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Tsu’Chu : le jeu antique chinois à l’origine du football

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Le Tsu’Chu (ancêtre du football) était si populaire sous la dynastie Tang qu’il devint une activité pratiquée à la cour impériale.

Photo: Linda Zhao / The Epoch Times

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Durée de lecture: 6 Min.

Bien avant que la Coupe du monde n’enflamme les foules, le football existait déjà… en Chine. Peu de spectateurs savent en effet que la première forme connue de ce sport universel ne trouve pas son berceau en Europe, mais dans l’Empire du Milieu.

Depuis 2004, la FIFA reconnaît le Tsu’Chu, un jeu de ballon compétitif pratiqué il y a plus de deux millénaires, comme l’ancêtre officiel du football moderne.

Aux origines du Tsu’Chu

Les textes classiques tels que les Stratégies des Royaumes combattants ou les Mémoires historiques de Sima Qian attestent de la popularité du Tsu’Chu dans la cité de Linzi, capitale du royaume de Qi, dès la période des Royaumes combattants (475 av. J.-C. – 221 av. J.-C.).

Le terme “Tsu’Chu” associe tsu (frapper du pied) et chu (balle). Selon l’ouvrage Jianhu Shouji de Chu Renhuo (dynastie Qing), les ballons des débuts étaient en cuir, bourrés de poils d’animaux. Ce divertissement avait d’abord une vocation militaire : former les soldats et éprouver leur endurance. Les Mémoires historiques notent que « le Tsu’Chu reflète la tactique militaire. Il entraîne les guerriers et révèle leurs capacités. »

Sous les Han, un jeu codifié

La dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.) donna au Tsu’Chu des règles précises et une signification morale autant que physique.

Le lettré Li You composa l’Inscription du terrain de jeu, décrivant l’aire de jeu et ses règles. Le terrain symbolisait le yin et le yang ; chaque extrémité comportait six buts en forme de croissant, appelés « chambres chu ». Deux équipes de douze joueurs s’y affrontaient.

Li insistait sur la discipline et l’équité :

– « L’arbitre doit être impartial, sans faveur ni parti pris. »

– « Les joueurs doivent garder leur calme et ne pas accuser autrui. »

Les capitaines et arbitres étaient élus, et le respect des règles, impératif.

« Si le football exige vertu et droiture, combien plus encore le gouvernement ! », concluait Li.

Un manuel en 25 chapitres, intitulé Tsu’Chu, figurait dans le Livre des Han. Hélas perdu après la dynastie Tang, il avait été classé parmi les sciences militaires en raison de sa rigueur stratégique.

L’âge d’or des Tang

Sous les Tang (618-907), les balles pleines cédèrent la place à des ballons gonflés d’air, plus rebondissants et favorisant l’invention de nouvelles techniques.

Le poète Wang Wei célébrait ainsi le jeu : « Le ballon montait si haut qu’il dépassait les oiseaux. »
La passion pour le Tsu’Chu gagna même la cour impériale : les empereurs Taizong et Xuanzong en étaient de fervents spectateurs. Les vainqueurs recevaient des étoffes précieuses, tissées d’or et d’argent, symboles de prestige et de faveur impériale.

Quand l’empereur chaussait les crampons

L’empereur Taizu, fondateur de la dynastie Song (960-1279), fut le plus haut personnage à pratiquer le Tsu’Chu. Une peinture de Su Hanchen, aujourd’hui perdue mais copiée par Qian Xuan, le représente frappant le ballon en compagnie de son ministre Zhao Pu, sous les yeux de quatre témoins.

La première composition d’équipe

Dans les Vieilles histoires de Wulin (dynastie Song du Sud), figure une liste complète de 32 joueurs : sans doute la première formation de départ jamais enregistrée, avec des positions comparables à celles du football moderne.

Selon des recherches de l’université Soochow (Taïwan), la partie débutait par un coup d’envoi, la balle circulant entre joueurs selon un schéma précis, sans jamais toucher le sol ni être saisie à la main. Le ballon revenait ensuite au joueur initial qui tentait de marquer en visant l’« œil du vent », un but perché entre deux poteaux. Chaque réussite équivalait à une victoire partielle.

Les femmes elles aussi jouaient. Le Comprehensive Examination of Literature mentionne une équipe féminine de 153 membres, évoluant à la cour des Song dans des robes brodées et des ceintures d’argent, devant un large public.

Déclin et disparition

Malgré cette vitalité, le Tsu’Chu déclina sous les Ming et les Qing. L’empereur Hongwu interdit sa pratique, jugeant que les dignitaires s’y adonnaient avec excès. Les sanctions furent terribles : certains joueurs auraient même eu les pieds amputés.

Sous les Qing, le jeu perdit son aura aristocratique et s’effaça de la mémoire collective. Mais son héritage demeure : celui du premier football organisé de l’histoire, témoignage surprenant de l’ancienneté universelle du sport roi.

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