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plus-iconChute des naissances en Italie

L’Italie face à une nouvelle chute des naissances, sur fond de fertilité au plus bas, selon l’institut national de statistique

Des études plus longues, l’emploi précaire et les difficultés de logement dissuadent de nombreux Italiens de fonder une famille.

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Une éducatrice joue avec des enfants dans une crèche, le 12 octobre 2017 à Milan.

Photo: MARCO BERTORELLO/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

L’Italie enregistrera une nouvelle baisse du nombre de naissances cette année, prolongeant le recul de 2024 et un niveau de fertilité historiquement bas, a indiqué l’Institut national italien de statistique (ISTAT) le 21 octobre.
L’ISTAT a signalé 369.944 naissances en 2024, soit près de 10.000 de moins qu’en 2023, une diminution de 2,6 %.
L’agence a précisé que ce recul s’inscrivait dans une tendance baissière entamée en 2008, année où plus de 576.000 bébés étaient nés. L’an dernier, le nombre moyen d’enfants par femme en Italie a chuté à 1,18, contre 1,2 en 2023, établissant le taux le plus bas jamais enregistré dans le pays.
Les données provisoires pour 2025 suggèrent un niveau encore inférieur, à 1,13 enfant par femme, bien en deçà du seuil de renouvellement des générations dans les pays développés, fixé à 2,1.
« Les naissances reculent et la fertilité atteint un plancher historique », a déclaré l’ISTAT dans un communiqué.
En avril 2024, la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, avait qualifié la baisse de la natalité de « défi » non seulement pour l’Italie, mais pour l’Europe tout entière.
Le service statistique de l’Union européenne, Eurostat, fixe la moyenne de l’UE à 1,38 en 2023, avec la Bulgarie, la France et la Hongrie dans le haut de la fourchette, tandis que Malte, l’Espagne et la Lituanie affichent les taux les plus faibles.
Selon Eurostat, les femmes en Europe ont moins d’enfants et accouchent plus tard. En 2023, l’âge moyen à la première maternité dans l’UE était de 29,8 ans. L’Italie a enregistré l’âge moyen le plus élevé pour une première naissance, à 31,8 ans, suivie de près par l’Irlande à 31,6 ans.

Raisons du déclin

L’ISTAT explique que la baisse observée en Italie reflète non seulement une moindre propension à avoir des enfants, mais aussi la diminution du nombre de femmes en âge de procréer, conséquence de cohortes plus petites nées depuis le milieu des années 1970.
La fécondité en Italie est passée de plus de deux enfants par femme dans les années 1970 à 1,19 au milieu des années 1990 et ne s’est jamais redressée. Depuis 2008, l’Italie a perdu environ 207.000 naissances, soit 35,8 %.
Plusieurs facteurs alimentent ce déclin, notamment l’allongement des études, la précarité de l’emploi et les difficultés d’accès au logement, qui retardent le départ des jeunes du foyer familial.
« Cela peut s’accompagner du choix de renoncer à la parentalité ou de la reporter », a indiqué l’ISTAT.
L’agence précise que les naissances de premiers comme de suivants ont reculé. Les premiers-nés se sont établis à 181.487, en baisse de 2,7 % par rapport à 2023, tandis que les deuxièmes enfants ont diminué de 2,9 % et les naissances ultérieures de 1,5 %. Le repli a été le plus marqué dans le sud de l’Italie.
L’Italie accorde une prime unique de 1000 euros pour chaque enfant né ou adopté à compter du 1er janvier 2025. Par ailleurs, les familles peuvent bénéficier d’un bonus pour la garde d’enfants afin d’aider à couvrir les frais de crèche.
Une allocation mensuelle allant de 50 à 175 euros par enfant est disponible pour les familles avec enfants à charge, avec des compléments pour les mères de moins de 21 ans et des chèques dédiés à la scolarisation en maternelle.

Origine des parents

L’essentiel du repli concerne les couples italiens. Les naissances de deux parents italiens ont reculé de 3,3 % en 2024 par rapport à 2023 et représentent désormais 78 % de l’ensemble des naissances.
À l’inverse, les naissances impliquant au moins un parent étranger sont restées stables, autour de 80.700, soit environ un cinquième du total.
Au sein de ce groupe, les couples mixtes ont progressé de 2,3 %, tandis que les naissances de deux parents étrangers ont diminué de 1,7 %. La part des bébés nés avec au moins un parent étranger est la plus élevée dans le nord du pays et la plus faible dans le sud.
L’Émilie-Romagne et la Ligurie affichent les proportions les plus élevées de naissances de parents étrangers, tandis que la Sardaigne et les Abruzzes enregistrent les plus faibles. Les nationalités les plus fréquentes parmi les parents étrangers sont roumaine, marocaine et albanaise, selon l’ISTAT.
Les parents ukrainiens sont les plus susceptibles de former des couples mixtes, avec 52,9 % des bébés nés d’un parent italien et d’un parent ukrainien, le plus souvent une mère ukrainienne et un père italien.
Parmi les couples mixtes où le parent étranger est le père, la proportion la plus élevée est observée pour les pères tunisiens, qui représentent 17,1 % de ces naissances.
Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.

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