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Sébastien Lecornu n’écarte pas une nouvelle démission si « les conditions ne sont plus remplies »

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Le Premier ministre Sébastien Lecornu, à l'Hôtel Matignon, le 8 octobre 2025.

Photo: STEPHANIE LECOCQ/POOL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Sébastien Lecornu, nouveau Premier ministre, a de nouveau semé le trouble ce week-end au sein du gouvernement en affirmant qu’il n’excluait pas une nouvelle démission si les garanties négociées lors de son retour venaient à être remises en cause.
Ces propos, tenus lors d’un entretien à La Tribune dimanche illustrent à quel point l’équilibre de l’exécutif demeure fragile dans un contexte de remaniements et de tensions au sein de parti présidentiel. Déjà marqué par une première démission retentissante, Sébastien Lecornu ne cache plus son agacement face à ce qu’il considère comme des ingérences dans la gestion de son gouvernement.
« J’ai démissionné lundi dernier car les conditions n’étaient plus remplies, promet le Premier ministre. Si les conditions n’étaient de nouveau plus remplies, je partirais. Je ne ferai pas n’importe quoi. » a-t-il déclaré.

Un Premier ministre qui conditionne son engagement

Sa première nomination à la tête du gouvernement avait déjà été conditionnée à plusieurs garanties, en premier lieu la maîtrise effective de la feuille de route gouvernementale et la stabilité du cadre budgétaire, en particulier face à la pression croissante sur les dépenses publiques.
Interrogé par les médias ce week-end, Sébastien Lecornu n’a pas hésité à rappeler que sa nouvelle participation au gouvernement n’avait rien d’un chèque en blanc : « J’ai souhaité, en reprenant mes fonctions, que soient posés des principes très clairs sur la loyauté, la confiance et les équilibres fondamentaux auxquels je tiens. Si ces conditions venaient à disparaître, je remettrais évidemment mon mandat sur la table. »
Des propos qui sonnent comme un avertissement non seulement à ses collaborateurs directs, mais également au Président de la République, Emmanuel Macron.

Un avertissement lancé à l’exécutif et à la majorité

L’avertissement du Premier ministre retentit d’autant plus fortement que la majorité présidentielle reste fragilisée par la cacophonie politique et un contexte économique chaotique.
Ses exigences sont connues : maintien des grandes orientations stratégiques, respect de l’autorité du chef du gouvernement sur les ministres régaliens, capacité à piloter, sans interférences intempestives, la coordination interministérielle face à la succession de crises politiques, sociales et budgétaires. « Nous devons être collectivement cohérents, sous peine de perdre en crédibilité sur la scène internationale et auprès des Français », a-t-il souligné au cours de son entretien.
Plusieurs membres de son entourage insistent sur le fait que Sébastien Lecornu n’hésitera pas à franchir le pas de la démission si les lignes rouges convenues avec l’Élysée viennent à être franchies. « Il faut un gouvernement plus libre, y compris dans la relation aux partis politiques », a jugé le Premier ministre.

Crises multiples et arbitrages difficiles

La menace de démission intervient alors que le gouvernement est confronté à des défis majeurs : Budget 2026 à trouver avant la fin de l’année, contestations persistantes sur la réforme des retraites, etc. Jamais Matignon n’a semblé aussi fragile depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron.
« Je n’ai pas le sentiment qu’il y avait beaucoup de candidats, pour être complètement transparent », a-t-il ironisé en réponse aux critiques virulentes qui ont accueilli sa reconduction à Matignon
Dans ce contexte, la volonté affichée par Sébastien Lecornu d’imposer ses conditions prend toute sa signification. « Il veut préserver un espace d’autonomie décisionnelle, notamment sur les dossiers les plus sensibles, et refuse toute logique de court-circuit politique venue de l’Élysée ou des partenaires ministériels », selon un analyste politique.

Une posture qui inquiète et divise

Certains saluent la position de Sébastien Lecornu, convaincus que sa fermeté est la seule façon de restaurer l’autorité de l’exécutif et d’imposer une cohérence politique durable. D’autres pointent le risque d’instabilité et le signal envoyé à l’opposition, qui voit là une faille à exploiter.
À droite comme à gauche, les prises de parole se multiplient pour dénoncer l’imbroglio gouvernemental. Les Républicains accusent le couple exécutif d’avoir « perdu la main », tandis que les Insoumis exigent un « changement de cap profond » avec la démission du président. Les partenaires sociaux et économiques, quant à eux, appellent à un « retour à la sérénité » et réclament davantage de stabilité au sommet de l’État.
Reste à savoir si cette posture d’exigence sera payante, ou si elle précipitera une recomposition politique de la France avec une nouvelle dissolution, mettant la responsabilité finale sur Emmanuel Macron.