Opinion
Les nouvelles lois adoptées en Chine étouffent sa croissance économique

Les délégués militaires arrivent à une réunion avant la cérémonie d'ouverture de la Conférence consultative politique du peuple chinois au Grand palais du Peuple à Pékin, le 4 mars 2024.
Photo: Wang Zhao/AFP via Getty Images
Les nouvelles lois chinoises étouffent la croissance économique du pays.
Des règlements de sécurité nationale de plus en plus stricts font fuir les entreprises et les investisseurs étrangers, qu’ils soient américains, européens ou japonais. Ces sources de croissance et de développement économique de la Chine, autrefois essentielles, ont commencé à chercher des débouchés ailleurs. Les autorités de Pékin peuvent penser que la perte en vaut la peine, mais leur politique les laissera avec une économie moins dynamique et une croissance plus lente.
La dernière mesure prise par Pékin dans ce domaine consiste en une révision de la loi sur les secrets d’État – la première révision depuis une quinzaine d’années. Les modifications, qui entreront en vigueur le 1er mai, élargissent fondamentalement le camp d’application des poursuites prévues par la loi. Plus particulièrement, la loi modifiée ajoute une nouvelle catégorie d’infraction potentielle appelée infraction des « secrets de travail ». Cette modification limitera, entre autres, les voyages et le champ de travail des personnes qui quittent des postes « sensibles ».
Bien que de nombreux paramètres de la nouvelle loi ne soient pas bien définis, il est clair qu’elle vise l’implication beaucoup plus large du Parti communiste chinois (PCC) dans les activités économiques et qu’elle rend toute entreprise en Chine, en particulier les sociétés étrangères, beaucoup plus vulnérable du point de vue juridique. D’autant plus que le PCC n’a pas précisé les modalités d’application de la nouvelle loi, ce qui laisse présager des applications arbitraires qui décourageront davantage des investisseurs étrangers de considérer la Chine comme emplacement pour une nouvelle entreprise ou une nouvelle source de produits.
S’il n’y avait que cette dernière mesure, les étrangers pourraient encore tenter leur chance en Chine, mais dans l’état actuel des choses, ce dernier changement est la vingtième mesure visant à renforcer les lois sur le secret d’État et l’espionnage seulement au cours de ces quelques dernières années.
L’année dernière, à la suite des révisions des lois sur l’espionnage, Pékin a envoyé la police d’État faire une descente dans les bureaux de deux cabinets internationaux de conseil – Bain & Co. et Mintz Group – en affirmant que le travail de ces entreprises américaines qui fournissent l’information aux investisseurs étrangers potentiels était une forme d’espionnage. La police a arrêté plusieurs employés et les autorités ont infligé à Mintz une lourde amende qui a été même augmentée récemment. Si une diligence raisonnable peut entraîner de telles descentes de police et amendes, Pékin rend pratiquement impossible pour les investisseurs potentiels de prendre des décisions en connaissance de cause, ce qui les rend moins susceptibles de choisir la Chine pour leurs opérations ou tout autre intérêt commercial.
La nouvelle extension des poursuites pour l’infraction des secrets d’État aux « secrets de travail » va à l’encontre des remarques faites par le chef du PCC, Xi Jinping, devant des hommes d’affaires américains en novembre dernier, lorsqu’il s’est rendu à San Francisco pour un événement de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC). Xi Jinping a invité les Américains à investir en Chine et a assuré les participants que « la détermination de la Chine à promouvoir un environnement des affaires de classe internationale, orienté vers le marché et fondé sur le droit ne changera pas ».
Après les tensions liées aux confinements et quarantaines lors de la pandémie du Covid-19 ainsi qu’aux mesures de la politique du « zéro Covid » qui ont retardé la réouverture de la Chine, les PDG américains ont réagi avec enthousiasme aux propos de Xi Jinping, allant même jusqu’à l’ovationner. Toutefois, les mesures prises par Pékin par la suite, notamment l’extension de la loi sur le secret d’État, ont refroidi l’enthousiasme qui régnait à San Francisco. Si les hommes d’affaires sont réalistes – et ils le sont généralement – ils prendront leurs décisions en fonction des actes et non des paroles.
Si, comme cela semble être le cas, la Chine veut s’isoler de l’économie mondiale, elle en souffrira, mais elle s’en sortira sans doute. Elle dispose d’une population talentueuse et d’une économie suffisamment vaste et diversifiée pour y parvenir. Mais si la Chine veut prospérer – en particulier si elle veut s’approcher du rythme fabuleux de progrès qu’elle a connu par le passé – elle devra modérer ses obsessions en matière de sécurité. À défaut, l’État-parti fera fuir les entrepreneurs occidentaux et japonais qui s’approvisionnaient en Chine, ainsi qu’affectera les exportations qui ont été et restent un élément crucial de l’économie chinoise. Il fera barrière également aux investissements étrangers et aux interactions qui ont contribué au dynamisme de l’économie chinoise. En d’autres termes, en suivant la voie actuelle, Pékin assurera une économie moins vitale et une croissance plus lente que par le passé.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Milton Ezrati, auteur, est collaborateur de la rédaction de The National Interest, une filiale du Centre d'études sur le capital humain de l'université de Buffalo (SUNY), et économiste en chef de Vested, une société de communication basée à New York. Avant de rejoindre Vested, il a été chef de la stratégie de marché et économiste pour Lord, Abbett & Co. Il écrit également fréquemment pour le City Journal et blogue régulièrement pour Forbes.
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