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Opinion

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Un ex responsable chinois menace les États Unis de « conséquences dévastatrices »

Que cache l’avertissement promettant une riposte nucléaire à toute attaque contre la Chine ?

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Le missile JL 1 de première génération, lancé depuis un sous marin et à tête nucléaire, lors d’un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025.

Photo: Pedro Pardo/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Alors que le président américain Donald Trump doit rencontrer, ces prochains jours en Corée du Sud, le dirigeant chinois Xi Jinping, leurs échanges dépasseront‑ils les questions de droits de douane et de restrictions commerciales ? Ils pourraient aussi porter sur les risques inhérents au « cliquetis de sabres » nucléaires.
Exemple à l’appui : lors des grandes célébrations du mois dernier, qui marquaient le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Victor Gao, vice‑président du Center for China and Globalization (Centre pour la Chine et la mondialisation, ndlr), basé à Pékin, a lancé un avertissement à ne pas prendre à la légère. Traduites, ses paroles signifiaient que « toute attaque, conventionnelle ou nucléaire, aura des conséquences dévastatrices ». M. Gao a ensuite évoqué l’arsenal nucléaire chinois exhibé lors du défilé susmentionné, censé pouvoir frapper n’importe quelle cible dans le monde en moins de 20 minutes.
Il apparaît clairement que cette menace visait les États‑Unis et le Japon, en raison de leur soutien affiché à Taïwan et à sa défense, et qu’elle pourrait signaler un tournant sérieux dans la rhétorique de Pékin.

Pourquoi une déclaration si agressive ?

La menace de riposte nucléaire traduit l’agressivité croissante du régime communiste chinois dans la région et ailleurs — prononcée, qui plus est, lors d’une célébration de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Depuis plusieurs mois, politiques commerciales, géopolitique et rhétorique officielle sont passées, entre Washington et Pékin, d’une rivalité compétitive à un affrontement assumé.
L’intention peut avoir été de lier la fin d’une guerre mondiale à l’éventualité d’une autre, à la faveur d’une inflexion de la politique américaine en Asie‑Pacifique. Certains avancent que l’administration Trump commence à s’éloigner de la politique d’« une seule Chine » et de « l’ambiguïté stratégique » concernant Taïwan, piliers des relations américano‑chinoises depuis l’ère Nixon.

Les États‑Unis s’éloignent‑ils de la politique d’« une seule Chine » ?

En faisant de la défense de Taïwan une priorité, l’administration semble évoluer vers une politique de « clarté stratégique », Trump penchant, sur les plans géopolitique et économique, en faveur de Taïwan et au détriment de la Chine. Geste provocateur, certes, mais jugé nécessaire pour dissuader les ambitions régionales et mondiales du Parti communiste chinois.
Comme indiqué plus haut, les États‑Unis ne sont pas seuls à promettre de défendre l’île en cas d’invasion. Le Japon a explicitement arrimé sa sécurité nationale à celle de Taïwan. Tokyo assumera un rôle plus actif et stratégique dans l’architecture de sécurité régionale, comme depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des États‑Unis. La nouvelle cheffe de l’exécutif japonais a fait de la hausse des dépenses de défense une priorité.

La riposte de Pékin : limiter l’accès aux éléments critiques

Pékin ne peut que « lire ce qui est écrit sur le mur », ce qui éclaire en partie sa décision de limiter l’accès américain aux terres rares stratégiques, dont la Chine contrôle environ 60 % de l’offre mondiale et 92 % du traitement. Les restrictions ont aussi frappé l’Union européenne, premier partenaire commercial de la Chine, ainsi que le Japon, qui cherchent des voies pour amener Pékin à desserrer l’étau.
Restreindre l’accès américain à ces intrants cruciaux — omniprésents dans les systèmes de guidage, de communication et d’autres domaines stratégiques, civils et militaires — affecte directement la préparation militaire des États‑Unis. Si l’objectif était d’attirer l’attention de l’administration Trump, il semble atteint.

L’escalade est‑elle inévitable ?

Trump et Xi parviendront‑ils à faire retomber la rhétorique et à infléchir des politiques commerciales aux conséquences lourdes ?
Difficile à dire.
D’un côté, les États‑Unis n’ont ni désir, ni besoin, ni intention de frapper militairement la Chine continentale, tout en continuant d’armer Taïwan et d’imposer des tarifs élevés. De l’autre, l’économie chinoise souffre des droits de douane, et Pékin considère Taïwan comme partie intégrante de la Chine. Toute défense militaire de la « province renégate » par les États‑Unis et le Japon contre les forces chinoises serait donc perçue comme une attaque contre la Chine. Défendre Taïwan contre l’appareil militaire du PCC impliquerait presque à coup sûr un engagement des États‑Unis et du Japon contre les forces chinoises.
Est‑ce là l’« attaque conventionnelle » à laquelle Victor Gao faisait référence, susceptible de déclencher une riposte nucléaire de Pékin contre les États‑Unis et/ou le Japon ?
C’est plausible, d’autant que les exercices militaires chinois se sont nettement intensifiés cette année.

Xi envisage‑t‑il une invasion de Taïwan pour se maintenir au pouvoir ?

S’ajoute l’érosion du soutien politique dont bénéficie Xi Jinping, notamment au sein de l’Armée populaire de libération (APL). La semaine dernière, neuf de ses principaux généraux ont été relevés de leurs fonctions. Les purges sont fréquentes en Chine, mais ici, tous ces généraux avaient été nommés par Xi lui‑même.
La raison officielle — la corruption — convainc peu. Les cadres du PCC sont tristement célèbres pour leur goût du lucre et leur accumulation de grandes fortunes via entreprises d’État, prêts illicites et autres malversations.
La cause la plus probable est une déloyauté à l’égard de Xi ou de ses orientations — ce qui revient au même. L’un des points de désaccord des généraux pourrait‑il être un plan d’attaque anticipé contre Taïwan ?
Ce n’est pas à exclure. La « réunification » figure de longue date parmi les priorités de Xi, qui a demandé à son armée d’être prête d’ici 2027. Avec une économie qui ralentit, un chômage élevé et un immobilier en berne, frapper plus tôt que prévu pourrait lui sembler opportun — sinon à ses généraux.
Les spéculations sur la chute politique de Xi circulent depuis des années, souvent à juste titre. Mais même si son soutien s’effrite dans certaines franges du Parti, comme tous les dirigeants, il jouera les cartes dont il dispose. L’une d’entre elles pourrait être un système de lancement de missiles nucléaires hypersoniques, contre lequel les États-Unis ne disposent peut-être d’aucune défense crédible à l’heure actuelle.
Souhaitons que convaincre Xi de renoncer à une riposte nucléaire figure bien à l’ordre du jour en Corée du Sud.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.