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Marco Rubio affirme que la force de sécurité à Gaza doit inclure des pays avec lesquels Israël est « à l’aise »
Gaza ne peut pas être gouvernée par « quiconque veut s’en servir comme rampe de lancement d’attaques contre Israël », a déclaré Marco Rubio.

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou font une déclaration conjointe à la presse au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 16 février 2025.
Photo: Ohad Zwigenberg/Pool/AFP via Getty Images
Une force internationale de sécurité à Gaza, dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu, devra être composée de pays avec lesquels Israël est « à l’aise », a déclaré le 24 octobre le secrétaire d’État américain Marco Rubio lors d’une visite en Israël.
S’adressant à la presse après une visite au Centre de coordination civilo-militaire dans le sud d’Israël, M. Rubio a indiqué que de nombreux pays s’étaient proposés pour intégrer cette force.
« Évidemment, au moment de constituer cette force, il faudra que ce soient des personnes ou des pays avec lesquels Israël est à l’aise », a-t-il dit. « Il y a beaucoup de pays qui se sont proposés et qui souhaitent participer. »
M. Rubio est le dernier haut responsable américain à visiter Israël pour soutenir la mise en œuvre du plan de paix pour Gaza parrainé par les États-Unis. Son déplacement fait suite aux visites, plus tôt dans la semaine, du vice‑président américain JD Vance, de l’envoyé spécial Steve Witkoff et de Jared Kushner, gendre du président Donald Trump.
L’accord de cessez‑le‑feu exige le retour de tous les otages israéliens, vivants et décédés, détenus par le Hamas, le désarmement de l’organisation terroriste et l’établissement d’une gouvernance pacifique à Gaza.
M. Rubio a exclu tout rôle pour le Hamas ou d’autres organisations terroristes dans la gouvernance à long terme de Gaza, en affirmant que le territoire ne pouvait pas comporter d’éléments de terreur, tels que des tunnels ou des roquettes.
« Cela ne peut pas être un lieu gouverné par quiconque veut s’en servir comme rampe de lancement d’attaques contre Israël. Si c’est le cas, alors nous nous retrouverons avec une nouvelle guerre », a‑t‑il déclaré. « Tout le monde le comprend, et tous ceux qui ont approuvé cet accord le comprennent. »
Évoquant l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, et son éventuel rôle dans l’avenir de Gaza, M. Rubio a estimé qu’elle avait « assurément besoin de réformes ». Il a ajouté que son rôle « reste à déterminer, s’il doit y en avoir un ».
Le rôle de la Turquie à Gaza
La Turquie, aux côtés de l’Égypte et du Qatar, a servi de médiateur dans l’accord de cessez‑le‑feu et a déjà indiqué qu’elle se joindrait à une task force chargée de superviser la mise en œuvre de l’accord.
Lors d’une conférence de presse commune avec M. Vance mercredi, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a laissé entendre son opposition à l’éventualité d’autoriser des personnels de sécurité turcs à entrer dans la bande de Gaza, disant avoir « des opinions très arrêtées à ce sujet ».
Interrogé au sujet des propos de M. Nétanyahou lors de son vol de retour d’une tournée dans le Golfe, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré vendredi que les discussions se poursuivaient.
« Les discussions se poursuivent au sujet de la task force qui travaillera à Gaza. Les modalités n’en sont pas encore claires. Comme il s’agit d’un dossier aux multiples facettes, des négociations approfondies sont en cours. Nous sommes prêts à fournir à Gaza toute forme de soutien sur ce sujet », a‑t‑il affirmé.
Plus tôt dans la semaine, M. Vance a annoncé la création d’un nouveau Centre de coopération civilo‑militaire États‑Unis – Israël pour soutenir les efforts de paix au Moyen‑Orient. Il a suggéré que des troupes étrangères, possiblement de Turquie ou d’Indonésie, pourraient participer aux opérations de maintien de la paix, tout en précisant que la décision finale revenait à Israël.
