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L’État français refuse de prendre en charge le rapatriement des militants de la Flottille pour Gaza

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Le premier navire « Sirius » d'une flottille civile, transportant des militants pro-palestiniens visant à briser le blocus israélien de la bande de Gaza, quitte le port de Barcelone le 1er septembre 2025.

Photo: LLUIS GENE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

L’État français refuse de prendre en charge le rapatriement des militants de la Flottille pro-Gaza arrêtés par Israël le 8 octobre dernier, une décision qui suscite l’indignation des familles.
Le groupe, composé de quatorze ressortissants français dont des élus et personnalités engagées, avait embarqué dans une opération présentée comme « humanitaire », tout en sachant qu’ils s’exposaient à l’arraisonnement et à la détention, au moment où les négociations pour une trêve durable entre Israël et le Hamas semblaient progresser.
La réponse du gouvernement français refusant la prise en charge du rapatriement, après le Portugal et la Suisse avant lui, s’explique par les doutes sur l’efficacité humanitaire et les dessous politiques de l’opération.

Une expédition contestée sur le fond

La flottille Global Sumud, partie de Barcelone début septembre, multipliait les symboles : drapeaux palestiniens, présences militantes et politiques, slogans contre le blocus.
Dès le départ, les participants savaient qu’ils n’avaient que peu de chances de livrer la moindre aide à Gaza, comme l’a reconnu Yacine Haffaf, chirurgien et président du comité français de la flottille : « Le but était de diffuser l’information au maximum pour réveiller ».
La couverture médiatique, les communiqués de presse et les vidéos sur les médias sociaux devaient faire de l’arrestation des militants une tribune de dénonciation du blocus de Gaza. Mais cette mobilisation a occulté parfois la voix des habitants de Gaza eux-mêmes en mettant en avant d’autres objectifs politiques ou idéologiques, expliquant le départ de Greta Thunberg du conseil de l’administration de la flottille.
La France prudente diplomatiquement et politiquement
Devant la pression des familles et des soutiens, le gouvernement français a offert une assistance consulaire minimale sans engager une procédure globale de rapatriement collectif. Seul un des six militants français arrêtés a accepté l’expulsion immédiate proposée par Israël ; les autres, refusant ce compromis, ont préféré s’exposer à des procédures judiciaires locales, retardant volontairement leur retour, apprend-t-on dans le JDD.
Les autorités françaises justifient ainsi leur position : pour les citoyens qui s’engagent, à leurs risques et périls, dans des actes de désobéissance internationale, il s’agit de préserver le principe de responsabilité individuelle et la cohérence diplomatique.
Cette attitude marque une inflexion par rapport à la tradition protectrice du Quai d’Orsay, devenue la règle lors de crises majeures ou quand les ressortissants sont victimes de circonstances extraordinaires. Dans le cas de la flottille, la nature politique et médiatique de l’action, assumée et revendiquée, interdit un traitement similaire.
Plusieurs voix au sein du gouvernement insistent : « Accorder systématiquement le rapatriement, c’est s’exposer à être instrumentalisé par l’activisme international ».

Les motifs politiques des militants en question

À rebours d’une image humanitaire, la flottille est aussi portée par des ressorts politiques explicitement revendiqués. L’eurodéputée LFI Rima Hassan, l’une des figures de l’opération, affirmait dès son embarquement qu’il s’agissait d’un « acte de dénonciation politique du blocus et de la complicité internationale ».
La multiplication d’actions « coup de poing » a coïncidé avec des rivalités entre différents leaders militants, qui ont cherché à occuper l’espace médiatique et à influencer l’opinion avec leur différentes idéologies, pendant que le processus de paix – soutenu officiellement par Paris – étaient en cours de négociation.
Certains militants ont refusé volontairement de collaborer avec les autorités israéliennes, allongeant systématiquement leur détention en centre de rétention afin d’attirer l’attention internationale et mettre en scène la « répression » qu’ils ont subi.

Conséquences et débat public en France

À l’aéroport d’Orly, les soutiens agitaient keffiehs et drapeaux palestiniens, scandant « Free Palestine », sous les caméras et devant la presse. Dans le débat public français, la question du rapatriement se double d’une polémique sur le sens des initiatives militantes internationales – sont-elles sincèrement solidaires ou instrumentalisées ?
Certains commentateurs politiques dénoncent du « tourisme militant », une « croisière médiatique » qui tend à imposer ses propres codes et à brouiller la frontière entre humanitaire et politique.
L’État français, accusé d’« inaction » ou d’ « indignité » par les familles des militants selon Ouest-France a assumé de ne pas intervenir au-delà de l’assistance consulaire.
Ce signal envoyé aux militants rappelle que l’engagement dans des opérations contestées politiquement ne peut se traduire systématiquement par une garantie de protection et de rapatriement, sous peine d’affaiblir davantage le rôle diplomatique de la France sur la scène internationale.