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Pour Vladimir Poutine, les pourparlers de paix sur l’Ukraine sont « utiles », mais parvenir à un consensus restera « difficile »
Les déclarations du président russe interviennent après les propos de Donald Trump, qui a jugé « plutôt bonne » la rencontre entre l’envoyé spécial américain Steve Witkoff et Vladimir Poutine.

Le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le 2 décembre 2025.
Photo: Sergei Ilnitsky/AFP via Getty Images
Le président russe Vladimir Poutine a qualifié de « très utile » sa rencontre avec l’envoyé spécial des États‑Unis Steve Witkoff et le gendre du président américain Donald Trump, Jared Kushner, dans des propos rendus publics le 4 décembre.
Il a toutefois reconnu qu’il serait « difficile » de parvenir à un consensus sur les dossiers en jeu, dans un entretien accordé le 3 décembre à la chaîne India Today, qui n’a pas encore été diffusé, dont des extraits ont été relayés par l’agence d’État russe TASS.
« La mission que le président Trump a acceptée est particulièrement ardue », a déclaré Vladimir Poutine. « Obtenir que des parties en conflit parviennent à un certain consensus n’a rien d’une tâche aisée. »
« Mais le président Trump s’efforce réellement — j’en suis convaincu — sincèrement — d’y parvenir », a‑t‑il ajouté.
La rencontre, au Kremlin, entre MM. Witkoff, Kushner et Poutine, en présence de quelques proches conseillers du chef du Kremlin, a duré cinq heures, s’étirant de la soirée du 2 décembre jusqu’au petit matin du 3 décembre à Moscou.
Vladimir Poutine a expliqué que la longueur de l’entretien tenait au fait qu’il avait passé en revue chacun des 28 points du projet de plan de paix présenté par les États‑Unis.
« Ce que nos collègues américains nous ont soumis était, d’une manière ou d’une autre, fondé sur les accords que nous avions esquissés lors de ma rencontre avec le président Donald Trump en Alaska — nous avions abordé ces questions lors de la réunion à Anchorage », a‑t‑il indiqué, commentant le contenu du plan.
Évoquant la question des territoires du Donbass, Donetsk et Louhansk, en Ukraine, Vladimir Poutine a affirmé que Moscou avait proposé à Kiev de retirer ses forces armées de la région avant le déclenchement de la guerre à grande échelle, ce qui, selon lui, aurait permis d’éviter le conflit.
« Nous avons immédiatement dit à l’Ukraine, aux troupes ukrainiennes : la population ne veut plus vivre sous votre autorité. Les habitants se sont rendus aux urnes et ont voté pour l’indépendance. Retirez vos troupes et il n’y aura pas d’opérations militaires. Non, ils ont préféré combattre. Aujourd’hui, ils en paient le prix », a‑t‑il déclaré.
La Russie a reconnu Donetsk et Louhansk comme États indépendants en février 2022, peu avant le lancement de son invasion à grande échelle, puis a annexé ces territoires en septembre de la même année à l’issue de référendums contestés.
L’Organisation des Nations unies et une large partie de la communauté internationale ont jugé illégales tant les proclamations d’indépendance que l’annexion ultérieure par la Russie.
TASS a rapporté, le 4 décembre, que Vladimir Poutine avait affirmé : « Soit nous libérons ces territoires par la force des armes, soit les troupes ukrainiennes quittent ces territoires et cessent d’y combattre. »
L’entretien intégral accordé à India Today doit être diffusé le soir du 4 décembre sur une chaîne de télévision indienne, alors que Vladimir Poutine se rend à New Delhi pour y rencontrer le Premier ministre Narendra Modi.
À Washington, le président Donald Trump a déclaré, le 3 décembre, s’être entretenu avec Steve Witkoff et Jared Kushner au sujet de leur rencontre avec Vladimir Poutine, en concluant que la Russie souhaitait mettre un terme aux hostilités.
« D’après eux, […], il voudrait voir cette guerre se terminer », a‑t‑il confié à la presse.
« Je pense qu’il aimerait revenir à une vie plus normale. Il préférerait, à l’évidence, commercer avec les États‑Unis d’Amérique plutôt que […] perdre des milliers de soldats chaque semaine. »
Dans le même temps, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Andrii Sybiha, a déclaré que Kiev souhaitait « une paix véritable, et non une politique d’apaisement » avec la Russie, lors d’un discours prononcé le 3 décembre devant l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), à Vienne.
« Nous nous souvenons encore des noms de ceux qui ont trahi les générations futures à Munich. Cela ne doit jamais se reproduire. Les principes doivent rester intangibles, nous avons besoin d’une paix réelle, pas d’un apaisement illusoire », a‑t‑il lancé, en référence à l’accord de 1938 par lequel la France et le Royaume‑Uni avaient accepté de laisser l’Allemagne nazie annexer les Sudètes, alors partie de la Tchécoslovaquie.
« L’Europe a connu trop d’accords de paix iniques par le passé. Tous n’ont conduit qu’à de nouvelles catastrophes », a‑t‑il poursuivi, remerciant les États‑Unis pour leurs efforts diplomatiques et assurant que l’Ukraine saisirait « toute occasion de tenter de mettre un terme à cette guerre ».
Avec Reuters.

Guy Birchall est un journaliste britannique qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la liberté d'expression et les questions sociales.
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