Logo Epoch Times

Recommandation

Permission de sortir Vendin-le-Vieil

Permission de sortir d’un narcotrafiquant à Vendin-le-Vieil : l’administration pénitentiaire s’interroge

Un trafiquant de drogue considéré comme l’un des détenus les plus dangereux de France a pu quitter sans escorte, ce lundi, la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil pour un entretien d’embauche. Une autorisation qui alimente la polémique. 

top-article-image

Des membres des équipes de sécurité pénitentiaire (ESP) montent la garde devant la prison de Vendin-le-Vieil, le 24 novembre 2025, alors qu’un détenu condamné pour trafic de drogue a été autorisé par le tribunal à se rendre à Lyon pour y rencontrer un employeur potentiel.

Photo: : Sameer AL-DOUMY / AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 4 Min.

La permission de sortir accordée au trafiquant de drogue incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) suscite une vive controverse au sein du monde pénitentiaire. Ouahid B., originaire de Seine-Saint-Denis et condamné jusqu’en 2029 pour narcotrafic, bénéficie ce lundi 24 novembre d’une autorisation temporaire afin de passer un entretien d’embauche. Il figure parmi les 100 détenus les plus dangereux de France. Il a quitté sans escorte la prison de haute sécurité, conformément au droit à la réinsertion prévu par la loi. Il doit rencontrer un employeur potentiel dans la région lyonnaise. 

Le directeur de la prison et le parquet opposés à cette sortie

Cette autorisation a été accordée par le juge d’application des peines de Béthune, malgré l’opposition du directeur de la prison et du parquet. La chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai a confirmé la décision vendredi dernier, validant ainsi la sortie du détenu. 
Interrogée sur RMC ce lundi, Justine Gerbaud, porte-parole de la direction de l’administration pénitentiaire, admet que cette décision « nous oblige à nous questionner ». Elle précise cependant que la loi ne prévoit aucune « disposition particulière spécifique dans le cadre de l’application des peines » pour les trafiquants de drogue.  
Si aucun agent ne l’accompagne, l’entourage du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a assuré à BFMTV qu’un « dispositif » serait tout de même déployé pour encadrer la sortie. 

Une permission « classique, comme il y en a tous les jours » 

Questionnée par Apolline de Malherbe sur la nature de ce dispositif, Justine Gerbaud a assuré que celui-ci « ne pourra être qu’un dispositif mis en place avec des forces de l’ordre, ça ne pourra pas être du personnel pénitentiaire, le cadre ne le prévoit pas ». 
Elle a encore souligné qu’il s’agit d’une permission de sortir employeur « classique, comme il y en a tous les jours », mais « certes pas à l’établissement de Vendin-le-Vieil », a-t-elle pointé, mentionnant que c’est un « outil indispensable de la réinsertion et de la préparation à la sortie des personnes détenues que l’administration pénitentiaire prend en charge ». 
Sur France Info ce lundi, son avocate, Marie Violleau, a précisé que son client « n’est pas totalement libre de ses mouvements : il doit respecter des horaires précis et se rendre dans un lieu déterminé, à savoir une entreprise pour rencontrer un employeur, avant de revenir à l’heure fixée ».  
L’avocate a également déclaré qu’elle ignorait pourquoi son client avait été « transféré à Vendin-le-Vieil » et qu’« il n’a jamais été possible pour personne de savoir comment » la liste du ministère de l’Intérieur « avait été établie ». Elle a ajouté, soulignant son « comportement exemplaire » : « Je pense qu’il n’a rien à y faire et d’ailleurs ça se vérifie je crois aujourd’hui. »

Une évasion en 2014 

Cependant, cette décision suscite des incompréhensions. Ouahid B. s’était déjà évadé en 2014 à l’aide d’un commando armé, avant d’être rattrapé après plusieurs jours de cavale. Des faits qui, pour nombre d’observateurs, auraient dû peser dans l’évaluation du risque.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a rappelé dimanche que les antécédents du narcotrafiquant « exigent une vigilance toute particulière ». Il a également souligné la nécessité de revoir la législation pour créer des règles spécifiques concernant les narcotrafiquants dans l’application des peines. 
Cette affaire met en lumière les contradictions entre le principe de réinsertion et les impératifs de sécurité publique, notamment à Vendin-le-Vieil, établissement emblématique du dispositif de lutte contre la criminalité organisée, dont le régime est ultra-renforcé.