Trois nonnes fuient une maison de retraite pour retrouver leur couvent, malgré un différend avec l’église

Sœur Bernadette du monastère de Goldenstein et des sœurs du chœur augustinien et son frère au Festival Hall de Salzbourg le 3 avril 2016.
Photo: Wang Jing / Epoch Times
En Autriche, dans la banlieue salzbourgeoise d’Elsbethen, une affaire inhabituelle fait la une : trois religieuses catholiques âgées de 82 à 88 ans ont occupé le château historique de Goldenstein. Elles veulent y passer leurs derniers jours — en dépit de l’opposition de l’Église et du monastère.
Elsbethen, dans la banlieue de Salzbourg, n’a pas pour tradition d’être un bastion du squat, mais elle accueille cette fois une relève pour le moins singulière. Ce ne sont pas de jeunes autonomes, mais trois religieuses catholiques, âgées de 82 à 88 ans, qui se sont installées contre la volonté du propriétaire dans le château de Goldenstein.
Ce château appartient pour moitié au monastère augustinien de Reichersberg et pour moitié au diocèse de Salzbourg. Il a servi, depuis 1878, d’école privée pour filles. Parmi les élèves figurait notamment l’actrice Romy Schneider. Depuis 2017, Goldenstein est un collège mixte. À la création de l’établissement, des religieuses s’y sont également installées ; elles étaient originellement originaires de Rastatt.
Les origines de l’action des sœurs Bernadette (88 ans), Regina (86 ans) et Rita (82 ans) remontent à 2023. Le prévôt Markus Grasl, en fonction depuis le 1er octobre 2022, avait alors organisé le transfert des religieuses vers la résidence seniors du château de Kahlsperg, dans l’arrondissement voisin de Tennengau. C’est dans cette maison de retraite que, selon la volonté du prévôt Grasl, les femmes âgées devaient passer leurs vieux jours.
Il partait du principe que la prise en charge y serait optimale et que l’affaire serait close. Les religieuses, qui enseignaient au sein de l’établissement — sœur Regina l’avait même dirigé pendant un certain temps –, n’ont visiblement pas partagé ce point de vue. Elles considèrent ce changement de domicile comme contraint et ne se sont jamais senties chez elles à la maison de retraite.
Au début du mois, elles ont organisé de leur propre initiative leur retour à Goldenstein. Comme le rapporte le quotidien Standard, d’anciennes élèves et d’autres sympathisants ont aidé à fournir un service de déménagement. Un serrurier appelé sur place n’aurait apparemment posé aucune question et a permis aux religieuses de reprendre possession de leur environnement familier.
L’abbaye avait accepté qu’elles restent au couvent « tant que leur santé et leur état spirituel le permettent ».
Depuis, elles occupent le bâtiment. Au début, elles ont même vécu sans électricité ni eau courante. Un monte-escalier précédemment installé avait aussi été démonté.
Les sœurs expriment à l’égard de l’Église de lourdes accusations. Sœur Bernadette, âgée de 88 ans, a déclaré aux médias :« Nous n’aurions jamais pensé que l’Église nous traiterait ainsi. »
Du point de vue de l’abbaye de Reichersberg, la procédure adoptée concernant le logement des religieuses a toujours été menée justement. M. Grasl a lancé un appel aux intéressées pour qu’elles regagnent la résidence pour personnes âgée de Kahlsperg. Il soutient que la décision de réinstallation avait été prise après une étroite concertation avec les religieuses.
Dans l’acte de transfert du château de 2022, l’abbaye s’engage à veiller à la « garantie d’une retraite monastique des membres restants ». Un droit de séjour dans le château leur avait été assuré, « tant que cela est soutenable sur les plans de la santé et de la vie spirituelle ».
Un politicien du KPÖ promet son soutien aux religieuses catholiques de Goldenstein
Aux yeux de M. Grasl, ce n’est déjà plus le cas. L’état de santé physique des femmes et l’état structurel des locaux ne permettraient plus aux sœurs de mener une vie autonome. Toutefois, celles-ci refusent catégoriquement de passer leurs dernières années dans l’établissement de Kahlsperg, désormais géré par Caritas, plutôt que dans leur cher Goldenstein.
D’anciennes élèves et des habitants du quartier les soutiennent, et trois restaurants locaux assurent leur ravitaillement. Le maire-adjoint de Salzbourg, Kay Michael Dankl, entend solliciter un soutien financier auprès d’un fonds social financé par des élus.
Dans un entretien accordé au journal Kronen Zeitung, M. Dankl a critiqué le fait que l’Église souhaiterait revendre le bien immobilier à profit après le départ des religieuses.
« Les sœurs sont chez elles ici depuis des décennies, elles devraient pouvoir y passer leurs vieux jours. »
Le président du conseil paroissial, Philip Steiner, reproche en revanche au politicien, dans le Salzburger Nachrichten, de chercher à se mettre en avant. Selon M. Steiner, M. Dankl voudrait « s’opposer à l’Église, comme le font les communistes ».

Reinhard Werner écrit pour Epoch Times sur l'économie, les dynamiques sociales et les questions géopolitiques. Il s'intéresse particulièrement aux relations internationales, aux migrations et aux conséquences économiques des décisions politiques.
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