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La Pologne préfère les réacteurs nucléaires américains à ceux d’EDF

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Vue de la centrale nucléaire du Bugey à Saint-Vulbas dans l'Ain.

Photo: JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP via Getty Images

La Pologne aspire à trouver une source d’énergie performante et moins polluante que le charbon dont elle est dépendante ; et encore plus alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie entraîne une crise énergétique importante en Europe.
Aussi le gouvernement a-t-il projeté de construire deux centrales nucléaires de trois réacteurs chacune. Pour la première concouraient trois prestataires : EDF, l’entreprise sud-coréenne KHNP et le groupe américain Westinghouse. C’est l’Américain qui a été choisi, comme l’a annoncé le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki le 28 octobre.
La Pologne se rapproche ainsi encore plus des Etats-Unis. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a affirmé que son pays était « fier d’être le partenaire fort de la Pologne pour l’énergie et la sécurité ». La secrétaire américaine à l’énergie Jennifer Granholm a renchéri  : ce choix « envoie un message clair à la Russie, [celui] que l’Alliance atlantique est unie pour diversifier notre approvisionnement énergétique (…) et pour résister à la militarisation russe de l’énergie ».
C’est une immense défaite pour EDF et la France, d’autant plus qu’un responsable américain indique  que Westinghouse serait également pressenti pour la construction de la deuxième centrale nucléaire. On peut trouver plusieurs raisons à cette fin de non-recevoir. Tout d’abord, Mateusz Morawiecki le souligne de manière insistante, la technologie de Westinhgouse est « fiable et sûre ». La politique de dénucléarisation menée chez nous depuis François Hollande a entraîné une perte de compétences et de savoir-faire. Qui plus est, la Pologne ne souhaite sûrement pas connaître un scénario à la Flamanville avec des retards et des surcoûts importants.
L’économiste Jean-Marc Daniel expliquait à l’antenne de BFM Business le 31 octobre que le statut d’entreprise publique est un frein en Europe Centrale (« entreprise publique = communisme = dictature »). Pour lui, le problème d’EDF est qu’elle est « sous tutelle directe d’une puissance publique qui n’a pas forcément la rationalité d’un opérateur privé » avant d’ajouter qu’EDF « en ce moment, on ne sait pas trop ce que ça veut faire », Emmanuel Macron entretenant un certain flou sur le sujet du nucléaire. Westinghouse, elle, est une entreprise privée.
Cette décision est aussi géopolitique. Les Etats-Unis ont toujours été un partenaire fiable pour la Pologne. A l’inverse, la France et l’Union européenne l’ont bien souvent rabrouée, lui imposant notamment des sanctions qu’elle subit toujours alors qu’elle est l’un des premiers soutiens à l’Ukraine et en première ligne pour l’accueil des réfugiés. De plus, alors que la Pologne faisait des appels du pied à la France pour créer une possible alliance, Emmanuel Macron a préféré se concentrer sur le couple franco-allemand, qui aujourd’hui bat de l’aile.
Ce choix polonais est donc parfaitement compréhensible. La Pologne ne s’arrêtera peut-être pas à deux centrales nucléaires et la construction d’autres réacteurs pourrait être envisagée dans les prochaines années. Si la France, via EDF, veut remporter les futurs marchés, elle doit adopter une ligne claire en matière énergétique et faire du nucléaire une priorité. De même, le fonctionnement d’EDF doit être complétement revu, et son statut d’entreprise publique remis en question, voire abandonné. Le rapprochement de la France avec la Pologne serait aussi, à tous points de vue, une grande opportunité pour les deux pays.
Article écrit par , avec l’aimable autorisation de l’IREF.
L’IREF est un « think tank » libéral et européen fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer la recherche indépendante sur des sujets économiques et fiscaux. L’institut est indépendant de tout parti ou organisation politique. Il refuse le financement public.
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