M. Rubio a indiqué que des discussions étaient en cours pour déterminer si la force internationale de sécurité envisagée à Gaza opérerait sous mandat de l’ONU. Il a noté que certains pays participants pourraient exiger un tel mandat en vertu de leur droit interne pour pouvoir prendre part à l’opération.
Il a précisé que plusieurs options étaient à l’étude, notamment une éventuelle résolution des Nations unies ou un autre accord international.
« Nous trouverons la bonne formule pour y parvenir », a assuré M. Rubio, ajoutant que les États‑Unis travaillaient déjà à une formulation susceptible d’établir le cadre nécessaire.
Otages et aide humanitaire
M. Rubio a indiqué que les négociations se concentraient actuellement sur le respect des engagements relatifs au retour des otages israéliens, dont 13 des 28 corps restant dans la bande de Gaza, ainsi que sur l’élimination de toute menace émanant de Gaza contre Israël.
« Tout ce travail se poursuit », a‑t‑il dit. « Les États‑Unis en font davantage que quiconque à cet égard. Les dépouilles vont être remises. Cela va arriver. »
M. Rubio a exclu tout rôle de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) dans l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza, déclarant : « L’UNRWA ne jouera aucun rôle. »
Ses propos ont été tenus au lendemain d’un avis consultatif rendu par la plus haute juridiction de l’ONU, demandant à Israël d’autoriser les agences onusiennes, y compris l’UNRWA, ainsi que d’autres organisations internationales et des États tiers, à acheminer l’aide vers les territoires palestiniens.
Les États‑Unis et Israël ont condamné et rejeté l’avis de la Cour internationale de justice, critiquant l’UNRWA pour ses liens présumés avec le Hamas.
M. Rubio a indiqué que les États‑Unis étaient prêts à travailler avec d’autres entités onusiennes et organisations humanitaires, telles que le Programme alimentaire mondial et Samaritan’s Purse, en rappelant qu’environ 8 à 12 agences opéraient actuellement sur le terrain.
« Les Nations unies sont présentes. Elles sont sur le terrain. Nous sommes disposés à travailler avec elles si elles peuvent faire fonctionner le dispositif. Mais pas avec l’UNRWA. L’UNRWA est devenue une filiale du Hamas », a‑t‑il affirmé.
Vote de la Knesset sur la Cisjordanie
Mercredi, la Knesset israélienne a donné son feu vert en première lecture à un projet de loi visant à appliquer le droit israélien en Cisjordanie, territoire qu’Israël revendique pour y implanter des colonies, mais que les Palestiniens considèrent comme le socle d’un futur État indépendant.
M. Vance, en visite en Israël au même moment, a qualifié cette initiative « d’insulte », la décrivant comme une manœuvre politique « très stupide ».
M. Rubio a estimé que le vote était en grande partie symbolique et à visée politicienne, y voyant la tentative de certains parlementaires d’embarrasser M. Nétanyahou durant la visite de M. Vance. Il a jugé que la mesure avait peu de chances d’avancer ou d’avoir un effet législatif, ajoutant qu’un tel mouvement pourrait menacer le processus de paix plus large.
Toute tentative d’appliquer formellement le droit israélien en Cisjordanie à ce stade risquerait de décourager les pays actuellement engagés dans l’initiative de paix de poursuivre leur implication, a‑t‑il averti.
Élargir les accords d’Abraham
M. Rubio a également évoqué l’élargissement potentiel des accords d’Abraham, cette série d’accords parrainés par les États‑Unis qui ont normalisé les relations entre Israël et plusieurs pays arabes, dont les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.
Il a indiqué que d’autres pays pourraient bientôt s’y ajouter, même si les détails demeurent confidentiels.
« Je ne vais pas mentionner les noms des pays, car il leur appartient de l’annoncer », a‑t‑il déclaré. « Certains sont plus importants que d’autres, mais nous aimerions compter le plus grand nombre possible de membres des accords d’Abraham. »
M. Rubio a précisé que le département d’État continuait de mobiliser des moyens pour élargir ces accords, alors même que les responsables se concentrent sur la mise en œuvre du cessez‑le‑feu à Gaza.

Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.
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