Logo Epoch Times
plus-icon

Taux élevés de vitamine B12 : signe d’une maladie cachée ?

top-article-image

Photo: Mladen Zivkovic/Shutterstock

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 11 Min.

La vitamine B12 est un nutriment essentiel qui maintient le bon fonctionnement de l’organisme.

En cas de carence, les personnes peuvent développer une anémie, de la fatigue, des troubles cérébraux et nerveux, voire un déclin cognitif. La plupart des gens obtiennent suffisamment de vitamine B12 grâce à leur alimentation ou à des compléments.

Mais que se passe-t-il lorsque les taux de B12 sont anormalement élevés ? « Des taux sanguins de B12 anormalement élevés ne sont souvent pas dus à un apport excessif. Ils peuvent plutôt refléter des maladies sous-jacentes ou des problèmes métaboliques », explique au journal Epoch Times le Dr Wenjie Bi, médecin à l’université de Tokyo (Japon).

Des taux élevés de B12 peuvent signaler des maladies graves

Une élévation persistante peut être un signal d’alerte lié à des problèmes cachés du foie, des reins, du sang, du système immunitaire ou même à certains cancers.

Maladies du foie

Des pathologies comme la cirrhose, la stéatose hépatique ou l’hépatite peuvent entraîner une élévation des taux de B12.
Le foie est le principal site de stockage de la vitamine B12 dans l’organisme. Lorsque les cellules hépatiques sont endommagées, la B12 stockée peut fuir dans le sang. Parallèlement, le foie peut ne pas traiter ou éliminer correctement la B12, ce qui fait grimper les niveaux. Une partie de cet excès de B12 est « inactive », c’est-à-dire qu’elle ne peut pas être utilisée par le corps.

Cependant, un taux élevé de B12 ne signifie pas automatiquement une maladie du foie. Il doit être interprété avec d’autres résultats d’examens et symptômes. Des signes comme la jaunisse, la fatigue, un abdomen gonflé ou une perte d’appétit, associés à des anomalies des tests de fonction hépatique, rendent plus probable que l’élévation de B12 reflète un problème hépatique. Dans ce cas, un médecin devrait vérifier la santé du foie.

Insuffisance rénale

Les reins filtrent normalement la B12 du sang. Lorsqu’ils sont défaillants, la vitamine s’accumule. « Lorsque les reins ne fonctionnent pas correctement, le corps ne peut pas filtrer efficacement la vitamine B12 », explique à Epoch Times le Dr Jingduan Yang, directeur du New York Northern Medical Center. En conséquence, la vitamine s’accumule dans le sang. À long terme, des taux de B12 persistants et élevés peuvent être un signe précoce de maladie rénale.

Une étude a montré que des niveaux sériques supérieurs à 900 pg/mL sont associés à un risque 2,8 fois plus élevé d’atteinte rénale aiguë comparé à des niveaux normaux.

Le Dr Yang souligne que les patients doivent être vigilants si un taux élevé de B12 s’accompagne de signes d’alerte comme une diminution des urines, un changement de couleur des urines, un gonflement autour des chevilles ou des yeux, de la fatigue, des étourdissements ou une perte d’appétit. Dans ces cas, il est important de faire contrôler rapidement la fonction rénale.

Maladies du sang ou de la moelle osseuse

La leucémie myéloïde chronique, le myélome multiple et la polyglobulie de Vaquez peuvent également provoquer une élévation des taux de B12. Ces maladies augmentent les protéines liant la B12 dans le sang, entraînant des taux sériques anormalement élevés.

Un exemple vient d’une étude de cohorte lettone portant sur plus de 79.000 patients. Les chercheurs ont suivi des patients avec des taux de B12 extrêmement élevés (supérieurs à 1 700 pg/mL) et les ont comparés à un groupe témoin. Les résultats sont alarmants : les personnes ayant une B12 très élevée avaient un risque six fois plus élevé de maladies oncohématologiques (cancers du sang) et un risque presque 20 fois plus élevé de leucémies myéloïdes. Les auteurs ont suggéré que des taux très élevés de B12 pourraient être un signal précoce de cancers sanguins cachés.

Par ailleurs, il convient de prêter attention à d’autres symptômes comme l’anémie, des saignements ou des ecchymoses inexpliqués et des infections fréquentes. Ces signes peuvent indiquer des problèmes potentiels du système sanguin et des analyses complémentaires, voire des biopsies de la moelle osseuse, sont recommandées pour écarter les maladies liées au sang.

