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Les mollets, ce second cœur qui protège la santé

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Illustration par Epoch Times

Photo: Shutterstock

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Durée de lecture: 10 Min.

Quand on pense au système cardiovasculaire, c’est le cœur qui est spontanément perçu comme le grand moteur, pompant le sang à travers 96 560 km de vaisseaux sanguins. Pourtant, dans l’ombre, nos muscles du mollet se contractent en permanence pour faire remonter le flux sanguin vers le haut, à contre-gravité. C’est pourquoi certains experts désignent la pompe du mollet comme notre véritable « second cœur ».

Quand les mollets travaillent pour le cœur

Si les muscles du mollet ne sont pas sollicités, le cœur et le système vasculaire peuvent en pâtir. Une diminution de l’efficacité de cette pompe musculaire est un facteur de risque de formation de caillots dans les veines, avec des complications graves possibles, comme la thrombose veineuse profonde et l’embolie pulmonaire, rappelle une étude publiée en 2021 par l’American Society of Hematology.

Le Dr Sonja Stiller décrit la métaphore du « second cœur » comme une révélation pour beaucoup de ses patients dans sa tentative de les pousser à « simplement bouger ».

Lutter contre la gravité
Le cœur envoie facilement le sang vers les jambes, mais il a plus de mal à le faire remonter. Les veines des jambes doivent ramener le sang, chargé de déchets métaboliques, vers les organes vitaux afin qu’il soit filtré par le foie et les reins, rappelle le Dr Stiller.
« Il faut que cela remonte à contre-gravité, et rien ne monte sans aide. La première chose dont nous avons besoin, c’est d’une pompe – et c’est exactement ce que fait le muscle du mollet : il propulse le sang vers le haut », explique-t-elle.
Les deux principaux muscles concernés sont le soléaire et le gastrocnémien. Le soléaire est particulièrement efficace pour maintenir le flux sur la durée. C’est pourquoi activer les mollets est une stratégie importante pour soutenir la santé cardiovasculaire. « Le muscle du mollet aide à maintenir le flux. Quand le flux diminue à cause de la gravité, le sang stagne, et la stagnation est, en elle-même, un facteur de risque de formation de caillots », dit le Dr Stiller. Pour prévenir les problèmes circulatoires, n’importe quel type d’exercice est utile — notamment marcher de courtes distances régulièrement dans la journée.
« Nous sommes faits pour marcher. C’est ainsi que nous sommes censés nous déplacer », insiste le Dr Stiller.
Cependant, une fois que des problèmes surviennent, il faut s’adapter à la situation de chacun : l’objectif souvent recommandé de 10.000 pas par jour n’est pas accessible à tout le monde, mais la moitié de ce chiffre peut déjà apporter de vrais bénéfices aux personnes fragilisées, dit-elle.
Qui est le plus à risque ?
Sont particulièrement exposées les personnes âgées — en partie parce qu’elles bougent moins, mais aussi parce que le travail contre la gravité finit par peser avec le temps. Les femmes enceintes et toute personne ayant des difficultés à se déplacer, par exemple les convalescents après une opération, sont aussi à risque. Une vie sédentaire, avec de longues périodes assises, affaiblira inévitablement la pompe du mollet au fil du temps, et l’obésité est également un facteur de risque pour la santé veineuse en raison de l’inflammation accrue qu’elle entraîne dans les jambes.
Si certains experts évoquent une forte prédisposition héréditaire aux caillots, le Dr Stiller évoque plutôt une « hérédité sociale », puisque les enfants adoptent souvent le mode de vie de leurs parents. « On n’a jamais identifié de gène, ni de groupe de gènes, qui augmente le risque de caillots », affirme-t-elle.
Signes et symptômes
