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Mère d’Élias

Les parents vont « perdre leurs enfants dans la rue, avant de les perdre sur un champ de bataille », prévient la mère d’Élias

La mère d’Élias, adolescent poignardé à mort à Paris en janvier 2025, a dénoncé les défaillances de la justice des mineurs. Elle appelle à un dialogue entre magistrats et familles de victimes, et met en garde contre la montée de la violence dans les rues françaises. 

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Fleurs en hommage à Elias, assassiné à l'âge de 14 ans le 25 janvier 2025 dans le 14e arrondissement de Paris.

Photo: RICCARDO MILANI/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Stéphanie Bonhomme, médecin et mère d’Élias, tué à 14 ans pour un téléphone portable dans le 14ᵉ arrondissement de Paris, s’est exprimée avec gravité sur le plateau d’Europe 1-CNEWS, ce lundi 24 novembre dans « La Grande Interview ». Face à Sonia Mabrouk, elle a réagi aux propos du général Fabien Mandon, qui a récemment estimé que la France devait « accepter de perdre ses enfants » en cas de conflit, évoquant une possible confrontation avec la Russie. 

Une succession de « défaillances » 

« Je peux essayer de comprendre cette phrase », a-t-elle déclaré à la suite des déclarations du chef d’état-major des Armées, ajoutant : « C’est son rôle, sûrement, de préparer les parents à perdre leurs enfants sur un champ de bataille. »  

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Faisant référence au rapport de l’Inspection générale de la justice, portant sur la mort de son fils, elle a poursuivi : « C’est important de lire ce rapport parce que les parents vont comprendre qu’avant de perdre leurs enfants sur un champ de bataille, ils vont perdre leurs enfants dans la rue, en rentrant du cinéma, de l’école, du collège, du lycée, de leur entraînement de sport. »  
Ce document, intitulé « Mission d’évaluation suite à l’agression mortelle d’un mineur » et publié le 22 octobre dernier, met en lumière une succession de « défaillances » dans le suivi des deux adolescents impliqués dans le meurtre d’Élias. Face à ces lacunes, Stéphanie Bonhomme s’indigne des décisions prises avant le drame. Âgés de 16 et 17 ans, les deux adolescents étaient connus pour de multiples faits de violences et de vols. Le procureur avait requis un contrôle judiciaire, mais celui-ci avait été refusé au motif qu’ils avaient exprimé des « regrets ». 

« C’est vraiment la chronique d’une mort annoncée » 

Pour Stéphanie Bonhomme, ce rapport « édifiant » illustre une réalité insoutenable. Après l’avoir lu en famille, elle confie qu’une seule phrase leur est venue à l’esprit, « en mettant de côté le fait que c’était notre enfant qui était décédé » : « C’est vraiment la chronique d’une mort annoncée. » Selon elle, « la justice n’a pas protégé Élias » et « la justice des mineurs, aujourd’hui, ne va pas protéger la société ».  
La mère d’Élias s’indigne des décisions prises avant le drame. « Malgré la dangerosité montante des deux assassins d’Élias, les juges ont répété la même mesure, c’est-à-dire une interdiction de rentrer en contact, alors que ces deux assassins habitaient dans la même résidence », déplore-t-elle. 
Elle réclame désormais un dialogue direct avec la magistrature. « Les magistrats sont responsables de leur décision, ils doivent répondre à nos questions. […] Nous voulons leur demander pourquoi. Pourquoi vous avez réitéré ces décisions face à deux jeunes qui ont commis de multiples violences ? » a-t-elle insisté, précisant néanmoins : « Nous ne voulons pas attaquer l’indépendance de la magistrature […] Nous voulons comprendre des décisions. » 

Qualifiée de « victime écervelée » et de « populiste » 

La cheffe de service adjointe en médecine vasculaire à l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, a également confié avoir été qualifiée de « victime écervelée » et de « populiste » par certains magistrats, qui lui ont reproché de vouloir partir « en croisade contre les magistrats ». « La première discussion que j’ai eue avec eux a été très violente », a-t-elle rapporté. Face à ces attaques, elle s’est tournée vers deux anciens présidents de la République, François Hollande et Nicolas Sarkozy : « Ils nous ont confortés dans notre démarche, qui est humaine, transparente et tout à fait légitime. » 
La mère d’Élias souhaite que d’autres familles ne vivent jamais ce qu’elle a enduré. Elle appelle la justice à « du dialogue et de la transparence » et réclame l’adoption d’une loi obligeant les magistrats à rencontrer les familles de victimes lorsqu’un dysfonctionnement judiciaire est constaté.