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Opinion

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« Rien ne sera simple » : la longue marche de Marine Tondelier vers l’Élysée

ANALYSE – La secrétaire nationale des Écologistes a annoncé le 22 octobre dans un entretien au Nouvel Obs sa candidature à l’élection présidentielle. Le début d’une longue course élyséenne pour l’élue des Hauts-de-France. Le scrutin suprême n’a jamais réellement porté chance aux candidats écologistes, et Marine Tondelier aura la lourde tâche de créer son espace politique pour être en mesure de s’imposer.

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Marine Tondelier s'adresse aux journalistes, à l'Hôtel Matignon à Paris, le 8 octobre 2025.

Photo: BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

« Cette candidature est un acte d’amour pour la France, parce qu’on ne peut pas aimer son pays et accepter qu’il s’abîme ainsi. » C’est en ces mots que Marine Tondelier a résumé sa participation à la prochaine élection présidentielle dans l’hebdomadaire.
Une candidature qui se veut être en plusieurs étapes. La nordiste devra d’abord obtenir la confiance des adhérents de son propre parti dans le cadre d’un vote interne visant à désigner le ou la candidate écologiste à la « primaire de la gauche et des écologistes ».
Mais ce processus de désignation se déroulant entre le 5 et le 8 décembre ne devrait être qu’une formalité pour la trentenaire. Son seul adversaire est nettement moins célèbre. Il s’agit de Waleed Mouhali, enseignant-chercheur en physique de 43 ans et conseiller municipal à la Garenne-Colombes.
La situation risque, en outre, de se corser très vite pour la femme au blazer vert. Pour l’heure, seuls, Marine Tondelier, Clémentine Autain et François Ruffin ont déclaré participer à la primaire. Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann, en tête à gauche dans les intentions de vote à l’élection présidentielle, n’ont, pour l’instant, pas prévu de les rejoindre.
Et cette primaire de la gauche est loin d’être la seule difficulté à laquelle Marine Tondelier sera confrontée. Elle-même reconnaît d’ailleurs dans le magazine que « rien ne sera simple ».
Faire mieux que les ex-candidats
Pour Marine Tondelier, l’autre défi de taille à relever sera de faire un score largement supérieur à ceux des anciens candidats du courant qu’elle entend représenter. Traditionnellement, les Écologistes signent de belles performances lors des élections européennes.
En 2009, la liste menée par Daniel Cohn-Bendit avait obtenu 16,2 % des voix, et celle conduite par Yannick Jadot en 2019, 13,4 %. Mais l’élection présidentielle n’a jamais été synonyme de percée électorale et encore moins de victoire pour les Verts et Les Écologistes. À l’exception de Noël Mamère en 2002, aucun candidat écologiste n’a été capable de franchir la barre symbolique des 5 %.
Pour autant, Marine Tondelier ne baisse pas les bras. « Notre parti en a tiré les leçons en se transformant du sol au plafond », s’est-elle rassurée auprès du Nouvel Obs. Et d’ajouter : « Il y a une grosse différence cette fois : si je gagne la primaire, je deviens la candidate de la gauche et des écologistes ».
L’élue du nord de la France peut néanmoins espérer au moins atteindre les 5 %. Un sondage ELABE pour BFMTV et la Tribune Dimanche publié le 1er novembre créditait l’écologiste d’un résultat allant 4,5 à 5,5 % selon la configuration.
Le manque d’espace politique et de dynamique
Mais si Marine Tondelier veut atteindre un score à deux chiffres, elle va devoir se créer un espace politique pour ne pas finir étouffée par des appareils politiques ou des candidats plus imposants.
Or, toute la difficulté des écologistes, notamment en période d’élections présidentielles, est d’essayer d’exister politiquement entre d’un côté la gauche radicale, et de l’autre la gauche socialiste ou social-démocrate.
Des « blocs » qui, au-delà d’être des rivaux de gauche pour le parti de Marine Tondelier, sont de véritables concurrents écologistes. Jusqu’en 2024, on pouvait lire en dessous du logo du parti à la rose, le slogan : « social-écologie ».
Et de son côté, la France Insoumise, que ce soit à travers les triples candidatures à l’élection présidentielle de Jean-Luc Mélenchon ou des autres campagnes électorales, a toujours fait de l’écologie l’un des piliers de son programme. Le concept de « planification écologique » est d’ailleurs depuis longtemps mis en avant par le parti d’extrême gauche.
La trentenaire originaire d’Hénin-Beaumont va alors devoir montrer que c’est elle qui incarne le mieux le courant écologiste pour s’imposer face aux deux mastodontes de la gauche que sont le PS et LFI.
Le parti Les Écologistes est par ailleurs, en perte de vitesse depuis trois ans. S’il peut se targuer d’être toujours à la tête de certaines grandes métropoles françaises telles que Lyon, Grenoble ou Bordeaux, les revers électoraux s’enchaînent pour lui depuis 2022. Lors de la dernière élection présidentielle, Yannick Jadot avait terminé à la sixième place, derrière Valérie Pécresse avec 4,6 % des voix. Et en 2024, la liste conduite par Marie Toussaint avait récolté 5,5 % des suffrages, soit une baisse de 8 % par rapport à 2019, mais aussi le pire score du parti depuis 1994.
À cela s’ajoutent des divisions internes. Sandrine Rousseau, députée et autre figure importante des Écologistes a tenu des propos durs sur France info le 23 octobre en réaction à l’annonce de la candidature de Marine Tondelier. L’élue de Paris a déclaré que « ce calendrier est le pire qu’il puisse être », parlant de « bataille à contretemps ».
La longue marche vers l’Élysée ne fait donc que commencer pour la secrétaire nationale des Écologistes et elle s’annonce d’ores et déjà éprouvante.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.