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Pologne, Hongrie et Slovaquie maintiennent l’interdiction des importations ukrainiennes, en défiance de l’UE
La décision de ces trois pays intervient alors qu’un nouvel accord commercial entre l’UE et Kiev est entré en vigueur.

Le bâtiment Berlaymont, qui abrite le siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 19 février 2025.
Photo: MARTIN BERTRAND/Hans Lucas/AFP via Getty Images
La Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ont maintenu leurs interdictions nationales concernant certaines importations agricoles en provenance d’Ukraine, en dépit d’un nouvel accord commercial conclu entre Kiev et l’Union européenne, entré en vigueur le 30 octobre.
Les trois États membres ont publié des déclarations annonçant qu’ils conserveraient l’interdiction visant des marchandises du pays en guerre, en violation des dispositions de la zone de libre‑échange approfondie et complète UE‑Ukraine (DCFTA).
L’UE avait d’abord libéralisé les échanges entre le bloc des Vingt‑Sept et l’Ukraine en 2022, après l’invasion à grande échelle menée par la Russie, afin d’aider le pays à compenser la hausse des coûts d’exportation via l’UE, Moscou ayant menacé ses routes maritimes traditionnelles en mer Noire.
Cette mesure a provoqué des manifestations d’agriculteurs dans certains pays frontaliers de l’Ukraine. La Pologne, la Slovaquie et la Hongrie ont annoncé des restrictions sur les importations de céréales ukrainiennes en septembre 2023.
La version mise à jour de l’accord DCFTA libéralise davantage la circulation des biens en provenance d’Ukraine et n’inclut aucune dérogation permettant aux États d’imposer leurs propres restrictions, ce qui contreviendrait aux règles du marché unique européen.
La Pologne a indiqué, le 29 octobre, qu’elle maintiendrait son interdiction d’importer du blé, du maïs, du colza et des graines de tournesol en provenance d’Ukraine.
Dans un message publié sur X, le ministère polonais de l’Agriculture et du Développement rural a déclaré : « Les nouveaux quotas et volumes résultant de l’accord commercial UE‑Ukraine s’appliquent aux importations dans l’ensemble de l’UE, tandis qu’en Pologne, l’interdiction illimitée d’importations en provenance d’Ukraine demeure en vigueur pour : le blé, le maïs, le colza, le tournesol et certains produits dérivés de leur transformation. »
Dans une publication du 28 octobre sur X, la délégation slovaque auprès de l’UE a affirmé que « des importations excessives en provenance d’Ukraine déstabilisent le marché de l’UE et nuisent à la compétitivité des agriculteurs slovaques. Les mécanismes de sauvegarde actuels ne sont pas suffisamment robustes pour protéger nos agriculteurs et le marché contre les perturbations. Toutes les importations provenant de pays tiers doivent respecter les normes de l’UE. »
Lors d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture à Luxembourg, le 27 octobre, le ministre slovaque de l’Agriculture, Richard Takáč, a déclaré que son gouvernement ne pouvait approuver une proposition qui compromettrait l’autosuffisance alimentaire de la Slovaquie et réduirait le soutien aux agriculteurs.
« Pour que l’agriculture remplisse ses objectifs économiques et écologiques, elle doit bénéficier d’un financement stable et équitable », a déclaré M. Takáč à des journalistes. « La Slovaquie défend l’idée que les agriculteurs honnêtes, les producteurs alimentaires, les forestiers et les zones rurales méritent des conditions équitables. Nous devons collectivement faire pression sur la Commission européenne pour qu’elle tienne compte des besoins des personnes qui nourrissent l’Europe chaque jour. »

Des agriculteurs polonais portent un cercueil portant l’inscription « Agriculteur — 20 ans — tué par le Green Deal » lors d’une manifestation contre les mesures climatiques de l’UE et les importations ukrainiennes, le 6 mars 2024 à Varsovie (Pologne). (WOJTEK RADWANSKI/AFP via Getty Images)
Le ministre hongrois de l’Agriculture, István Nagy, a indiqué que Budapest maintiendrait ses restrictions sur les produits ukrainiens, accusant Bruxelles d’être atteinte de « psychose de guerre ».
« Il ne peut être question que Bruxelles soutienne l’Ukraine au détriment des ressources des agriculteurs européens et hongrois », a‑t‑il déclaré, selon la chaîne hongroise M1.
« Au lieu de cela, nous devrions nous interroger sur l’impact, par exemple, des 35.000 tonnes de miel en provenance d’Ukraine au titre de l’accord sur le secteur apicole de l’UE ; sur ce que signifieront 120.000 tonnes de volaille pour l’aviculture européenne ; sur la façon dont les producteurs céréaliers de l’UE feront face à 1,3 million de tonnes de blé, et sur l’effet de droits de douane nuls sur le maïs pour les producteurs européens. »
La Hongrie, la Slovaquie et la Roumanie ont adressé la semaine dernière une lettre conjointe au Conseil de l’UE, demandant une protection spécifique pour les agriculteurs des États membres frontaliers contre les importations ukrainiennes.
La Commission européenne, organe exécutif du bloc, n’a pas indiqué s’il y aurait des conséquences pour Varsovie, Budapest et Bratislava, qui défient l’UE. Le porte‑parole adjoint de la Commission, Olof Gill, a estimé que l’institution ne voyait « aucune justification au maintien de ces mesures nationales », selon l’agence Interfax‑Ukraine.
Interrogé sur l’éventualité de poursuites à l’encontre des pays refusant de se conformer, il a ajouté : « Toutes les options sont sur la table. »
Epoch Times a sollicité un commentaire de la Commission européenne, sans réponse au moment de la publication.

Guy Birchall est un journaliste britannique qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la liberté d'expression et les questions sociales.
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