Photo: Ethan Miller/Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 7 Min.

L’exposition au cannabis pourrait affecter la santé des ovules d’une femme et augmenter le risque de problèmes génétiques chez les embryons, selon une nouvelle étude.

Dans des travaux publiés mardi dans la revue Nature Communications, des chercheurs d’une clinique canadienne de fertilité ont découvert que des niveaux élevés de tétrahydrocannabinol (THC) – le principal composé du cannabis responsable de l’effet euphorisant – pourraient perturber la maturation des ovules, entraînant potentiellement des anomalies chromosomiques à l’origine de malformations congénitales.

Pour leur étude, l’équipe a examiné plus de 1000 échantillons de liquide ovarien provenant de femmes suivant un traitement de fertilité. Parmi elles, les ovules non fécondés de 62 femmes testées positives au THC ont été comparés à ceux de deux femmes ne consommant pas de cannabis, appariées selon plusieurs critères.

Les résultats ont montré que les ovules exposés au THC avaient tendance à mûrir plus rapidement et, de ce fait, pourraient être moins susceptibles de se développer en embryons contenant le bon nombre de chromosomes. Lorsque les chromosomes ne s’alignent pas correctement, l’ovule peut ne pas être fécondé ou donner naissance à un embryon présentant des anomalies.

Les ovules non fécondés, ou ovocytes, « doivent disposer de suffisamment de temps pour atteindre la maturité cytoplasmique », ont écrit les chercheurs, en référence à une étape essentielle marquant l’achèvement des changements biochimiques et structurels nécessaires à une fécondation réussie et au développement d’embryons sains. Ce processus dépend d’un emballage « précis et rigoureux » de composants clés, notamment les transcrits d’ARN messager (ARNm) de la mère, qui constituent la seule source d’instructions pour la croissance de l’embryon jusqu’à ce que ses propres gènes s’activent.

« Dans l’ensemble, l’exposition au THC semble affecter des transcrits essentiels impliqués dans la maturation des ovocytes, la fécondation, le développement précoce de l’embryon et l’implantation », ont conclu les auteurs, tout en précisant que les mécanismes exacts par lesquels le THC agit sur ces processus chez l’humain restent à déterminer.

Une autre partie de l’étude s’est penchée sur des ovules très immatures cultivés en laboratoire. Ces ovules, donnés par des femmes suivant un traitement de fertilité et non utilisables pour la reproduction, ont été exposés au THC dans des conditions contrôlées. Après 24 heures, ceux exposés à des concentrations plus élevées de THC présentaient davantage de défauts au niveau des fuseaux — de minuscules structures qui guident le positionnement des chromosomes lors de la division cellulaire. De telles erreurs pourraient empêcher un embryon de se développer normalement.

« Dans l’ensemble, ces données constituent une preuve convaincante que la consommation de cannabis pourrait nuire à la fertilité féminine », ont écrit les chercheurs.

Ces résultats s’ajoutent à un nombre croissant d’études portant sur les effets du cannabis sur la reproduction féminine. En mai, des scientifiques de l’Oregon Health & Science University (USA) ont mené une revue systématique de 51 études regroupant plus de 21 millions de personnes. Ils ont constaté que la consommation de cannabis pendant la grossesse était associée à un risque accru de naissance prématurée, de faible poids à la naissance et même de mortalité infantile.

Contrairement à la consommation d’alcool et de nicotine, en baisse chez les femmes enceintes ces dernières années, celle de cannabis est en hausse, les lois et les normes sociales autour de sa consommation s’étant assouplies. Une étude publiée en juin dans The American Journal of Preventive Medicine a rapporté que l’usage déclaré de cannabis au cours du mois précédent avait plus que triplé chez les femmes enceintes aux États-Unis entre 2002 et 2020.

Le taux de femmes enceintes qui consomment du cannabis en France varie selon les sources, mais les données récentes indiquent qu’environ 2 % à 3 % des femmes enceintes déclarent une consommation de cannabis pendant la grossesse, selon l’enquête nationale périnatalité de 2016 et d’autres sources plus récentes. Certaines études évoquent une fourchette plus large allant de 3 % à 10 %, selon les méthodologies et les populations étudiées.

L’impact du cannabis sur la fertilité masculine, lui, a été davantage étudié et mieux documenté. Dès la fin des années 1990, des chercheurs de l’université de Buffalo (USA) avaient découvert que le THC activait les mêmes récepteurs cérébraux que l’anandamide, un cannabinoïde naturellement présent dans le corps, capable d’empêcher les spermatozoïdes de féconder un ovule. Selon eux, les consommateurs réguliers de marijuana risquaient de compromettre leur fertilité en « surchargeant » ce système naturel de régulation de la motilité des spermatozoïdes.

Des études ultérieures menées dans la même université ont montré que les hommes fumant fréquemment du cannabis avaient tendance à présenter des volumes de liquide séminal plus faibles, une diminution du nombre total de spermatozoïdes et un comportement anormal de ces derniers. Dans de nombreux cas, les spermatozoïdes se déplaçaient « trop vite, trop tôt », s’épuisant avant d’atteindre l’ovule et rendant la fécondation improbable.

Des recherches plus récentes ont confirmé ces inquiétudes. Une étude menée en 2020 auprès de 229 hommes jamaïcains a notamment montré qu’une consommation modérée de cannabis était associée à une probabilité trois fois et demie plus élevée de produire des spermatozoïdes difformes, réduisant ainsi considérablement les chances de fécondation réussie.