Les États Unis soutiennent une résolution de l’ONU exigeant que la Russie rende les enfants ukrainiens
L’ambassadrice d’Ukraine aux États Unis affirme que les enfants doivent être rendus, faute de quoi Kiev refusera tout accord de paix avec Moscou.
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Un militaire ukrainien donne des instructions à des femmes et des enfants ayant fui les combats à Boutcha et Irpin avant qu’ils ne montent à bord d’un train d’évacuation d’Irpin vers Kiev, mis en place après de violents affrontements qui ont contraint de nombreux habitants à quitter leur domicile, à Irpin, en Ukraine, le 4 mars 2022.
Les États‑Unis, aux côtés de 90 autres pays à l’Organisation des Nations unies, ont exigé, le 3 décembre, que la Russie garantisse « le retour immédiat, sûr et inconditionnel de tous les enfants ukrainiens qui ont été transférés ou déportés de force » et ont appelé Moscou à mettre fin à ces pratiques présumées.
La résolution a été adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU au lendemain d’une rencontre, au Kremlin, entre l’émissaire spécial du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, son gendre Jared Kushner et le président russe Vladimir Poutine, venue appuyer les discussions pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Moscou avait appelé les États à rejeter ce texte, rédigé par l’Ukraine, le Canada et l’Union européenne, en soutenant qu’il compliquait la recherche d’une solution de paix.
« Chaque vote pour la résolution est un soutien au mensonge, à la guerre et à la confrontation. Chaque vote contre est un vote pour la paix », a lancé la vice‑ambassadrice russe auprès des Nations unies, Maria Zabolotskaïa, devant l’Assemblée générale avant le scrutin.
Au total, 12 pays, dont la Russie, la Biélorussie et l’Iran, ont voté contre le texte, tandis que 57 États, parmi lesquels la Chine, l’Inde et l’Arabie saoudite, se sont abstenus.
Les résolutions de l’Assemblée générale ne sont pas contraignantes, mais elles reflètent la position des États à travers le monde.
Kiev affirme que Moscou a enlevé des dizaines de milliers d’enfants et les a transférés en Russie ou sur des territoires occupés par la Russie, sans le consentement de leurs familles ou de leurs tuteurs.
La Cour pénale internationale (CPI), à La Haye (Pays‑Bas), a émis en 2023 des mandats d’arrêt à l’encontre de Vladimir Poutine et de sa commissaire aux droits de l’enfant, Maria Lvova‑Belova, les accusant de déportation illégale d’enfants, un crime assimilé à un crime de guerre.
Interrogé à l’époque par l’agence publique russe TASS, le Kremlin a qualifié ces accusations « d’outrageantes et d’inacceptables » et estimé que ces mandats étaient « nuls et non avenus », la Russie ne reconnaissant pas la compétence de la CPI.
L’initiative des Nations unies intervient le même jour qu’une audition au Sénat américain consacrée aux accusations d’enlèvements d’enfants.
Des enfants jouent dans la salle mère‑enfant de la gare de Lviv, en Ukraine, le 24 mars 2022. (Charlotte Cuthbertson/Epoch Times)
« En Ukraine, des responsables et des organisations affirment que la Russie de Poutine a séparé de leurs familles plus de 19.000 enfants ukrainiens, en tentant d’en faire de petits Russes », a déclaré le sénateur Lindsey Graham (républicain de Caroline du Sud). « Il est impossible de mettre un terme honorable à ce conflit tant que l’on n’a pas retrouvé chaque enfant emmené par la Russie de Poutine hors d’Ukraine. Point final. »
Nathaniel Raymond, enquêteur spécialisé dans les crimes de guerre et directeur exécutif du Humanitarian Research Lab de l’école de santé publique de Yale, a indiqué devant la commission que son enquête de trois ans et demi, menée en lien avec le département d’État, montre que le nombre réel d’enfants ukrainiens que la Russie aurait enlevés est « plus proche de 35.000 ».
M. Graham, l’une des figures républicaines les plus influentes du Sénat, a estimé que le Congrès devait être en mesure d’examiner les termes de tout accord en cours de négociation entre l’administration Trump et Moscou, afin que le pouvoir législatif puisse juger si ce compromis est acceptable et s’il offre à l’Ukraine des garanties de sécurité, « qui sont indispensables ».
Olga Stefanishyna, ambassadrice d’Ukraine aux États‑Unis, a déclaré qu’il était « non négociable » pour son gouvernement que « tous les enfants enlevés fassent l’objet d’un retour inconditionnel », faute de quoi Kiev refuserait de conclure un accord avec Moscou.
Moscou dément toute campagne d’enlèvements et affirme qu’il s’agit de protéger des enfants vulnérables dans une zone de guerre.
« Les références, dans les médias occidentaux inspirés par Kiev, à des dizaines, voire des centaines de milliers d’enfants “enlevés” sont délibérément mensongères et sciemment relayées dans le cadre d’une guerre de propagande contre la Russie », a déclaré le mois dernier l’ambassadeur russe aux États‑Unis, Alexander Dartchiev, selon TASS.
La première dame Melania Trump fait une déclaration dans le Grand Foyer de la Maison‑Blanche, le 10 octobre 2025. (Kevin Dietsch/Getty Images)
La question du retour des enfants ukrainiens depuis la Russie est également devenue l’un des combats de la première dame des États‑Unis, Melania Trump.
Elle a d’abord adressé une lettre à Vladimir Poutine en août, lorsque le président russe s’est rendu en Alaska, pour solliciter son aide en vue du retour de ces enfants.
« En tant que parents, il est de notre devoir de nourrir l’espérance de la génération qui vient. En tant que dirigeants, notre responsabilité envers les enfants va bien au‑delà du confort d’un petit nombre », écrivait‑elle dans ce courrier.
« Plus que jamais, nous devons nous efforcer de dessiner un monde où chacun puisse vivre dans la dignité, afin que chaque être s’éveille à la paix et que l’avenir lui‑même soit pleinement protégé. »
Vladimir Poutine lui a répondu personnellement, et tous deux ont noué un dialogue régulier au fil des derniers mois, a‑t‑elle indiqué.
En octobre, elle a assuré que huit enfants avaient déjà retrouvé leurs familles, et que d’autres réunifications devaient suivre.
« La première dame des États‑Unis, Melania Trump, qui avait demandé au président russe [Vladimir Poutine] de prêter une attention particulière au sort des mineurs dans la zone de conflit, a exprimé sa gratitude pour la volonté de la partie russe de fournir des informations objectives et détaillées », a alors rapporté M. Dartchiev.
À la suite de cette démarche, « sept enfants ont été rapidement réunis avec leurs familles en Ukraine et une fillette a pu retourner en Russie », a‑t‑il ajouté.
Jacob Burg a contribué à la rédaction de cet article.
Guy Birchall est un journaliste britannique qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la liberté d'expression et les questions sociales.