Parmi les signes les plus fréquents d’un problème veineux figurent la sensation de lourdeur et la fatigue des jambes en fin de journée. Si beaucoup attribuent cela à l’activité quotidienne, cela peut en réalité être dû à une accumulation d’acide lactique lorsque le sang n’est pas correctement évacué des membres inférieurs.
Les bas de contention médicaux peuvent grandement aider les personnes atteintes de varices ; mais, en prévention, l’un des exercices les plus efficaces reste les élévations (montées) sur la pointe des pieds, recommande le Dr Stiller.
« Si je me tiens dans une file et que je fais des montées sur la pointe des pieds, les gens me demandent si je m’apprête à courir, parce qu’ils pensent que ce n’est qu’un étirement. Je souris et je réponds : ‘Non, je prends soin de mon cœur.’ Et si tout le monde faisait cela, cela ferait une énorme différence pour la santé veineuse », raconte-t-elle. Alors que l’on nous rappelle souvent de protéger notre cœur, l’importance de prendre soin des mollets reste trop peu évoquée dans les messages de santé publique. Or la force des jambes est liée à une meilleure santé cognitive, à l’équilibre, et à d’autres bénéfices.
Un problème fréquent avec l’âge
Les troubles du retour veineux deviennent courants en vieillissant : selon certaines études, 30 % à 55 % des personnes de plus de 50 ans sont concernées — y compris le président américain Donald Trump, récemment diagnostiqué d’insuffisance veineuse chronique. Dans cette affection, les veines des jambes n’arrivent plus à ramener correctement le sang vers le cœur, entraînant stagnation dans les membres inférieurs, œdèmes, douleurs, crampes, modifications de la couleur de la peau, varices et, dans les cas les plus graves, ulcères de jambe.
Peu et fréquent plutôt que beaucoup et ponctuel
Erik Peper, chercheur spécialiste du biofeedback et de la santé holistique et auteur de l’article Reactivate Your Second Heart (2021), insiste sur l’importance de mouvements fréquents pour garder les mollets — et l’ensemble du corps — en bonne santé.
« Si on fait beaucoup de micropratiques au cours de la journée, même de très courtes séquences, c’est globalement plus bénéfique pour la santé que d’aller une heure à la salle en fin de journée », confie Erik Peper à Epoch Times.
« Nous pensons tous qu’il faut faire de l’exercice, mais il est bien mieux de se lever toutes les demi-heures pour effectuer quelques mouvements. Quand nous étions des chasseurs-cueilleurs, nous ne restions pas assis toute la journée ». Son travail renvoie au phénomène parfois appelé la “maladie de la position assise” — terme informel pour décrire les effets délétères d’une position assise prolongée.
Erik Peper cite une méta-analyse de 2019 portant sur plus de 440.000 cas, qui a montré que, pour le risque cardiovasculaire et le risque de diabète, ce n’est pas tant la quantité d’exercice que l’on fait qui compte, mais la durée passée assis sans bouger.
La pandémie de Covid-19 a accentué la tendance, avec le télétravail, les achats en ligne et la livraison, qui encouragent l’immobilité.
Exercices et adaptations simples
Comme le Dr Stiller, Erik Peper recommande les montées sur la pointe des pieds ou quelques sauts sur place pour activer la circulation. Pour les personnes qui préfèrent rester assises par souci de discrétion, il propose des cercles de cheville, des flexions du pied et des étirements des bras vers le haut en sollicitant les mollets.
Pour les employés de bureau, il préconise des réunions en marchant, l’usage de bureaux réglables permettant de travailler debout, et l’installation de programmes gratuits rappelant de se lever toutes les 30 minutes. Selon lui, l’ergonomie seule ne suffit pas : des sièges trop confortables poussent à rester assis plus longtemps.
« Dans notre façon de travailler actuelle, surtout si l’on reste devant un écran toute la journée, il n’y a pas de processus qui nous oblige à nous lever, et on ne réalise pas à quel point on s’épuise avant qu’il ne soit trop tard. Il faut presque chorégraphier le mouvement : en faire un rituel », conclut-il.