Tollé après l’interdiction des fans israéliens à Birmingham : Londres tente d’éteindre la polémique

Des supporteurs du Maccabi Tel-Aviv agitent des drapeaux à l’aéroport Ben-Gourion, près de Tel-Aviv, le 8 novembre 2024.
Photo: JACK GUEZ/AFP via Getty Images
Le gouvernement britannique a assuré vendredi soir qu’il mettrait « tout en œuvre » pour que la rencontre de Ligue Europa du 6 novembre entre Aston Villa et le Maccabi Tel-Aviv puisse se tenir « en présence de tous les supporteurs », après le tollé suscité par l’interdiction faite aux fans israéliens d’assister au match pour des raisons de sécurité.
« Le gouvernement travaille avec les forces de l’ordre et d’autres partenaires pour faire tout ce qui est en notre pouvoir afin de garantir que ce match puisse se dérouler en toute sécurité, avec tous les supporteurs présents », a déclaré un porte-parole dans un communiqué officiel. « Nous examinons quelles ressources et quel soutien supplémentaires sont nécessaires », a-t-il ajouté.
Tollé politique après une interdiction inédite
Une réunion des autorités locales doit avoir lieu en début de semaine pour trancher la question, selon une source gouvernementale. Jeudi soir, le club d’Aston Villa avait annoncé que les supporteurs du Maccabi Tel-Aviv ne seraient pas autorisés à se rendre à Birmingham, s’appuyant sur les recommandations de la police locale. Une mesure rarissime au Royaume-Uni, qui a immédiatement provoqué une vague de critiques.
Le Premier ministre travailliste Keir Starmer a jugé cette décision « mauvaise ». « Nous ne tolérerons pas l’antisémitisme dans nos rues », a-t-il affirmé sur X, moins d’un mois après l’attaque contre une synagogue de Manchester ayant fait deux morts.
En Israël, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a dénoncé un choix « honteux » et exhorté Londres à revenir sur cette décision. Le directeur général du Maccabi, Jack Angelides, s’est pour sa part dit « consterné ».
Les autorités locales sommées de réexaminer leur position
Face à la controverse grandissante, le chef de la police des Midlands de l’Ouest, Simon Foster, a demandé à l’organisme chargé de la sécurité au stade de Villa Park de « réexaminer sa décision dans les meilleurs délais » et d’envisager « des alternatives appropriées ». Le maire de Birmingham a averti de son côté que tout surcoût lié au renforcement des mesures de sécurité devrait être pris en charge par le gouvernement.
La police locale a classé la rencontre à « haut risque », en raison d’« informations récentes » et d’incidents survenus précédemment, notamment lors du match entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv en 2024. Cette rencontre avait dégénéré aux Pays-Bas après des affrontements nocturnes au cours desquels plusieurs supporteurs israéliens avaient été agressés.
Antécédents de tensions et inquiétudes sécuritaires
À Amsterdam, en novembre 2024, des fans israéliens avaient été pris pour cible dans la rue, au terme de deux jours d’émeutes marqués par des chants anti-arabes, des dégradations et la profanation d’un drapeau palestinien. Un groupe ultra du club, les Maccabi Fanatics, connu pour ses positions d’extrême droite et ses slogans hostiles envers les joueurs arabes, avait été mis en cause.
À travers l’Europe, la participation d’équipes israéliennes à des compétitions internationales s’accompagne régulièrement de manifestations propalestiniennes qui dégénèrent parfois en heurts avec les forces de l’ordre.
L’UEFA, tout en rappelant que « les autorités locales demeurent responsables des décisions relatives à la sécurité sur leur territoire », a dit « souhaiter que les supporteurs puissent voyager et soutenir leur équipe dans un environnement sûr ».
Un climat tendu dans la communauté juive britannique
« Cette situation nous fait vraiment très mal et nous espérons que la décision sera modifiée », a confié à l’AFP Tamir Nahson, 37 ans, importateur de vin et fervent soutien du Maccabi. « C’est vraiment une capitulation » et cela démontre « l’incapacité totale de la police à gérer l’événement », a estimé un autre fan, Shuki Arbiv, 45 ans.
Le sujet demeure particulièrement sensible au Royaume-Uni après l’attentat contre la synagogue de Heaton Park à Manchester le 2 octobre, jour de Yom Kippour, où deux fidèles ont été tués et trois autres grièvement blessés par un Britannique d’origine syrienne.
Sur fond d’inquiétudes croissantes de la communauté juive face à la montée des actes antisémites depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 et les représailles israéliennes à Gaza, Keir Starmer a visité jeudi une organisation dédiée à la sécurité des écoles et lieux de culte juifs. Le Premier ministre a affirmé sa « responsabilité » à répondre à ce sentiment d’insécurité.

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