Psychiatrie : les familles de malades demandent l’abolition de la contention

L' entrée principale de l'hôpital psychiatrique du centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, le 20 février 2024.
Photo: MATTHIEU RONDEL/AFP via Getty Images
L’Unafam, qui représente les familles de malades et handicapés psychiques, appelle à « l’abolition de la contention mécanique » des patients en psychiatrie, en dénonçant les effets qu’elle juge « délétères ».
En 2022, 8.000 patients (sur 324 000 hospitalisations en psychiatrie) ont été soumis à une mesure de contention, qui consiste à attacher physiquement un patient pour contenir ses mouvements, selon l’association. Cette mesure temporaire est destinée à empêcher un patient en état de crise d’être dangereux pour lui-même et pour les autres.
La suspension des droits fondamentaux
« La contention n’est pas un soin, c’est une méthode coercitive extrême qui pousse à son paroxysme la suspension des droits fondamentaux : droit à la dignité, droit à la liberté, droit au consentement libre et éclairé », écrit l’Unafam dans un « manifeste pour l’abolition de la contention » publié mercredi.
L’Unafam compte demander au gouvernement de changer la loi pour l’interdire, alors que le gouvernement organise un comité interministériel consacré à la santé mentale mercredi.
« Des angoisses, des sentiments de désespoir et de honte »
L’Unafam, qui accueille chaque année 20.000 familles dans ses 350 sites, a reçu de « nombreux témoignages de souffrances physiques et psychologiques subies, des angoisses, des sentiments de désespoir et de honte » par les patients qui ont été soumis à la contention.
Les soignants eux-mêmes vivent mal cette pratique, qui va à l’encontre de leur mission et « nuit à l’attractivité » de la psychiatrie, assure l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques.
Le symptôme d’un « dysfonctionnement » et du manque de soins
Pour l’Unafam, le recours à la contention est le symptôme d’un « dysfonctionnement » plus large du système de santé mentale : manque de soins en amont, du fait d’une « coordination insuffisante » entre généralistes et psychiatres et d’une pénurie d’équipes mobiles.
Son usage n’est pas inévitable, selon l’Unafam, qui indique que 10% des établissements psychiatriques français n’y ont jamais recours. Pour ne pas y recourir, l’Unafam demande une meilleure formation des professionnels aux « techniques de désescalade », le développement d' »espaces d’apaisement » et la préparation, en lien avec les malades, de « plans de prévention » personnalisés.

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