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Meurtre d’Élias

Meurtre d’Élias : un rapport accablant, révélant une suite de défaillances judiciaires

Un rapport de l’Inspection générale de la Justice révèle de graves dysfonctionnements dans le suivi des mineurs délinquants, après le meurtre d’Élias, 14 ans, poignardé à la machette à Paris en janvier dernier. Les conclusions dressent un tableau accablant d’un système judiciaire débordé et désorganisé, incapable d’empêcher la répétition des violences. 

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Fleurs en hommage à Elias, assassiné à l'âge de 14 ans le 25 janvier 2025 dans le 14e arrondissement de Paris.

Photo: Crédit photo RICCARDO MILANI/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

En janvier 2025, Élias, 14 ans, a été mortellement poignardé à la machette à Paris par deux adolescents connus de la justice, alors qu’il sortait de son entraînement de foot. La publication du rapport de l’Inspection générale de la Justice, rendue publique par Le Point, met en lumière une série de défaillances dans le traitement de ces mineurs et interroge sur la capacité du système à protéger les victimes. 

Dossiers incomplets, audiences repoussées 

L’enquête menée par les magistrats révèle que les deux auteurs, âgés de 16 et 17 ans et identifiés comme récidivistes depuis 2021, avaient commis en à peine deux semaines 19 infractions, allant des vols avec violence à l’extorsion et au port d’arme. Le procureur avait requis un contrôle judiciaire, mais celui-ci a été refusé par le juge des enfants au motif que les adolescents avaient « exprimé des regrets ». Trois interdictions de contact avaient été prononcées, mais elles n’ont jamais été respectées, laissant les deux jeunes se fréquenter librement. 
Le rapport pointe également l’absence de suivi éducatif effectif, due à l’insuffisance d’encadrement des services concernés. Les convocations adressées au plus jeune, durant l’automne 2024, n’ont pas été documentées par le service éducatif, qui se contentait de noter son absence à un entretien le 8 janvier 2025, soit seize jours avant le meurtre. Les dossiers de personnalité des adolescents étaient incomplets, et les audiences souvent repoussées, laissant les magistrats dans l’ignorance de leur profil exact.  

« Nous voulons comprendre le sens des décisions qui ont été prises » 

Pour Stéphanie Bonhomme, la mère de l’adolescent, « ce ne sont pas les juges qui ont tué Élias, mais la justice ne l’a pas protégé ». Elle demande à s’entretenir avec les juges des enfants afin de « comprendre le sens des décisions qui ont été prises ». « Cette demande est légitime. Les juges doivent assumer la responsabilité de leurs décisions face aux victimes ou à leurs proches », estime-t-elle.  
« Élias était au bon endroit, au bon moment », martèle-t-elle encore, ajoutant que « ce rapport confirme un fait essentiel : ceux qui ont tué notre enfant, eux, n’avaient pas à être là. Il n’y a pas de fatalité. » 
Ses avocats, Maître Johanna Ostrowka et Maître Nicolas Goutx, avaient indiqué sur RTL le 13 février dernier que « les premiers prédateurs des mineurs sont des mineurs », la mort d’Élias étant « le témoignage direct qu’aujourd’hui le système ne fonctionne pas, qu’il faut le reprendre et peut-être le repenser autrement aussi bien du côté des auteurs que des victimes ». 

« Il est temps que les magistrats acceptent ce dialogue » 

Dans un communiqué publié en février, les parents d’Élias indiquaient qu’il s’agissait non seulement de rendre justice à leur fils, mais aussi de « protéger les vivants » et de garantir la sécurité de tous avant qu’ils ne deviennent des victimes. 
« Je suis médecin, j’ai l’habitude d’expliquer mes décisions aux familles et de rendre compte de mes actes. Les policiers, les professeurs aussi. Pourquoi les magistrats en seraient-ils dispensés ? » interroge la mère d’Élias dans les colonnes du Point. Avant d’ajouter : « En 2002, la loi Kouchner a permis de reconnaître les droits des patients. Les médecins étaient divisés, mais cela n’a pas remis en cause notre indépendance […]… Il est temps que les magistrats acceptent ce dialogue. »  
La justice « a consacré énormément de moyens à ces deux délinquants, pour qu’à la fin, rien ne soit mis en œuvre », pointe enfin Stéphanie Bonhomme, qui demande aujourd’hui que la même énergie soit consacrée à la mémoire de son fils.