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Le bras droit de Volodymyr Zelensky démissionne sur fond de scandale de corruption en Ukraine

Andriy Yermak, fidèle ami du président depuis des années et chef de l’équipe chargée des négociations de Kiev avec la Russie, a vu son domicile perquisitionné par les enquêteurs anticorruption.

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Andriy Yermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne, lors d’une conférence de presse à l’ambassade d’Ukraine, après une rencontre avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio, au département d’État, à Washington, le 4 juin 2025.

Photo: Oliver Contreras/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Le chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, a présenté sa démission vendredi après‑midi, quelques heures après une perquisition menée le matin même à son domicile par les services anticorruption, sur fond de scandale menaçant d’engloutir le pays.
Andriy Yermak, qui dirigeait l’équipe de négociation de Kiev à Washington dans le cadre des pourparlers de paix avec la Russie, avait confirmé vendredi matin que sa propriété était perquisitionnée et indiqué qu’il coopérait pleinement avec les autorités.
Quelques heures plus tard, le président a annoncé que le haut fonctionnaire, qui est son ami de longue date, avait démissionné alors que le scandale politique prenait de l’ampleur et que Kiev subissait une pression croissante des États-Unis pour accepter les termes d’un accord de paix avec la Russie.
Dans un communiqué conjoint, le Bureau national anticorruption d’Ukraine (NABU) et le Parquet spécialisé anticorruption ont indiqué que des perquisitions « autorisées » étaient en cours dans le cadre d’une enquête en cours, sans en préciser la nature.

Des hauts responsables visés par les enquêtes

La révélation d’un vaste scandale de corruption a éclaté plus tôt ce mois‑ci, lorsque les deux agences anticorruption ont dévoilé les contours d’une enquête d’ampleur portant sur un système de pots‑de‑vin présumé de 100 millions de dollars au sein de l’énergéticien public Energoatom, impliquant un ancien partenaire commercial de M. Zelensky et plusieurs hauts responsables.
Andriy Yermak, 54 ans, est un ami proche de Volodymyr Zelensky depuis longtemps, avant même que l’ancien comédien et acteur ne se lance dans la politique. Il l’a aidé à mener à bien sa campagne présidentielle de 2019.
Bien qu’il n’ait pas été officiellement mis en cause dans ce scandale énergétique, des députés de l’opposition et certains élus du parti présidentiel ont rapidement réclamé son limogeage dès l’annonce de la perquisition à son domicile.
La nouvelle de cette dernière perquisition survient alors que le président est soumis à des pressions croissantes pour accepter un accord susceptible d’imposer à l’Ukraine de douloureuses concessions territoriales.
Le parti d’opposition Solidarité européenne a critiqué le rôle de M. Yermak comme négociateur et enjoint Volodymyr Zelensky à engager « un dialogue honnête » avec les autres forces politiques dans un communiqué publié jeudi.
« Le président ne devrait pas se contenter d’un dialogue confortable avec sa propre faction ; il a l’obligation d’expliquer à l’ensemble du Parlement (…) quelles directives et quelles “lignes rouges” ont été fixées pour l’équipe ukrainienne de négociation », y lit‑on.
Cette poussée diplomatique soutenue par Washington intervient alors que Moscou affirme que ses troupes sont sur le point de s’emparer de la ville orientale de Pokrovsk, qui serait sa conquête la plus significative depuis près de deux ans.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu’un plan de paix américain en 28 points, rendu public la semaine dernière, pourrait constituer « une base pour de futurs accords » et a exigé, dans sa déclaration de jeudi, que Kiev retire ses forces des territoires orientaux qu’elle contrôle comme condition d’un cessez‑le‑feu.

La « confiance » du président

Dans un entretien accordé à The Atlantic et publié jeudi, Andriy Yermak est revenu sur la confiance que lui accordait le président comme principal négociateur, confiant que « la pression est énorme ».
« Il m’a confié des négociations qui décideront du sort de notre pays. Et si les gens soutiennent le président, cela devrait répondre à toutes leurs questions », a‑t‑il déclaré.
Andriy Yermak a rencontré Volodymyr Zelensky au début des années 2010, alors que ce dernier, comédien et acteur, accédait à la notoriété en incarnant un président dans une série télévisée à succès, et que M. Yermak s’imposait dans le paysage médiatique ukrainien après avoir fondé sa propre société.
Il est resté dans le premier cercle du chef de l’État depuis la campagne présidentielle et a été fréquemment photographié à ses côtés lors d’apparitions publiques depuis le début de la guerre avec la Russie en 2022.
Cet influent conseiller, jamais élu, a suscité une profonde méfiance dans l’opinion publique, en raison du pouvoir considérable qu’il semble exercer, malgré plusieurs remaniements gouvernementaux qu’il a réussi à traverser.

En première ligne pour les financements

Andriy Yermak – dont le nom est parfois transcrit Yermack – est resté un interlocuteur clé des différentes administrations américaines et a joué un rôle central dans le plaidoyer de l’Ukraine auprès de ses alliés pour obtenir des armes, des financements et des sanctions contre Moscou.
Le scandale de corruption a suscité une vive indignation au sein de la population ukrainienne, d’autant qu’il touche au secteur énergétique, alors que les coupures d’électricité, d’eau et de chauffage sont devenues monnaie courante en raison des frappes russes ciblant les infrastructures.
Avec le départ forcé de M. Yermak, les soupçons de corruption se rapprochent un peu plus de la présidence elle‑même, le principal suspect ayant déjà été identifié comme un ancien partenaire d’affaires de Volodymyr Zelensky, désormais en fuite.
Vladimir Poutine cherche également à miner la légitimité du chef de l’État ukrainien, affirmant qu’il n’est plus un dirigeant légitime puisqu’il a dépassé son mandat de cinq ans, alors même que la loi martiale en vigueur interdit la tenue d’élections en temps de guerre.
Ce scandale énergétique éclate au moment où l’Ukraine tente de convaincre l’Union européenne de sa détermination à lutter contre la corruption, une exigence clairement posée par Bruxelles sur le chemin de l’adhésion.
Les enquêteurs soupçonnent Tymur Mindich, ancien partenaire commercial de Volodymyr Zelensky, d’être l’architecte du montage frauduleux. M. Mindich a quitté le pays et toute procédure pénale à son encontre devrait se dérouler en son absence.
Deux ministres de premier plan ont déjà démissionné après avoir été mis en cause, et un ancien vice‑Premier ministre, Oleksiy Chernyshov, a été inculpé d’enrichissement illicite dans le cadre de l’affaire.