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Sièges de toilettes publiques : vrais risques ou fausses peurs pour votre santé ?

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Photo: Marcel Derweduwen/Shutterstock

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Durée de lecture: 8 Min.

Beaucoup de gens pensent que les sièges des toilettes publiques grouillent de germes dangereux et sont une cause fréquente de maladies. Pourtant, dermatologues et microbiologistes rappellent que, si les sanitaires peuvent effectivement abriter des agents pathogènes, les sièges de toilettes sont rarement les principaux responsables.

Le Dr Chen Wei-di, dermatologue à Taïwan et membre de l’American Academy of Dermatology, a expliqué à Epoch Times que, même si des bactéries existent bien sur les sièges, beaucoup ne provoquent de maladies que dans certaines conditions.

D’autres spécialistes partagent ce point de vue : les menaces les plus importantes dans des toilettes ne viennent généralement pas du siège, mais plutôt d’autres surfaces de la pièce, ou encore de l’air qui se charge de micro-organismes après la chasse d’eau.

Des agents pathogènes à surveiller

Bien que peu fréquents, certains parasites, moisissures, bactéries et virus peuvent survivre dans les sanitaires si les conditions s’y prêtent.

Parasites et moisissures

Le Dr Huang Huilun, médecin au Ton-Yen General Hospital de Taïwan, a précisé à Epoch Times que des parasites tenaces comme les poux de pubis et la gale, ainsi que des champignons courants comme la teigne de l’aine (tinea cruris) et la teigne corporelle (tinea corporis), peuvent théoriquement survivre sur un siège de toilettes et être transmis à l’utilisateur suivant.

Clostridium difficile
Une étude publiée en 2024 dans Scientific Reports a montré que le pathogène courant Clostridium difficile peut se propager largement dans l’air après le déclenchement de la chasse d’eau. Cette bactérie peut provoquer une inflammation du côlon.

Virus gastro-intestinaux
Des virus gastro-intestinaux, comme le norovirus, se fixent principalement sur les surfaces fréquemment touchées — boutons ou poignées de chasse, poignées de porte, robinets — puis pénètrent dans l’organisme par les mains, explique le Dr Chen.

E. coli et Salmonella

Les urines et les selles humaines peuvent également contenir E. coli et Salmonella. Lors de la chasse d’eau, des gouttelettes microscopiques peuvent propulser ces bactéries dans l’air ambiant. Ces deux agents pathogènes se transmettent surtout par voie oro-fécale et provoquent des troubles gastro-intestinaux, le plus souvent des diarrhées.

Les sièges des toilettes transmettent-ils des IST ?

L’une des peurs les plus répandues est de contracter une infection sexuellement transmissible (IST) via un siège de toilettes. Les experts jugent cette crainte infondée.

Selon le Dr Huang, les bactéries responsables de la gonorrhée et de la syphilis ne survivent pas hors du corps humain et sont même difficiles à cultiver en laboratoire. Le VIH est lui aussi très fragile et perd progressivement sa capacité de mobilité hors de l’organisme. Ces maladies se transmettent donc essentiellement lors de rapports sexuels.

Les verrues génitales, causées par le papillomavirus humain (HPV), constituent un cas particulier : si l’urine de l’utilisateur précédent contient du HPV actif, il est théoriquement possible que l’utilisateur suivant soit contaminé en cas de plaie cutanée, de contact avec les muqueuses ou les fluides corporels, explique le Dr Huang.

Toutefois, il précise ne jamais avoir observé un tel cas en pratique : « Quand on touche un siège de toilettes, tant que la peau est intacte et normalement protégée, elle résiste efficacement à l’invasion des virus et des bactéries. »

Papier toilette sur les sièges

Selon un sondage YouGov, environ 63 % des Américains s’assoient directement sur les sièges dans les toilettes publiques, et près de la moitié d’entre eux posent du papier toilette dessus avant de s’asseoir. L’enquête révèle aussi qu’environ 20 % préfèrent s’accroupir pour utiliser les toilettes.

L’idée que recouvrir le siège de papier toilette serait plus hygiénique est sans doute une idée reçue. Le Dr Chen rappelle que le papier est poreux, ce qui facilite la présence de micro-organismes. Lors de la chasse, les bactéries fécales en suspension dans l’air peuvent contaminer le papier. En revanche, dans certains sanitaires publics — et même à la maison —, le papier est stocké dans des contenants fermés, ce qui limite ce risque.

Les protections jetables pour siège constituent une meilleure option. Contrairement au papier toilette, elles sont non poreuses et conçues pour former une barrière efficace contre les germes.

Le problème des housses en tissu

Quand il fait froid, s’asseoir sur un siège glacé peut être inconfortable, et certaines personnes utilisent des housses en tissu doux pour plus de confort.

Mais si elles réchauffent en hiver, elles posent davantage de problèmes qu’elles n’en résolvent. Les housses en tissu, poreuses et absorbantes, retiennent l’humidité et peuvent abriter bactéries, virus et moisissures. Elles sont difficiles à désinfecter et favorisent la transmission croisée dans les toilettes partagées.

En cas d’utilisation, le Dr Chen recommande de remplacer et de nettoyer la housse au moins une fois par semaine, en veillant à ce qu’elle soit parfaitement sèche, et d’en posséder plusieurs pour les alterner.

Comment rester prudent dans les toilettes publiques

Pour une utilisation plus hygiénique, le Dr Chen conseille :

1. Emporter un désinfectant : plutôt que du papier toilette, mieux vaut avoir un spray alcoolisé ou un désinfectant pour nettoyer le siège, le bouton de chasse et la poignée de porte avant usage.

2. Fermer le couvercle avant de tirer la chasse : cela limite la dispersion des germes en aérosol. Des études ont montré que tirer la chasse couvercle fermé réduit la formation d’aérosols de Clostridium difficile.

3. Se laver les mains : norovirus, E. coli et Salmonella se transmettent par voie oro-fécale, c’est-à-dire que les agents pathogènes présents dans les selles entrent dans la bouche via les mains, l’alimentation ou l’eau. Après les toilettes, il faut donc toujours se laver soigneusement les mains avec de l’eau et du savon pendant 20 secondes. Le lavage des mains reste l’un des moyens les plus efficaces de prévenir la propagation des maladies.

Au-delà des sanitaires publics, la propreté des toilettes à domicile est tout aussi importante.

Des études ont montré qu’un nettoyage tous les trois jours avec des désinfectants et produits pour cuvettes permet de réduire la contamination bactérienne et virale. Les produits contenant de l’acide chlorhydrique peuvent réduire la présence de virus dans la cuvette de plus de 99,99 %, et de 97,64 % sur les brosses de toilettes. Une bonne aération de la salle de bains aide également à limiter les germes.

En résumé : les sièges de toilettes sont bien moins dangereux qu’on ne le pense. Les vrais risques viennent surtout des mains non lavées, des poignées contaminées et des gouttelettes projetées après la chasse. En adoptant de bons réflexes d’hygiène, on peut utiliser les toilettes publiques sans peur excessive.