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Manifestation étudiante nationale contre le service militaire

Allemagne : grève scolaire prévue contre le nouveau service militaire, des manifestations annoncées dans plus de 50 villes

Une résistance nationale se met en place contre le projet de service militaire obligatoire. Les étudiants prévoient de manifester dans 58 villes le 5 décembre, soutenus par leurs parents, les syndicats et des groupes politiques.

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Des recrues assistent à un exercice de destruction de char sur le terrain dans une caserne des forces armées allemandes (Bundeswehr), lors d'une journée médias consacrée à la formation de base des recrues de la Bundeswehr, le 13 novembre 2025. Le gouvernement de coalition allemand a convenu d'un nouveau modèle de service militaire volontaire après des semaines de débats sur l'éventuelle introduction d'un volet obligatoire.

Photo: INA FASSBENDER/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Le projet de nouveau service militaire suscite des critiques de la part d’une partie de la jeunesse allemande. Dès l’année prochaine, un questionnaire serait envoyé à tous les jeunes hommes et femmes de 18 ans afin de recruter des volontaires pour le service militaire dans les forces armées allemandes.
La nouvelle loi exigerait pour tous les hommes nés le 1er janvier 2008 ou après de se soumettre à une visite médicale d’aptitude au service militaire à partir de juillet 2027.

Grève scolaire contre la conscription

Des étudiants de toute l’Allemagne prévoient de manifester dans les rues vendredi 5 décembre. La « grève scolaire contre la conscription » devrait avoir lieu dans au moins 58 villes.
Le site web des organisateurs recense les villes où des comités de grève existent et où des actions sont prévues. Les grèves sont principalement promues via Instagram. Des appels à l’action circulent désormais aussi sur d’autres réseaux sociaux.

Réserves à l’égard de la militarisation et de la normalisation de la rhétorique guerrière

La grève scolaire s’oppose au projet visant à recruter des volontaires pour l’armée allemande par le biais d’un examen médical et, si nécessaire, à enrôler des jeunes par tirage au sort.
La date des actions de protestation vendredi coïncide avec le vote au Parlement allemand sur la loi de modernisation du service militaire. Ce projet de loi est présenté par la « coalition noire-rouge ». Certains protagonistes voient également dans la grève prévue un signal contre la militarisation croissante de la société.
Du côté des organisateurs, on affirme que la réintroduction du service militaire obligatoire censé permettre aux jeunes d’être en mesure de « faire la guerre pour l’Allemagne » remet en cause le principe constitutionnel selon lequel nul ne peut être contraint de servir sous les drapeaux contre sa volonté.
Les initiateurs critiquent également ce qu’ils considèrent comme des efforts insuffisants en faveur de solutions diplomatiques.
Les initiateurs de cette journée d’action appellent les élèves à ne pas aller en cours, mais à participer aux manifestations. Le site précise :
« Nous ne voulons pas passer six mois de notre vie enfermés dans des casernes, à être dressés à l’obéissance et à apprendre à tuer. La guerre n’est pas une perspective d’avenir et détruit nos moyens de subsistance. »

Le droit à l’objection de conscience est maintenu malgré la nouvelle loi sur le service militaire

Il est difficile de savoir dans quelle mesure cet appel trouvera un écho significatif. Dans certaines villes, des enquêtes menées dans les écoles ont révélé que ni les élèves, ni les parents, ni les enseignants n’étaient au courant du projet de grève.
En outre, le droit fondamental à l’objection de conscience prévu à l’article 4 de la Loi fondamentale reste en vigueur même en cas d’entrée en vigueur du nouveau service militaire. Le projet de loi stipule également expressément que ce droit doit être maintenu, même en cas d’urgence.

Une perspective de participation moindre que lors de la « grève scolaire pour le climat »

Il ne faut donc pas s’attendre à une participation aussi importante que lors de la « grève scolaire pour le climat ». De plus, l’attention médiatique accordée au mouvement actuel de grève est jusqu’à présent nettement moindre que celle accordée à « Fridays for Future ».
Une nette majorité de la population est favorable à la réintroduction du service militaire obligatoire. Ce soutien augmente avec l’âge et donc avec la diminution du risque d’être personnellement concerné.
Cependant, il y a de fortes chances pour qu’au moins beaucoup plus de jeunes participent à la manifestation contre le service militaire obligatoire qu’au dernier boycott scolaire connu en Allemagne.
En mai 2024, une association de jeunesse communiste et le groupe « Migrantifa » avaient appelé à une « grève scolaire pour la Palestine » à Berlin. Les organisateurs avaient choisi le quartier de Neukölln comme lieu de rassemblement, où l’on aurait pu s’attendre à ce que le public cible vienne nombreux. Mais seules quelques dizaines de participants s’étaient réunis. La police avait alors parlé de 80 personnes.

Soutiens

Ces appels reçoivent le soutien de divers milieux, notamment des parents, des enseignants, des syndicats et des initiatives comme le Comité fédéral pour la paix. Des représentants étudiants et des organisations de jeunesse comme les « Faucons » ont également exprimé leur solidarité.
Des personnalités politiques du Parti de gauche Die Linke, de BSW, de PARTEI et de l’AfD ont également manifesté leur approbation. Les sections locales du parti Die Linke et du BSW ont apporté leur soutien à l’action prévue et à la cause défendue dans certaines villes. À Leipzig, la jeunesse du parti Die Linke et la branche locale du parti auquel elle est affiliée appellent même à une grève devant le centre de recrutement de la Bundeswehr. La vice-présidente du groupe Die Linke au Parlement allemand, Nicole Gohlke, a également déclaré sur X que Die Linke était « solidaire » de l’action des élèves contre le « service obligatoire ».
Le député européen sans affiliation Martin Sonneborn (Die PARTEI) a enregistré une vidéo de solidarité et a annoncé qu’à partir de jeudi, une « excuse à télécharger » serait disponible sur sa page d’accueil.
Mais Hans-Thomas Tillschneider, député AfD du Landtag de Saxe-Anhalt et porte-parole du groupe AfD pour l’éducation, la culture et la science, a également qualifié la grève scolaire de « cause légitime ».
Reinhard Werner écrit pour Epoch Times sur l'économie, les dynamiques sociales et les questions géopolitiques. Il s'intéresse particulièrement aux relations internationales, aux migrations et aux conséquences économiques des décisions politiques.

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