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plus-iconComment l’algorithme attise nos colères

Quand les réseaux sociaux récompensent la division : le piège invisible de la viralité

Sous couvert de connecter les individus, les réseaux sociaux attisent les clivages. Leurs algorithmes favorisent les publications qui suscitent la controverse, la colère ou l’indignation, reléguant au second plan les messages d’unité et de bienveillance.

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Sur cette photo d’illustration, une adolescente utilise son téléphone portable pour accéder aux réseaux sociaux à New York, le 31 janvier 2024.

Photo: Spencer Platt/Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

En tant que créatrice de contenu, j’ai remarqué quelque chose d’impossible à ignorer : les publications qui suscitent le plus de viralité ne sont que rarement celles qui rassemblent. Ce sont le plus souvent celles qui attisent les esprits, qui nous mettent en colère ou soulignent nos différences. Celles qui nourrissent l’algorithme.
Et pourtant, une partie de mon travail consiste précisément à maintenir cet engagement. Il est donc naturel que, lorsqu’une publication fonctionne bien, je me dise : « Très bien, les gens ont réagi à cela. » Cela influence ce que je publie ensuite – la manière dont je m’exprime, ce que je mets en avant, voire ce que je considère comme mon « domaine ».
Mais que se passe-t-il lorsque le contenu qui rencontre le plus de succès ne reflète pas vraiment qui je suis ?
Par exemple, j’écris pour Epoch Times, et je sais que certains sujets attirent de nombreux lecteurs. Mais cela signifie-t-il que je dois me limiter à écrire ce qui génère des clics ? Ou ai-je la responsabilité de continuer à écrire sur ce que je juge essentiel, même si cela ne fait pas le buzz en ligne ?
La semaine dernière, j’ai publié une courte vidéo depuis mon ranch. J’étais debout à côté de mes vaches, évoquant la décision d’importer du bœuf argentin – et combien, à mon sens, cela n’était pas bon pour les éleveurs américains. En temps normal, mes vidéos atteignent entre 7 000 et 10 000 vues. Celle-ci a frôlé les 80 000, simplement parce que j’y ai mentionné le président Donald Trump.
Et avec cela sont arrivés plus de 2 000 commentaires, dont beaucoup empreints de haine. On m’a traitée d’idiote, on m’a dit que je « récoltais ce que j’avais semé en votant ». Certains ont affirmé que je vieillissais mal ou que j’avais l’air malade. D’autres sont allés jusqu’à souhaiter du mal à ma famille.
Mais voici ce qui est intéressant : jamais personne ne m’a tenu de tels propos en face. Dans la vie réelle, les gens sont bienveillants. Nous pouvons être en désaccord, mais nous continuons à nous traiter comme des êtres humains.
En ligne, en revanche, les règles changent. L’algorithme récompense la division, et la division alimente la viralité. Cette dernière pousse les créateurs à accentuer ce qui fait réagir. C’est un cercle vicieux : la colère génère des clics, les clics génèrent des revenus, et les revenus récompensent l’indignation.
Le problème, c’est que plus nous vivons à l’intérieur de cette boucle de rétroaction, plus nous finissons par la confondre avec la réalité. Nous commençons à croire que le monde est aussi cruel et divisé que nos sections de commentaires. Mais ce n’est pas le cas. Les réseaux sociaux sont une expérience filtrée, artificielle, qui a bien peu à voir avec la réalité.
J’ai même mené mes propres petits tests pour mieux comprendre le phénomène. Lorsque je publie sur Dieu – sur la foi, la gratitude ou tout ce qui invite à la paix – la popularité de ma publication chute brutalement. Mais lorsque je parle de politique, les chiffres s’envolent.
Je ne peux donc m’empêcher de me demander : les gens sont-ils plus attachés à la politique qu’à Dieu ? Ou bien l’algorithme privilégie-t-il simplement tout ce qui nous rend en colère, frustrés ou divisés ?
Car il semble bien que le système soit conçu pour récompenser l’irritation plutôt que l’inspiration. L’algorithme sait que la colère se propage plus vite que la paix. Si l’on y prête attention, on voit le schéma partout : le contenu qui met les gens en colère circule toujours davantage. Ce n’est pas un hasard. La machine apprend précisément ce qui nous pousse à scroller (faire défiler) – et le conflit est son carburant favori.
Mais lorsque la division devient rentable, l’unité commence à disparaître. Quand les voix colériques sont amplifiées, les voix paisibles sont étouffées. Et bientôt, nous finissons par croire que le monde est plus en colère qu’il ne l’est réellement.
Cette croyance façonne tout – nos conversations, notre politique, jusqu’à notre sentiment de sécurité. Elle nous rend craintifs d’être sincères, car la nuance ne fait pas le buzz. La bienveillance ne devient pas virale.
Peut-être alors que le véritable choix qui s’offre à nous ne réside pas seulement dans ce que nous consommons, mais dans ce que nous créons.
En tant que créatrice, je peux courir après la viralité ou rester fidèle à ce que je crois essentiel. Je peux parler de ce qui attire les clics, ou parler de vérité, même lorsqu’elle n’est pas récompensée.
Car la vérité, c’est que Dieu ne prend pas en compte ce qui est viral. Il mesure le courage, l’intégrité et la volonté de continuer à dire la vérité, même lorsqu’elle est impopulaire.
Alors, la prochaine fois que je publierai quelque chose, je me poserai la question : est-ce que je nourris l’algorithme, ou est-ce que je nourris l’âme ?
Et peut-être, juste peut-être, si nous sommes suffisamment nombreux à choisir cette dernière option, la machine changera. Peut-être commencera-t-elle enfin à nous donner ce dont nos âmes ont réellement besoin : l’unité, l’amour et Dieu.
Mollie Engelhart, agricultrice et éleveuse, est engagée dans la souveraineté alimentaire, la régénération des sols et l\'éducation à l\'agriculture familiale et à l\'autosuffisance.

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