Maladies inflammatoires ou auto-immunes

Une inflammation chronique peut entraîner une augmentation des protéines liant la B12, comme la transcobalamine II, dans le cadre de la réponse immunitaire. Lorsque ces protéines augmentent, elles « transportent » plus de B12 dans le sang, ce qui se traduit par une élévation sérique même si le corps n’a pas réellement besoin de toute cette vitamine.

Par exemple, des études chez des patients atteints de lupus systémique, une maladie auto-immune qui provoque une inflammation généralisée, ont montré des niveaux plus élevés de transcobalamine II. Cette protéine peut interagir avec le système immunitaire et aggraver l’inflammation, créant un cercle où l’inflammation augmente la B12 et le déséquilibre alimente encore l’inflammation.

En pratique, si quelqu’un présente une B12 persistante élevée avec des symptômes inflammatoires — douleurs et gonflements articulaires, éruptions rouges sur la peau, fièvres récurrentes ou fatigue extrême —, cela peut indiquer une maladie auto-immune ou inflammatoire sous-jacente. Dans ce cas, les médecins recommandent généralement un bilan immunitaire complet, y compris des analyses de marqueurs auto-immuns, pour vérifier la présence de lupus ou de polyarthrite rhumatoïde.

Tumeurs malignes

Certains cancers — du foie, du poumon, de l’estomac ou du sein — peuvent également provoquer des taux de B12 anormalement élevés. Cela s’explique par le fait que les cellules cancéreuses perturbent le métabolisme normal. Au lieu de traiter les nutriments de manière équilibrée, les cellules tumorales se développent rapidement et stimulent la production de protéines liant la B12 (comme l’haptocorrine et la transcobalamine). Ces protéines transportent alors l’excès de B12 dans le sang, ce qui se traduit par une élévation des taux lors des analyses.

Des études ont montré que lorsque la B12 plasmatique reste élevée (≥ 1 000 ng/mL), le risque de développer un cancer solide est six fois plus élevé que chez les patients ayant des taux normaux. En revanche, des élévations non persistantes ne sont pas significativement liées au cancer. Cela suggère qu’une élévation soutenue — et non un résultat isolé — doit alerter.

Dans ce cas, il faut être attentif à d’autres signes comme une perte de poids rapide inexpliquée, des douleurs persistantes, une fatigue durable et une diminution importante de l’appétit. Si ces symptômes s’accompagnent de taux élevés de B12, des examens d’imagerie sont nécessaires pour écarter la présence de tumeurs potentielles.

Précautions avec la supplémentation

Des taux élevés de B12 sont non seulement associés à un risque accru de cancer, mais une supplémentation excessive peut aussi être nocive pour certaines personnes. Des études ont montré que les hommes prenant plus de 55 microgrammes de B12 par jour doublent leur risque de cancer du poumon. Chez les fumeurs, la supplémentation augmente également le risque.

D’autres études ont constaté que les patientes atteintes d’un cancer du sein prenant des compléments de B12 pendant la chimiothérapie avaient un pronostic plus défavorable, un risque plus élevé de récidive et une survie plus courte.

Chen Xiaowei, nutritionniste et doctorante à l’Institut des sciences et technologies alimentaires de l’université nationale de Taïwan, insiste sur la prudence : « Tout complément nutritionnel doit être pris avec modération. Un excès peut surcharger l’organisme et provoquer d’autres effets secondaires. »

Quelle quantité de vitamine B12 est nécessaire ?

L’apport quotidien recommandé pour un adulte est de 2,4 microgrammes de vitamine B12. La B12 fait partie des membranes nerveuses et participe à la synthèse des neurotransmetteurs et de l’ADN, contribuant au métabolisme cellulaire. Elle est également essentielle à la formation des globules rouges. En cas de carence, le corps peine à maintenir la santé du cerveau et du sang.

La vitamine B12 se trouve principalement dans les aliments d’origine animale. Les végétariens peuvent se supplémenter grâce à des aliments enrichis comme la levure nutritionnelle et les boissons végétales (soja, amande ou avoine).

Le Dr Yang précise que cette recommandation constitue une base : « L’apport conseillé est une valeur moyenne pour la population générale. Certaines conditions de santé peuvent nécessiter davantage. » Il note que les personnes présentant une carence légère peuvent avoir besoin de 50 à 200 microgrammes par jour pendant une courte période, tandis que les cas sévères peuvent nécessiter 500 à 1000 microgrammes quotidiens sous surveillance médicale.

Il met en garde : des doses plus élevées doivent être réservées aux personnes déficientes et sous contrôle médical. Pour les personnes en bonne santé, prendre plus de 1 000 microgrammes par jour sur le long terme peut présenter un risque. Toute personne ayant des problèmes nerveux, mentaux, cutanés ou sanguins devrait consulter son médecin pour déterminer la bonne dose.